De la fourche à l'assiette - Episode 5

Embrin : du linge de table et de maison en lin de Normandie

Forts de leurs racines agricoles, Alexis et Camille Ménager ont créé Embrin en 2016, avec le souci de relocaliser la transformation du lin, fierté de l’agriculture normande.

Alexis Ménager a créé Embrin avec son épouse Camille, en 2016. (© Aletheia Press, B.Delabre)
Alexis Ménager a créé Embrin avec son épouse Camille, en 2016. (© Aletheia Press, B.Delabre)

Quand on évoque les arts de la table, on ne peut évidemment pas oublier le linge de table. Ça tombe bien, c’est l’une des spécialités d’Embrin, basée à Ambrumesnil. L’entreprise est née dans l’esprit de Camille et Alexis Ménager, qui, en tant qu’enfants d’agriculteurs, apprécient le linge de lit en lin lavé, mais étaient frustrés de la faible qualité des produits proposés par les manufactures de l’autre bout du monde. « Il nous est apparu hallucinant d’être dans le berceau mondial du lin textile et de ne pas avoir de textiles en lin qui y soient produits », se souvient Alexis.

Du lin normand transformé en Europe

Alors le couple se lance en s’appuyant sur la coopérative linière voisine : Terre de Lin. Objectif : créer une filière, qui permette de garantir que le lin utilisé pour la confection du linge d’Embrin, soit bien originaire de Normandie et teillé par Terre de Lin. Pas si simple, car le teillage, le filage et le tissage, sont alors presque exclusivement réalisés en Asie. « Il aura fallu 2 ans de travail avec la coopérative pour arriver à créer cette filière », poursuit le co-gérant d’Embrin, qui raisonne cette filière à l’échelle européenne. En 2016, enfin, le couple lance son entreprise, en s’appuyant sur des sous-traitants pour la confection. « Mais en 2020, avec le Covid, nous avons souhaité gagner en indépendance et on a acheté les machines… » explique encore Alexis Ménager.

Aujourd’hui, même si Embrin conserve quelques confectionneurs partenaires pour gérer les pics de production, 3 machines à coudre fonctionnent chaque jour pour livrer, en moyenne, une vingtaine de colis par jour. Et l’entreprise emploie 6 personnes à plein temps (fondateurs compris). Serviettes et nappes, mais aussi rideaux, draps, coussins, édredons, linge de bain, sortent de l’atelier. « Nous faisons du sur-mesure et nous le faisons dans des délais très courts », appuie Alexis Ménager, qui assure des livraisons sous 48 h.

Chambres d’hôtes et brasseries parisiennes

80 % de la production est vendue via le site internet, auquel Embrin a d’emblée été très attentif. « Nous nous faisons accompagner pour le référencement, car si vous n’êtes pas dans les 5 premiers, voire les 3 premiers, vous êtes mort ». Un système qui fonctionne comme le montre les 10 % de la production qui part à l’export, aux quatre coins du monde. Globalement, la clientèle est plutôt constituée de particuliers. Mais 15 % du chiffre d’affaires est tout de même réalisé auprès de professionnels. Parmi eux, de grands noms du luxe comme Hermès, Vuitton ou Ruinart, pour des commandes événementielles… Mais aussi et surtout des professionnels de l’hôtellerie et de la restauration. « Nous travaillons beaucoup avec des chambres d’hôtes », poursuit Alexis Ménager.

La mise en lumière de l’entreprise par des émissions de télé comme Échappée belle ou La Maison France 5 a servi de détonateur. « En restaurants, dans le coin, il y a le Colombier à Offranville, mais nous avons aussi beaucoup de clients sur Paris. Beaucoup sont dans une démarche vertueuse. Une chaîne de brasseries, par exemple, nous a commandé des serviettes pour remplacer les serviettes en papier. » Et surprise, selon Alexis Ménager : en plus du style et de l’écologie, ils y ont gagné financièrement...

Pour Aletheia Press, Benoit Delabre