“Le président de la CCI Côte d’Opale et le PDG d’Eurotunnel

Après une longue absence due à des problèmes de santé, Dominique Naels, ex-président de la CCI de Dunkerque et candidat malheureux à la présidence de la CCI Côte d’Opale contre Jean-Marc Puissesseau “revient dans le jeu”. Il nous accueille dans les bureaux de l’antenne dunkerquoise et se livre sur les grands sujets qui occupent l’actualité de la Côte d’Opale, libre et sans façon.

Dominique Naels, vice-président de la CCI Côte d’Opale chargé de l’antenne de Dunkerque.
Dominique Naels, vice-président de la CCI Côte d’Opale chargé de l’antenne de Dunkerque.

 

Dominique Naels, vice-président de la CCI Côte d’Opale chargé de l’antenne de Dunkerque.

Dominique Naels, vice-président de la CCI Côte d’Opale chargé de l’antenne de Dunkerque.

La Gazette. Dix-huit mois après la fusion des CCI de Dunkerque, Calais et Boulogne- sur-Mer, vous vous exprimez pour la première fois. Comment allez-vous ? Revenez-vous dans le jeu ?
Dominique Naels. Oui, on peut le dire comme cela mais avec de la retenue. Ma maladie est derrière moi. La médecine m’a guéri. Durant ce moment difficile, je m’étais mis comme objectif de revenir dans le monde économique et j’ai donc repris mon activité consulaire. Je plaide pour que les antennes puissent avoir auprès de leurs ressortissants une certaine image de leur chambre. Il y a des territoires forts comme Dunkerque. Et ils ont besoin de leur chambre.

Pourtant, les CCI ont fusionné. L’identité commune est-elle en marche ?
Pour comprendre cela, il faut d’abord séparer le portuaire – dont on ne connaît pas l’avenir – du consulaire. Parlons d’abord du consulaire où l’on assiste à de grands mouvements, une réorganisation des effectifs et des tâches. Ce n’est jamais facile. Des personnels sont partis au siège à Calais, les personnes attachées aux commissions bougent par souci d’équité : les réunions se déroulent sur l’ensemble du périmètre. Les commissions ont un turn-over sur le territoire. Les ressortissants doivent bouger mais la Côte est grande, ça reste compliqué. La plus grande évolution reste encore le mail, tous les sujets sont dans les boîtes (ordres du jour, documentations, comptes-rendus), avec des niveaux d’information restreints selon la nature et la fonction des personnes. De ce côté là, c’est réussi.

Comment vivez-vous ces transformations ? Comment jugez-vous la fusion des anciennes chambres ?
Il y a sans doute un peu d’amertume, c’est humain. Entre Calais et Boulogne-sur- Mer, c’est du consulaire et du portuaire ; à Dunkerque, c’est un peu différent. Mes retours concernant les ressortissants disent que la vie a changé à la CCI de Dunkerque, il y a un peu de frustration. Il y a moins d’activités à Dunkerque et plus d’activités globalement. Est-ce à regretter ? Le changement, c’était hier, il faut se l’approprier malgré les habitudes. Au niveau consulaire, on doit pouvoir travailler de manière transversale. Sur le commerce par exemple, Guy Delcourt apporte des choses qui étaient présentes à Dunkerque ailleurs sur le territoire. Les clubs de zones, mis en place à Dunkerque, se développent partout. On passe à la vitesse supérieure. à Boulogne-sur- Mer, le secteur de l’agroalimentaire est intéressant à mettre en réseau avec l’économie du froid. C’est un plus en termes d’attractivité.

Concernant l’aspect consulaire, quelle doit être l’articulation entre les CCI territoriales et sa tutrice régionale qui pilote déjà les budgets ?
Il faut conserver l’échelon territorial même si sur certains sujets, la Région doit prendre la main. Prenons garde de ne pas aller vers la régionalisation consulaire complète avant la fin de ce mandat. Le champ international a été travaillé en amont de la réforme consulaire avec quelqu’un qui connaît bien le sujet, Luc Doublet. Il faut aller plus loin sur l’innovation en mettant ensemble des sujets pour les répartir sur les territoires.

Le tourisme apparaît comme la future économie de la Côte d’Opale. A quoi doit-on s’attendre ?
La région a des éléments forts qui arrivent : le Louvre-Lens, c’est la mondialisation sur nos territoires. C’est un des fleurons de notre patrimoine national. C’est pourquoi il faut de vraies collaborations entre les commissions et le Conseil régional. Nous avons sur la Côte d’autres bijoux comme les deux caps et le Montreuillois qui nous amènent de la richesse. La Côte n’en est qu’à ses débuts. Globalement, les offices de tourisme font leur boulot. Avant la fusion, la CCI de Dunkerque était au conseil d’administration de l’office de tourisme. C’est ainsi qu’on est influent sur un territoire.

La concurrence des territoires demeure pourtant…
C’est vrai que c’est compliqué. Mais la Côte d’Opale a ses spécificités sans pour autant être capable de vivre en autonomie. Elle a besoin de son hinterland. A Dunkerque, la réforme portuaire a fini par porter ses fruits. La façade maritime recèle de nombreux atouts : la zone de la Turquerie à Calais permettra d’avoir cette maintenance logistique pourvoyeuse d’emplois. A cet égard, il doit y avoir un lien fort entre Calais et Dunkerque.

Ce lien passe par le rail et par la future électrification ?
Oui, le rail, la mer et les autoroutes. Evidemment, le rail reste le moins polluant et il faut l’encourager. Mais on a besoin aussi d’un réseau autoroutier performant. Tout est lié. Là comme ailleurs, il faut savoir rester pragmatique.

On en arrive fatalement au secteur portuaire. L’appel à candidatures lancé par le Conseil régional a, à ce jour, reçu deux réponses : la CCI Côte d’Opale, actuel gestionnaire, fait équipe avec la CCI régionale et la Caisse des dépôts et consignations ; de l’autre côté, une autre candidature avec Eurotunnel qui s’allie les services de la BNP et ne rechignerait certainement pas à s’adjoindre d’autres partenaires. Que faut-il penser de tout cela ?
D’abord, posons-nous cette question : est-il bien raisonnable d’avoir des ports régionaux et un port national sur un périmètre aussi petit ? La proposition de regrouper les trois ports sous la tutelle du Conseil régional avait été faite à l’ancien ministre des Transports, Dominique Bussereau. Elle doit continuer à être défendue. Je pense que dans ce cadre, il faudra chercher les passerelles vers une grande concession portuaire régionale. Je rappelle que dans le cadre de la future concession, les choses ne sont pas fermées. Des partenaires se sont positionnés mais ce n’est pas fini. Le port de Dunkerque peut être un partenaire. Je suis favorable à ce qu’il prenne une participation dans ce dossier. Soyons audacieux, il n’y a de concurrence qu’extraterritoriale dans le secteur portuaire. L’unité de façade maritime de la Côte doit servir. Ce serait une grande chose et j’y mets tout mon espoir. Le président de la CCI Côte d’Opale et le PDG d’Eurotunnel doivent se parler.

Le portuaire, c’est aussi Calais port 2015…
J’ai toujours été favorable à ce magnifique projet. C’est l’avenir de Calais. Mais c’est un projet d’avant-crise et il faut peut-être le revoir dans une dimension plus appropriée au moment où on va le faire. L’un des grands enjeux, c’est le fret. Il faut dynamiser ce projet avec les autres ports : créer une criée internationale à Boulogne-sur- Mer avec de grandes filières de savoir-faire sur place. Calais port 2015 doit servir de cohérence pour la façade maritime. Enfin, il faut être plus commercial pour vendre notre territoire. Un bateau de minerai est déchargé et nettoyé en 24 heures à Dunkerque. C’est unique au monde.

Quel est votre avenir immédiat ?
C’est toujours le domaine économique mais dans une autre perspective. Je suis encore un peu jeune, j’ai la possibilité d’apporter des choses intéressantes à mon territoire. Je vais continuer de faire vivre l’antenne territoriale dunkerquoise parce que les ressortissants en ont besoin. Ils aiment rencontrer les élus et pas que des techniciens : je reste un président de terrain.