Edito : Socialement vôtre… mais pas trop
ESS pour Économie sociale et solidaire. Près de 10 % des emplois en France et presque autant de PIB et fer de lance aujourd’hui du Conseil général de Meurthe-et-Moselle. Une alternative à un modèle obsolète où le seul profit et la rentabilité à outrance sont mis au rang des dernières préoccupations. Une «sous-économie» pour certains qui y voient indéniablement un marché, un business comme en son temps l’Environnement et le Développement durable. Reste que le terme «social», quoi que l’on en dise, n’a pas bonne presse dans l’univers entrepreneurial. Que les adeptes de l’économie productive à moindre coût se rassurent, la récente loi sur l’ESS (adoptée fin juillet à l’Assemblée nationale), dont l’ambition première était de poser une véritable alternative au modèle de production capitaliste classique, a bien été édulcorée. Exemple : le droit de préemption au profit des salariés est devenu un seul droit d’information du personnel en cas de cession d’une PME et les différents réseaux coopératifs et mutualistes arboreront toujours le tampon ESS…ce qui ne les empêchera pas de spéculer sur les marchés financiers via leur holding. Donc pas de panique, la révolution n’est pas pour demain mais l’évolution est tout de même palpable. Un petit pan d’idéal est en construction, celle d’une société moins capitaliste. Une société rêvée par Jean Jaurès, dont le centenaire de l’assassinat a été commémoré (récupéré) en grande pompe. Le tribun socialiste espérait l’avènement d’un ordre nouveau «dans lequel la propriété, cessant d’être monopoleuse, cessant d’être particulière et privée, deviendra sociale, afin que tous les producteurs associés participent à la fois à la direction du travail et au fruit du travail.» Une société jugée dangereuse aujourd’hui pour bon nombre…