En mode revanche...

«Soit je devenais footballeur professionnel, soit je créais des choses innovantes en étant mon propre patron.», assure Jeff Happi MBalla, fondateur de Revnger Sports.
«Soit je devenais footballeur professionnel, soit je créais des choses innovantes en étant mon propre patron.», assure Jeff Happi MBalla, fondateur de Revnger Sports.

À la tête de Revnger Sports, spécialisée dans la vente en ligne de solutions de performance sportive basée sur des bandes de musculation, Jeff Happi MBalla, footballeur semi-professionnel construit pas à pas son rebond après avoir contracté une pubalgie lui fermant définitivement les portes de l’élite du ballon rond. Autodidacte affirmé, baigné par une soif d’apprendre et des capacités entrepreneuriales quasi innées, il est aujourd’hui accompagné dans le cadre du dispositif Garantie jeunes de la Mission locale du Grand Nancy.  

«Si je n’avais pas été blessé, je n’en serais pas là aujourd’hui !» Pas du genre à regarder dans le rétro et à se plaindre, Jeff Happi MBalla aurait pu être footballeur professionnel si une pubalgie ne l’avait touché. Rien qu’à l’évocation de ce syndrome, la plupart des sportifs paniquent. Une succession de microtraumatismes qui trouvent, dans la grande majorité des cas, leur origine dans des séances d’entraînement version hardcore, pas vraiment encadrées. Un surentraînement aux conséquences irrémédiables. «Quand tu es joueur semi-professionnel comme moi, tu travailles à côté et tu n’es pas forcément suivi réellement par un coach.» Vandœuvre, Neuves-Maisons, Many et son dernier club lorrain en date Pagny-sur-Moselle, il y évolue et rêve naturellement de passer le cap supérieur. «J’espérais pouvoir le faire notamment en allant en Écosse mais cela n’a pas été possible du fait de ces problèmes physiques.» Celui qui a fait sport-études au lycée Robert Schumann à Metz et qui s’est formé à la faculté de Droit de Nancy pour anticiper une reconversion d’agent sportif après une carrière de footballeur professionnel qu’il ne verra pas. Sa feuille de match change pour l’originaire de la région parisienne. «Soit je devenais footballeur professionnel, soit je créais des choses innovantes en étant mon propre patron.» Le destin fait que l’option numéro deux s’impose. «Je connais les attentes des sportifs en matière d’entraînement en termes de recherche de vitesse et de puissance explosive. Les risques du surentraînement sont nombreux. Les produits que je développe permettent un entraînement en tout sérénité et une obtention des performances recherchées.» En Asie, Jeff Happi MBalla fait fabriquer ses bandes de musculations pour améliorer la performance sportive. L’entrepreneur en herbe se forme aux techniques du management numérique, s’imprègne de nombreux ouvrages d’entrepreneur. Il vous cite Jeff Bezos, le fondateur et PDG d’Amazon.

Optimisation du temps

«Dans ce type d’ouvrage, j’ai appris énormément sur l’optimisation du temps et sur l’importance de l’analyse aigüe». Le tout jeune professionnel (il n’a pas encore soufflé ses vingt-trois bougies) s’impose cette philosophie entrepreneuriale. L’idée de monter sa propre entreprise s’impose comme une évidence. Revnger Sports ! Le nom sonne comme une revanche. Son entraîneur de Pagny-sur-Moselle l’aiguille vers la Mission locale du Grand Nancy où il est aujourd’hui entré dans le dispositif Garantie jeunes. L’aventure entrepreneuriale peut alors s’accélérer. Les premiers produits sortent. Nom de code : KinecFitt Speed, ces fameuses bandes élastiques pour la préparation physique. Il les fait tester par ses connaissances nombreuses du monde sportif. Football, basket «la préparatrice du Sluc Nancy Basket en fait partie», handball ou encore football américain. «J’ai des contacts aux États-Unis avec un préparateur de cette discipline. Ces mecs-là, ce n’est pas parce qu’ils poussent de la fonte qu’ils sont performants mais c’est parce qu’ils travaillent la résistance.» La machine prend de la vitesse, il échange avec un préparateur physique de Manchester United, rencontre l’ancien champion du monde de football, Lilian Thuram. «C’est grâce à ma mère qui travaille dans une école de marketing à Strasbourg.» Jeff Happi MBalla active les réseaux presque naturellement. À ces bandes élastiques s’additionnent aujourd’hui un pistolet de massage pour la récupération et prochainement une gamme de vêtements sportwear. Le business plan et la stratégie de développement apparaissent bien huilés pour celui qui vend aujourd’hui ses produits en ligne. Objectifs affichés ? «Créer un véritable écosystème de la performance sportive», comme il le définit. «Équiper des clubs et pourquoi pas créer un centre de préparation physique pour les sportifs professionnels et les autres.» Les projets sont là, la revanche de Jeff Happi MBalla est en marche.