Dunkerque : le SPPPI se penche sur un projet d’implantation d'usine de chaux bas carbone
Le sidérurgiste ArcelorMittal, associé au groupe anglais Sigmaroc, va implanter une usine de chaux bas carbone à Gravelines, sur un terrain du port de Dunkerque. Réuni le 1er octobre dernier, le Syndicat Permanent pour la Prévention des Pollutions Industrielles (SPPPI) s’est penché sur ses impacts pour le territoire.
Engagé dans la décarbonation de son process de fabrication de l’acier, ArcelorMittal veut aller plus encore en s’attaquant à la décarbonation de ses matières premières. La chaux, indispensable pour permettre la transformation de la fonte en acier, en fait partie. L’aciérie en consomme 280 tonnes par an. Auxquels viennent s’ajouter 25 tonnes sur la chaîne d’agglomération. Associé au groupe anglais spécialiste des matériaux de carrière Sigmaroc, ArcelorMittal va créer une co-entreprise «AMeli Line Green Solutions» sur un terrain de 13 hectares du quai à pondéreux ouest du port de Dunkerque situé à Gravelines. Celle-ci ambitionne de produire à l’horizon 2028/2029 800 000 tonnes de chaux vive bas carbone par an pour couvrir les besoins d’ArcelorMittal mais également ceux d’autres sidérurgistes, à partir de chaux venue des Carrières du Boulonnais et des pays nordiques. D’où l’intérêt de construire l’usine en bord à quai.
100 millions d'investissement et 50 emplois
Les deux associés comptent produire de la chaux à impact carbone réduit, dans un premier temps, en utilisant de la biomasse (déchets de bois non valorisable) à hauteur minimale de 50% pour faire fonctionner ses fours. La recherche de partenariat est en cours. A plus longue échéance, l’objectif d’AMeli est de produire de la chaux à empreinte carbone nulle en utilisant comme énergie le CO2 émis par les industriels qui sera capté (un démonstrateur de captage de carbone par absorption chimique est actuellement en fonctionnement chez ArcelorMittal) puis injecté dans le réseau de transport que GRT Gaz va mettre en place sur le territoire Dunkerquois. Celui-ci doit être opérationnel en 2029. Estimé à 100 millions d’euros, le projet sera opérationnel dès 2026 et devrait conduire à l’embauche d’une petite cinquantaine de personnes.
Lors de la réunion du SPPPI, une attention particulière a été portée sur la problématique des poussières, sujet ultra-sensible à Gravelines. Les habitants ont, en effet, longtemps été très gênés par les envols de poussières inhérents aux activités historiques du quai à pondéreux ouest, là même où Ameli doit s’implanter. Linge, appuis de fenêtre, salons de jardin étaient régulièrement couverts d’une fine poussière grise lors d’épisodes venteux nombreux en bord de mer. Lors de la présentation du projet, ArcelorMittal s’est donc engagé à prévenir tout envol de poussières, dès la conception de l’usine. Ainsi, des aspirations seront intégrées sur les convoyeurs et systèmes de manipulations des pierres de chaux et de chaux vive. Lors de périodes sèches, une aspersion d’eau des tas de stockage est également prévue. Les fours seront également équipés de système de filtration ultra-performants. Les membres de SPPPI restent néanmoins très vigilants sur ce point.