"Entreprendre pour apprendre" éveille les jeunes à l’esprit d’entreprendre
Depuis presque dix ans, l’association "Entreprendre pour apprendre" (EPA Nord-Pas-de-Calais) œuvre quotidiennement pour insuffler aux jeunes l’envie d’entreprendre. En impliquant les professeurs – sans conteste, les maillons forts de cette initiative –, elle immerge les écoliers dans un processus de création. Un premier pas qui laisse à coup sûr des traces dans le parcours éducatif, tant au niveau des élèves que de leurs enseignants.
On les distingue sur le salon par leur dynamisme et leur sac à dos sur les épaules. Un look en décalage avec les autres visiteurs du salon Créer ? Certainement, mais ils sont partie prenante de l’événement régional puisque, depuis la création du salon, des centaines de jeunes planchent, durant trois jours, sur un projet de création d’entreprise. Baptisé le “Camp de l’innovation” depuis deux ans (autrefois appelé «Challenge 30 heures pour créer»), l’événement organisé par EPA Nord-Pas-de-Calais permet à des centaines de jeunes de plancher sur un projet de création ou, plutôt, sur LEUR projet de mini-entreprise qu’ils vont peaufiner durant l’année scolaire. «60 mini-entreprises de toute la région sont venues chercher une idée de création sur le salon. C’est une autre façon d’enseigner le programme. Parfois des élèves ne se retrouvent pas dans l’enseignement traditionnel, mais ils se raccrochent en calculant les bilans de la mini-entreprise ! C’est ça aussi les mathématiques et c’est toute la magie de l’enseignant de redonner du sens», explique Dominique Dalle, directrice d’EPA Nord-Pas-de-Calais. De la recherche de l’idée à l’imagination du produit ou du service, en passant par la création des statuts mais aussi par la commercialisation, plusieurs centaines de jeunes de la région vont s’impliquer dans un projet qu’ils auront imaginé de A à Z avec leur professeur. «Nous allons travailler avec 180 établissements cette année, soit 150 professeurs qui ont été sensibilisés par le Rectorat. L’académie de Lille est la seule en France à disposer de chargés de mission entrepreneuriat. Notre passage laisse des marques dans la pédagogie du professeur, qui doit travailler par méthode projet», poursuit-elle. Mais bien entendu, et c’est là qu’EPA trouve sa grande force, le corps professoral n’est certainement pas laissé à l’abandon. «EPA accompagne le projet entrepreneurial. Car cela bouleverse les habitudes ! L’enseignant devient accompagnateur de projet et il a besoin d’une méthode. Mais aussi d’entrer dans l’univers du chef d’entreprise qui, parfois, lui semble éloigné de ses réalités.» Et Dominique Dalle de lancer un appel : «Nous avons besoin d’entrepreneurs sur le territoire régional. Cela ne prend que dix heures sur l’année scolaire, pour venir rencontrer les jeunes, raconter leur parcours, leurs problématiques, leur expérience… Il y a forcément une mini-entreprise près de chez eux !»
Salon des mini-entreprises. Point d’orgue pour les élèves : le Salon des mini-entreprises (le 24 mai 2016 au sein du Festival de l’initiative) où, autour de 160 stands, ils présenteront leurs projets, avec bien des réussites. La mini-entreprise prend généralement fin avec l’année scolaire, le but n’étant pas de leur faire créer une entreprise dans l’immédiat comme le souligne Dominique Dalle : «Ils sont jeunes et ont des études à terminer. S’engager à 15 ou 16 ans sur un projet d’une vie, c’est compliqué, il faut laisser mijoter. Mais on sait néanmoins que les jeunes qui ont créé une mini-entreprise créent trois fois plus plus que les autres. L’important n’est pas de faire du chiffre mais d’éveiller les jeunes à l’esprit d’entreprendre. On peut apprendre l’entrepreneuriat comme on apprend la musique !» Dans les pays nordiques, les jeunes sont rapidement sensibilisés à l’entrepreneuriat, notamment en Norvège et en Suède. «Notre ambition ? Avoir une mini-entreprise par établissement d’ici 2020 (la région compte 800 établissements, nldr), soit un taux de croissance de 30%, ce que nous réalisons déjà depuis la création d’EPA il y a huit ans», poursuit la directrice. Avec la future grande Région, viendront s’ajouter les bons chiffres de la Picardie, pionnière dans le domaine et qui compte 100 mini-entreprises chaque année.
Le Camp de l’innovation
Au travers d’un challenge interclasses destiné aux 14-20 ans, 800 jeunes se sont réunis durant les trois jours pour imaginer ensemble un projet économique ambitieux pour leur territoire. Sur les 21 idées, trois équipes ont reçu, le 14 septembre, le coup de cœur du jury : Autogratis (faire du bénévolat en échange du permis), Express Mariage (organisation d’un mariage rapide) et Fast Fit Food (restauration rapide dans les milieux du fitness). Autogratis a même reçu le coup de cœur de Pingki Houang, directeur général de Showroomprive.com, saluant la «faisabilité» et un «besoin».