Entre réglementations et besoin de logements, LMH doit trouver l'équilibre

Depuis septembre dernier, LMH (Lille Métropole Habitat) a une toute nouvelle présidente en la personne d'Anne Voituriez. Dans un contexte légal et réglementaire contraint, la maire de Loos veut veiller à un équilibre constant au sein de l'office public de HLM pour mieux l'ancrer dans le territoire.

Depuis septembre 2021, Anne Voituriez, maire de Loos, est présidente de LMH.
Depuis septembre 2021, Anne Voituriez, maire de Loos, est présidente de LMH.

Il y a 100 ans, Jean Lebas, Gustave Dron et Gustave Delory créaient LMH, devenu en 2006 une fusion des anciens offices de Lille, Roubaix et Tourcoing. Un siècle après, l'organisme de logement social a toujours la même vocation – mais avec davantage de demandes – : assurer la cohésion sociale grâce à la location, la vente, la construction ou la réhabilitation de logements.

Au total, LMH compte 10 agences dans la métropole lilloise pour un patrimoine d'environ 32 635 logements (sur 49 communes), dont 88% sur les communes de Lille, Roubaix, Tourcoing et Villeneuve-d'Ascq, et 69% dans les quartiers prioritaires de la ville. «Quarante-sept communes de la MEL ne connaissent pas encore LMH. Je veux tendre vers une meilleure répartition des logements», ambitionne Anne Voituriez, par ailleurs vice-présidente au logement et à l'habitat à la MEL.

Mais surtout, elle veut en terminer avec les logements énergivores : «Le patrimoine est relativement ancien, avec des catégories énergivores E, F et G... Cela doit cesser. LMH intervient pour tendre vers une catégorie C, puis B.» La demande émane aussi des locataires, soucieux de moins consommer. Sur les 22,6 M€ de budget dédiés au gros entretien et à l'entretien courant, 2,3 M€ supplémentaires ont été débloqués en 2021 pour faire face aux travaux d'eau, de canalisation, mais aussi de chauffage. Depuis 2018, l'office a d'ailleurs lancé l'isolation de l'ensemble de son parc, qu'il s'agisse des combles individuels, collectifs, des planchers ou des réseaux. Des actions qui auraient permis d'économiser 15 568 allers-retours Bruxelles-New York en avion.

Construire dans un environnement strict

Mais ce qu'Anne Voituriez déplore, ce sont les réglementations alors qu'un besoin de 60 000 logements sur 10 ans a été identifié sur la MEL : «Où construire alors que l'on peut moins construire ? Le PLH 3 (programme local de l'habitat), qui sera voté l'an prochain à la MEL, bâti sur 2022-2028 prévoit entre 4 200 et 4 300 projets de logements. Mais il intervient dans un contexte réglementaire difficile.» En effet, les pouvoirs publics évoquent un objectif de «zéro artificialisation nette», déjà intégré chez bon nombre de collectivités qui luttent contre l'étalement urbain. D'où l'enjeu de repenser les formes urbaines avec des opérations de renouvellement urbain pour reconstruire la ville sur la ville, à l'image des friches industrielles ou la requalification d'îlots dégradés.

«Le programme de renouvellement urbain est absolument nécessaire et je le soutiens, mais il ajoute un facteur de complexité», juge la présidente. Parmi les projets 2022 de LMH, la construction ou la réhabilitation de 2 038 logements neufs d'ici 2026, avec une demande croissante des locataires pour les maisons individuelles, qui ne représentent que 7% du patrimoine du bailleur social.

Le logement senior de plus en plus présent

«Aujourd'hui les résidences autonomie – ex-foyers logements – n'attirent plus. On tend vers une mixité sociale avec des jeunes, des personnes en situation de handicap, des personnes âgées...», explique Anne Voituriez. L'habitat senior représente ainsi 20% du parc LMH et un tiers d'ici 10 ans. Le bailleur expérimente, dans le quartier de la Mouchonnière à Seclin, l'«energiesprong» (ou «saut énergétique»), un concept initié aux Pays-Bas en 2012 et mené par les bailleurs sociaux en France depuis 4 ans.

La méthode s'appuie sur des solutions techniques industrialisées : façades isolantes modélisées en 3D et préfabriquées en usine, modules énergies intégrées et toitures isolantes avec production locale d'énergie renouvelable. Quarante et une maisons vont bénéficier de cette technologie – pour un budget total de 5 M€ – avec un objectif d'absence d'énergie consommée pour les locataires.


LMH en chiffres

760 collaborateurs

176 M€ de chiffre d'affaires

25,5 M€ de trésorerie, 15,7 M€ d'autofinancement

Poids de la dette : 37%

2020 : 265 logements livrés, 609 logements réhabilités