Etude de l'INSEE Hauts-de-France
En pleine crise énergétique, l'industrie régionale doit s'adapter
Sur la première marche du podium des
régions de France les plus consommatrices d'énergie industrielle
avec 20% de la consommation nationale, les industries des
Hauts-de-France, en cette période de crise, souffrent encore plus de
la flambée des prix de l'énergie. L'INSEE Hauts-de-France vient de
publier de nouvelles données récoltées auprès de 9 500
établissements.
À elles seules, elles représentent 85%
de la consommation régionale : l'agroalimentaire, la chimie, la
métallurgie et le verre sont les entreprises du secteur industriel
les plus consommatrices d'énergie. Et dans les Hauts-de-France, il y
a une prédominance de ces fleurons : ArcelorMittal, Arc
International, Saint-Gobain, Pâtisserie Pasquier, Candia, etc...
Plus précisément, la métallurgie
pèse 41% dans la consommation nationale, l'agroalimentaire, 35%,
l'industrie du verre, 20% et la chimie, 9%. Surreprésentés dans les
Hauts-de-France, l'activité de ces quatre secteurs explique ainsi la
première place de la région sur la consommation nationale d'énergie
industrielle, devant la région Grand-Est (17%). La région est la
plus consommatrice d'électricité (31%) devant Auvergne-Rhône-Alpes
et le Grand-Est et se place à la seconde place en ce qui concerne le
gaz (20%), au coude à coude avec le Grand-Est (21%).
Face à la flambée des prix
Au premier semestre 2021/2022, les ménages ont dû faire face à une augmentation du coût du gaz de 22% quand les entreprises (tous secteurs d'activité confondus) ont elles, subi une hausse de... 103% ! «Il y a un an, le prix du mégawatt/heure était de 20€. Aujourd'hui, il a été multiplié par quatre. Les entreprises moins consommatrices ont pu bénéficier du bouclier tarifaire, avec une hausse plus modérée de 37% sur un an. Mais pour les autres, il a fallu s'adapter» explique Benoît Riem, chargé d'études à l'INSEE Hauts-de-France.
Et s'adapter, cela passe par des
augmentations de prix en sortie d'usine pour deux tiers des
entreprises interrogées, une contraction des marges pour un tiers et
une réduction de l'activité pour 7%. En janvier dernier, William
Saurin, a placé l'ensemble des 200 salariés de son usine de
Pouilly-sur-Serre dans l'Aisne en activité
partielle. La
cristallerie d'Arc a mis à l'arrêt 3 à 5 des 9 fours durant
l'hiver et a aussi eu recours au chômage partiel depuis septembre
2022.
Certaines
zones d'emploi sont donc bien plus fortement concernées car l'emploi
y est très concentré : «sur
les 24 zones d'emploi de la région, 10 sont très dépendantes d'un
secteur énergivore comme Dunkerque avec la métallurgie, Saint-Omer
et l'industrie du verre (5 200 salariés, 44% des emplois industriels
de la zone, ndlr), Béthune avec l'agroalimentaire, la chimie à
Compiègne et Creil (5 050 emplois), etc.»
poursuit Benoît Riem.
Une
année 2023 encore compliquée
Au
niveau national, l'INSEE a interrogé début février les
fournisseurs d'électricité et les chiffres ne sont pas vraiment
encourageants : l'augmentation du coût de l'électricité devrait
être de 83% pour les professionnels et de maximum 15% pour les
ménages. «Au premier
semestre 2023, les entreprises payaient deux à quatre fois plus
cher. C'est surtout cette année que nous allons ressentir la hausse
des tarifs et cela fragilise les entreprises les plus consommatrices»
ajoute Catherine Renne, directrice régionale INSEE Hauts-de-France.