Emploi des cadres : d’un passé imparfait vers un futur simple ?

Rassemblant près d’un actif sur cinq en France, les cadres constituent une catégorie particulière sur le marché de l’emploi. Après un sursaut des recrutements en 2014, l’Association pour l’emploi des cadres (Apec) anticipe un meilleur avenir.

 L’emploi a essentiellement bénéficié aux cadres affichant plusieurs années d’expérience.
L’emploi a essentiellement bénéficié aux cadres affichant plusieurs années d’expérience.
 L’emploi a essentiellement bénéficié aux cadres affichant plusieurs années d’expérience.

L’emploi a essentiellement bénéficié aux cadres affichant plusieurs années d’expérience.

Avec 169 600 cadres recrutés, 2014 a été meilleure pour l’emploi que 2013. Une hausse de 4%, soit la fourchette haute des prévisions, selon les données de l’Apec publiées le 12 février. Et ces chiffres sont à mettre en perspective avec les données de 2012 (180 900 embauches) et celles de l’année de tous les records, 2007 (208 200 recrutements). Pour l’Apec, il s’agit d’un rattrapage partiel en 2013, qui s’est poursuivi en 2014.

2014, une année imparfaite. Mais ce rattrapage de l’emploi n’a pas bénéficié à toutes les catégories de cadres. Il a davantage profité à ceux affichant entre un et dix ans d’expérience (54% des recrutements). Très vite opérationnels, ces derniers ont en effet la préférence des recruteurs depuis la crise de 2008. Au détriment des jeunes diplômés débutants : 35 200 ont signé un contrat d’embauche en 2014, soit une baisse de 5%.

Certains secteurs ont pu tirer leur épingle du jeu, comme l’informatique et les télécoms dont les recrutements ont progressé de 9% l’an dernier, atteignant presque le palier de 2012 (34 400 embauches en 2014 contre 36 870 en 2012).

D’autres domaines ont connu une augmentation équivalente comme l’industrie (5%) ainsi que les services (6%) ; d’autres, une hausse spectaculaire supérieure à 14% : la finance, l’administration et l’exploitation tertiaire. Mais la construction et le commerce ont quant à eux reculé, respectivement de 4% et de 8%. A l’image de ces différents secteurs, les cadres n’ont pas tiré les mêmes avantages suivant leur situation géographique.

L’Ile-de-France, Rhône-Alpes, les Pays de la Loire, le Nord-Pas-de-Calais, la Franche-Comté, le Limousin et l’Aquitaine ont particulièrement décollé en 2014 avec des hausses d’embauches, tandis que la région PACA a souffert d’une nette régression de ses recrutements, de 16%. Mais après une année difficile, cette dernière région devrait rebondir en 2015, selon les prévisions de l’Apec, tout comme Midi-Pyrénées.

2015, vers le rebond ? Selon Jean- Marie Marx, directeur général de l’Apec, sur 11 000 entreprises interrogées en octobre et novembre 2014, le nombre d’embauches de cadres en 2015 devrait s’élever à 174 000. De plus, en cas d’amélioration de la conjoncture, les entreprises pourraient embaucher jusqu’à 180 000 cadres. Un chiffre approchant des prévisions les plus optimistes (186 000 recrutements).

Des prévisions encore à confirmer toutefois, étant donné l’hétérogénéité du marché au niveau sectoriel et l’incertitude touchant les sociétés. Leur moral, mesuré par leurs intentions concernant leurs effectifs de cadres, n’a jamais été aussi mitigé : 87% des intentions sont orientées sur une stabilité des effectifs (+1 point par rapport à 2014).

Pourtant, d’après le modèle économétrique bâti par l’Apec, le nombre de recrutements de cadres continuerait à grimper en 2016 et 2017 sous l’effet d’une croissance modérée. Ce scénario mise, pour les trois années à venir, sur une progression du produit intérieur brut entre 0,8% en 2015, 1,3% en 2016, et 1,5% en 2017. L’Association s’appuie sur les analyses de l’OCDE, du FMI et d’Eurostat qui estiment que tous les ingrédients sont réunis (contre-choc pétrolier, dépréciation de l’euro, politique monétaire audacieuse de la BCE) pour l’arrivée d’une embellie économique. Selon ce scénario, le marché de l’emploi des cadres reviendrait, en 2017, au niveau pré-crise de 2008, autour de 200 000 cadres recrutés.

Déjà, les premiers signaux pour 2015 sont positifs. En effet, l’indice mensuel de janvier recensant les offres d’emploi de cadres sur Internet a grimpé de 45 points sur un an et, pour la première fois depuis 18 mois, l’ensemble des fonctions est concerné. Ainsi, 65 000 nouvelles offres ont été enregistrées en janvier, soit 6% de plus qu’au premier mois de l’année dernière. Mais, comme pour 2014, ces avancées ne bénéficieront pas équitablement à tous les cadres.

Les futurs gagnants de 2015. Ainsi, au niveau des profils, 2015 devrait avantager les cadres de un à dix ans d’expérience, qui constitueraient plus de la moitié des embauches.

De 33 500 à 39 100 jeunes cadres avec moins d’un an d’expérience devraient être engagés, tandis que seul un recrutement sur dix concernerait les profils en ayant plus de quinze.

Les intentions de recrutements de seniors (ayant plus de vingt années d’expérience) resteraient faibles (soit 5% du total).

“Au niveau sectoriel, le marché de l’emploi des cadres hexagonal devrait être à plusieurs vitesses”, précise le directeur général de l’Apec. Un rattrapage sera observable dans les services, qui concentrent 70% du total des embauches de cadres. Une hausse des engagements est ainsi annoncée dans les activités informatiques, juridiques et comptables, la banque-assurance, ou encore l’ingénierie-R&D. Dans l’industrie, les recrutements augmenteraient dans la mécanique, la métallurgie, les équipements électriques et électroniques, et enfin l’automobile-aéronautique. En revanche, la construction, encore une fois, devra affronter une année difficile avec un net recul des recrutements. Tandis que les embauches de cadres dans le commerce devraient se stabiliser.

En 2015, globalement, l’Apec reste plutôt optimiste pour l’ensemble de cette catégorie spécifique d’actifs. Reste à savoir si son scénario se concrétisera dans la réalité.