ENTREPRISES
Les Etats ne sont pas les seuls à préparer la conférence sur le climat. Les entreprises françaises, dont certaines sont les sponsors de l’événement, y voient une opportunité pour se faire connaître. Quitte à passer sous silence les positions divergentes de quelques grands groupes.
Le défi climatique est un fait incontestable. Les conclusions du GIEC (Groupement inter national des experts sur le climat) sont formelles. Le Medef appelle de ses voeux un accord.” Bon élève, consensuel, Pierre Gattaz ne cède pas aux sirènes climato-sceptiques qui se manifestent à l’approche de la Cop21. L’organisation patronale entend “prendre toute sa place” dans les négociations sur le climat, qui débutent à Paris à la fin du mois. Mieux que ça : pour le président du Medef, la transition imposée par la lutte contre le dérèglement climatique constitue “une immense opportunité de créer de la croissance et de l’emploi dans les filières d’excellence”. Et d’ailleurs, “la France et l’Europe sont en avance” dans cette course à la croissance verte que l’adaptation aux enjeux climatiques fait miroiter. Pour le patronat, la France aurait tout à enseigner cette “excellence” aux Etats qu’elle accueillera à Paris. “Le secteur français de l’énergie figure déjà parmi les plus faiblement émetteurs. En matière de production d’électricité, la France présente un niveau très bas d’émissions, grâce nucléaire mais aussi à l’hydraulique”, indique Bruno Lafont, ex-PDG de Lafarge et président du pôle développement durable (DD) du Medef. Pour cet homme d’industrie, un accord de Paris qui limiterait réchauffement à 2 degrés “nécessite des innovations qui permettront aux entreprises de se développer encore davantage”. Dès lors, l’organisation patronale soutient le mécanisme du prix du carbone, un outil économique destiné à intégrer dans les prix du marché les externalités cachées liées au dérèglement climatique. Il y a une quinzaine d’années, lorsque quelques entreprises avaient commencé à parler de développement durable, “c’était thème en marge du business. Aujourd’hui, cela fait partie du business”, ajoute-t-il.
Trop de règles environnementales ? En revanche, le “Monsieur DD” du Medef ne s’épanche pas sur le cas d’Alstom qui, aux Etats- Unis, contribue au financement des candidats républicains climato-sceptiques. “Le financement des campagnes électorales américaines est très spécifique”, botte-t-il en touche. De même, Pierre Gattaz évacue prestement une question posée par un journaliste à propos de l’exploitation du gaz de schiste, qui contribuerait à un accroissement des émissions de CO2, et auquel le Medef est favorable. “Il faut mettre toutes les solutions sur la table”, souligne-t-il calmement. A propos du cas Volkswagen, Pierre Gattaz se montre tout aussi placide : “Il faut des systèmes de mesure cohérents, ce que réclament d’ailleurs les constructeurs français.” Aff able , le patron des patrons ne s’emporte vraiment que lorsqu’on lui demande s’il souscrit à l’affirmation suivante : “il y a trop de règles environnementales en France”. “Si vous me posez la question, c’est que vous connaissez la réponse !”, lâche-t-il, prof itant de l’occasion pour dire tout le mal qu’il pense de la régulation dans l’Hexagone. “En France, on a toujours l’impression que faire complexe, c’est bien. On est très forts pour durcir les règles, quitte à asphyxier tout un secteur”, poursuit-il. Dès lors, pour lui, si la Cop21 se traduit “par l’augmentation d’une taxe seulement pour la France, alors ça sera la fin des haricots”. Si certains en doutaient, qu’ils soient rassurés : le Medef continue de défendre ses fondamentaux.
En bref
5E ÉDITION TEDXDUNKERQUE LE 21 NOVEMBRE AU CASINO DE DUNKERQUE
”Des outils et des hommes” à l’honneur
Sur un mode propre au concept TEDx, huit intervenants aux talents divers viendront partager expériences, projets et connaissances sur le thème “Des outils et des hommes”. Le public pourra découvrir ou redécouvrir des outils plus ou moins connus, que l’on croit maîtrisés, mais dont le potentiel reste à développer pour améliorer et enrichir différents aspects dans notre vie quotidienne. Comment un T-shirt peut-il guérir ? Exploitons-nous correctement notre cerveau ? La pédagogie ne doit-elle être que coercitive ? Où se trouve le vrai pouvoir d’action du consommateur ? Avec Françoise Raverdy, une self-made woman du Nord qui a à cTmur de développer sa propre bienveillance, Bastien Beaufort, fondateur du mouvement Disco Soupe, les auteurs du best-seller Apprendre autrement avec la pédagogie positive, Damien Biro, calaisien et concepteur de voitures sportives électriques, Nathanael Molle, le fondateur d’un programme d’insertion des réfugiés… Chacun des intervenants apportera les réponses à ces différentes questions et apportera une vision nouvelle de ces outils. Les interventions seront ponctuées de performances artistiques et d’un entracte convivial et gourmand permettant au public de rencontrer les intervenants.
Stéphanie ABJEAN