En difficulté financière, Atos essaie de rasséréner sur sa dette et les JO

Dans le rouge en 2023, le groupe informatique français Atos, en pleine crise financière, vise désormais "un accord global" pour restructurer son importante dette d'ici juillet, mais assure que son rôle de prestataire des JO...

Après deux reports, le groupe informatique français Atos, en pleine crise financière, dévoile ses résultats annuels et les "prochaines étapes" de son plan de sauvetage © Damien MEYER
Après deux reports, le groupe informatique français Atos, en pleine crise financière, dévoile ses résultats annuels et les "prochaines étapes" de son plan de sauvetage © Damien MEYER

Dans le rouge en 2023, le groupe informatique français Atos, en pleine crise financière, vise désormais "un accord global" pour restructurer son importante dette d'ici juillet, mais assure que son rôle de prestataire des JO de Paris sera tenu sans "aucun souci".

Entré dans une procédure amiable de conciliation avec ses créanciers depuis février, cet ex-fleuron de la tech, qui a échoué ces dernières semaines à boucler la vente de plusieurs activités pour récupérer de l'argent frais, a indiqué mardi disposer de 2,4 milliards d'euros de trésorerie, un montant suffisant pour "couvrir [ses] besoins de liquidités" jusqu'à l'éventuelle obtention de cet accord.

Avant cela, il prévoit de présenter "les paramètres de son cadre de refinancement" au cours de la semaine du 8 avril, alors qu'il a 3,65 milliards d'euros d'emprunts et d'obligations à rembourser ou refinancer d'ici fin 2025.

"En tout état de cause, ce refinancement nécessitera une restructuration de la dette, y compris un abandon de créance significatif par les créanciers, impliquant une dilution massive pour les actionnaires", soulignent dans une note les analystes d'Oddo BHF.

Pilier des JO

Atos a affiché une perte nette de 3,4 milliards d'euros en 2023, en grande partie due à une dépréciation d'actifs (pour 2,6 milliards d'euros), c'est-à-dire une opération destinée à ajuster la valeur de certains actifs dans les comptes de l'entreprise.

Le titre Atos a clôturé mardi en hausse de 0,73% à 1,72 euro, alors qu'il s'échangeait aux alentours de 15 euros fin juillet 2023. La valorisation de l'entreprise, qui exerce aussi des activités stratégiques pour l’État français, s'établit désormais à quelque 192 millions d'euros.

Malgré ces difficultés, il n'y aura "aucun souci sur les Jeux olympiques", a assuré mardi son directeur général Paul Saleh, alors que le groupe est l'un des piliers technologiques de l'événement. 

Très scruté sur ce dossier, Atos doit notamment assurer la gestion des plus de 300.000 accrédités et la diffusion instantanée des résultats, ou encore fournir ses services en matière de cybersécurité.

"Nous avons évidemment une vigilance particulière qui se matérialise par des audits qui ont été faits sur les systèmes d'Atos qui contribuent aux Jeux", a déclaré à l'AFP Vincent Strubel, directeur général de l'Agence française de sécurité informatique (Anssi). 

"Pas d'inquiétude" à ce stade, abonde-t-il. 

Désaccords

Quid toutefois du plan de sauvetage lancé en 2022 par l'ancienne direction comprenant sa scission en deux entités, avec Tech Foundations, qui regroupe les activités historiques d'infogérance, et Eviden, qui comprend notamment les activités "big data" et sécurité (BDS), la pépite du groupe?

Après le retrait d'Airbus des discussions pour l'acquisition de BDS la semaine passée, quelques semaines seulement après celui des négociations avec le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky pour la vente de Tech Foundations, "Atos continuera de gérer Tech Foundations et Eviden comme deux activités séparées, tirant parti des forces de leurs offres respectives, avec une stratégie commerciale coordonnée", a affirmé mardi l'entreprise.

De quoi mettre en lumière les désaccords avec David Layani, patron de Onepoint, premier actionnaire d'Atos, qui avait appelé à "mettre fin immédiatement à tout projet de cession", dans un entretien dimanche au Figaro.

"Ce n'est pas au moment où l'on doit se réinventer et repartir qu'il faut vendre ses bijoux de famille", avait plaidé le dirigeant du cabinet qui détient plus de 11% du capital.

"Le plan de Onepoint n'a pas été présenté au conseil d'administration de la société qui, si et quand il le sera, pourra l'analyser et communiquer en temps voulu sur sa position", a redit mardi Atos.

La CFE-CGC, premier syndicat du groupe, avait défendu il y a une semaine le projet de David Layani, "le seul à répondre" aux objectifs de "survie" et de "croissance" de l'entreprise. 

Alors qu'Atos possède des supercalculateurs, notamment utilisés dans la défense et le nucléaire, le ministère français de l’Économie s'est engagé à construire "dans les prochaines semaines une solution nationale de protection des activités stratégiques" du groupe. 

yk-dax/may/LyS

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