En 2021, un bilan économique plutôt positif pour les Hauts-de-France
L'Insee a livré le 21 juin dernier les chiffres 2021 de l'économie régionale. Une année marquée par des signes de reprise encourageants, après une année 2020 marquée par les confinements successifs et autres aléas sanitaires. L’activité économique reprend peu à peu des couleurs dans la région, pour atteindre des résultats dignes d’avant-crise.
C'était après le grand confinement, mais avant la guerre en Ukraine... En 2021, l'économie régionale des Hauts-de-France allait mieux. C'est ce qui ressort des chiffres, présentés le 21 juin à Lille, par l'Insee Hauts-de-France. Pourtant, tout ne se présentait pas sous les meilleurs auspices. Fortement marqués par les événements liés à la crise sanitaire de l’année précédente, les résultats des premiers mois de 2021 sont en deçà des niveaux d’avant-crise (année de référence 2019). En avril 2021, les heures rémunérées, marqueurs du niveau d'activité, sont encore inférieures de 5,6% par rapport au même mois de 2019. Il faudra attendre la levée complète des restrictions fin mai pour voir les premiers signes d’amélioration.
Le mois de juin enregistre ainsi une hausse de 0,7% des heures rémunérées. Un pourcentage qui n’a cessé d’augmenter pour atteindre +2,8% en décembre 2021 et retrouver sa stabilité d’avant-crise. «Il faut savoir qu’au niveau du taux d’heures rémunérées, la région des Hauts-de-France a retrouvé sa stabilité d’avant-crise, trois mois avant la France entière. Nous pouvons expliquer cela par la faible offre hôtelière et de restauration que nous possédons en comparaison à d’autres régions de l’Hexagone», précise Catherine Renne, directrice régionale de l’Insee Hauts-de-France.
Une reprise hétérogène
D'autres secteurs - comme l’agriculture et la construction - ont rapidement pu se remettre au travail et retrouver leurs résultats d’avant-crise. Cette année-là, la récolte de maïs a été exceptionnelle, les cours en hausse ont atteint des niveaux record et le prix du lait était en croissance. Côté construction, la mise en vente de logements neufs était en hausse, les prix de vente ont également augmenté de +6,4% pour une maison neuve et +5,9% du mètre carré pour un appartement neuf ; les autorisations de construction s’amoncelaient.
Cette embellie n'a pas été homogène dans tous les secteurs de l'économie. Nous l'avons dit, la reprise a été plus lente dans le secteur du tourisme par exemple, mais aussi dans les transports. Pour exemple, même si en 2021, la vente de véhicules neufs a augmenté de 2,3%, cette légère augmentation ne comble pas la perte de 31% accusée en 2020. Même constat pour le trafic aérien : +63% d’augmentation entre 2020 et 2021, mais des vols qui demeurent deux fois moins importants qu’avant la crise. «Les avions étaient cloués au sol en 2020, c’est pour cela que la reprise affiche une hausse de 63%, mais il n'en demeure pas moins que le nombre de vols est largement en dessous des niveaux d’avant-crise», complète Noémie Cavan, cheffe de projet à l’Insee Hauts-de-France.
Nouveau record pour la création d’entreprise
Grâce à la reprise d’activité des différents secteurs, l’emploi salarié rebondit également. Au deuxième trimestre 2021 déjà, il retrouve son niveau d’avant-crise. Fin 2021, 2 073 300 emplois sont recensés, soit une hausse de 2,4% par rapport à l’année précédente. Dans le Nord, on observe ainsi la création de 24 800 postes ; dans le Pas-de-Calais, ce sont près de 11 300 salariés qui ont été embauchés ; dans la Somme, 4 500 ; dans l’Aisne, 1 900 ; et dans l’Oise, 5 500. «Cette dynamique d’emploi est en cohérence avec le recul du dispositif d’aide à l’activité partielle qui a été instauré par l’Etat. A l’été, le nombre de salariés qui en bénéficiait était moindre», appuie Noémie Cavan.
L’intérim connaît également un rebond de 7%. Ces chiffres en augmentation sont une bonne nouvelle côté emploi puisque le taux de chômage marque de fait une baisse de 0,6% sur un an et atteint les 8,9% de la population active. Par département, le taux de chômage est plus élevé dans l’Aisne que dans les autres zones des Hauts-de-France. Aisne : 10,18%, Nord : 9,4%, Somme : 8,5%, Pas-de-Calais : 8,3% et Oise : 7,4%.
Chiffre plus étonnant, la création d’entreprise a atteint un niveau record en 2021. «Créer une entreprise, c’est d’abord créer son propre emploi. C’est peut-être cela qui a pesé dans la balance suite à la crise sanitaire», commente Catherine Renne. Ainsi, 67 400 entreprises ont été créées, une hausse de 19% sur un an. «Dans cette hausse, 25% des créations sont des micro-entreprises», précise Noémie Cavan. Les créations augmentent dans tous les secteurs : les services aux particuliers, l’industrie et les services aux entreprises.
Autre chiffre qui interpelle, le taux d’entreprises défaillantes est en baisse de 17,5% par rapport à 2020, avec «seulement» 2 000 défaillances d’entreprises. «Les aides octroyées par le Gouvernement faussent un peu ce résultat. S’il n’y avait pas eu les aides Covid, peut-être qu’il y aurait eu plus de défaillances», soulève Catherine Renne.
2022 s’annonce en demi-teinte
Le tourisme est l’un des secteurs qui souffre le plus longuement de la crise sanitaire. Pour l’hôtellerie par exemple, en 2021, les hôtels ont réalisé 6,3 millions de nuitées, soit -32% par rapport à 2019. Pour les campings, c’est 2 millions de nuitées et un pourcentage en baisse de -20%. «La fréquentation touristique est forcément meilleure qu’en 2020 où les voyages n’étaient même plus envisageables. Mais par rapport aux chiffres références d’avant-crise de 2019, le secteur n’a pas encore sorti la tête de l’eau. En 2021, le bilan est que la situation touristique s’améliore, mais les clients étrangers manquent à l’appel», confirme la directrice régionale de l’Insee Hauts-de-France.
Pour 2022, la conjoncture régionale de l’Insee n’a pas encore été réalisée, et aucune prévision ne peut être donnée avant juillet. Cependant, on observe que le PIB national est en baisse et que l’inflation a considérablement augmenté, passant de 2,8% en avril 2021 à 5,2% en mai 2022. Et au premier trimestre 2022, l’intérim stagne dans tous les secteurs de la région Hauts-de-France. «Ce que nous pouvons dire, c’est que nous sommes de nouveau dans un climat incertain. La guerre en Ukraine et la stratégie zéro Covid de la Chine changent la donne . Il est difficile de dire aujourd’hui si les chiffres vont se maintenir ou s’ils vont être en baisse ; 2022 peut sonner comme un nouveau choc, car l’activité continue mais maintenant nous dépendons des autres», conclut Catherine Renne.