Échec entrepreneurial : prévenir ou guérir ?

Pour aider les chefs d'entreprises ayant fait faillite à rebondir, il faudrait mobiliser les réseaux d'entrepreneurs ou le mentorat préconise un récent «rapport sur l'échec et le rebond entrepreneurial ».

©TamJam/peopleimages.com
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Les GPA, Groupes de prévention agréés, animés par la CPME, servent à « sensibiliser les dirigeants », à les accompagner dans les difficultés « avant qu'il ne soit trop tard », selon Amir Reza-Tofighi, président de la Confédération des petites et moyennes entreprises. Dans ces groupes, des chefs d'entreprises bénévoles en accompagnent d'autres qui ont besoin de conseils. Principe de fonctionnement comparable, différente temporalité. Le « rapport sur l'échec et le rebond entrepreneurial », d’un groupe de travail piloté par l'administratrice judiciaire, Hélène Bourbouloux, publié en octobre 2024, à la demande d'Olivia Grégoire, alors ministre chargé des Entreprises, du Tourisme et de la Consommation, comporte plusieurs préconisations destinées à améliorer le soutien aux entrepreneurs... après l'échec. 

Selon le rapport, au rang des mesures à prendre, « un soutien institutionnel efficace est essentiel », pour renforcer la résilience des entrepreneurs après un échec et favoriser leur rebond. Ce soutien peut prendre plusieurs formes. Du point de vue opérationnel, il passe par les réseaux de soutien et des programmes de mentorat. Ces derniers « offrent aux entrepreneurs une opportunité précieuse de bénéficier de l'expérience et des conseils de pairs plus expérimentés », explique le rapport qui pointe l'apport « émotionnel » et « pratique » d'un tel dispositif.

Incuber le rebond

Autre voie possible, passer par les réseaux d'entrepreneurs, les incubateurs et les espaces de coworking : autant d'environnements où « les entrepreneurs peuvent partager leurs expériences, apprendre les uns des autres et trouver un soutien mutuel », selon les rapporteurs. Lesquels préconisent d’accroître les ressources et les programmes offerts par ces structures pour soutenir de manière spécifique les entrepreneurs ayant fait face à un échec. Les rapporteurs encouragent aussi la formation de « communautés d'entrepreneurs » dont les membres peuvent échanger des conseils pratiques, partager leurs défis, échecs compris...

Au-delà de la mise en place ou du renforcement de ces dispositifs, le rapport préconise de développer d'autres types d'outils qui permettraient d'encourager un changement de mentalité chez les chefs d'entreprise. « Il est essentiel de promouvoir une mentalité de croissance qui valorise l'apprentissage continu et la résilience », avancent les rapporteurs. À ce titre, des ateliers sur la résilience et la gestion du risque pourraient permettre aux entrepreneurs de développer les compétences nécessaires à rebondir après un revers. Dans le même sens, récompenses attribuées aux entrepreneurs ayant rebondi, mise en valeur médiatique de ces parcours pourraient nourrir cette culture plus anglo-saxonne que française. Celle dans laquelle l'échec ne constitue qu'une étape vers le succès. Comme une sorte de prévention de l'échec, puisque finalement, il n'en est plus un.