Diversidays révèle des talents de demain
Ils sont jeunes, issus des quartiers, femmes ou encore habitant dans des milieux ruraux : quand le numérique booste la diversité et la création de projets, cela donne naissance à une édition lilloise des Diversidays où ces entrepreneurs portent leurs projets, avec à la clé pour certains, un hébergement à Euratechnologies.
Tordre le cou aux idées reçues et favoriser les initiatives en faveur de la diversité. Mounira Hamdi et Anthony Babkine ont créé en 2017 Diversidays, association d’égalité des chances dans le numérique. «Seuls 10% des personnes qui créent dans les techs sont des femmes. Et le chiffre est quasi nul pour la diversité», déplore Anthony Babkine, lors de sa venue à Lille fin avril. Après les régions Ile-de-France, Occitanie et Auvergne-Rhône-Alpes, Diversidays a fait étape à EuraTechnologies, mobilisant ainsi les décideurs du territoire sur les questions d’égalité des chances et de diversité des talents dans le secteur du numérique. Le moins que l’on puisse dire, c’est que la sélection ne s’est pas faite à la légère : un comité de bienveillance, constitué de 18 personnalités du monde économique, associatif et politique, s’est mobilisé pour sélectionner 7 talents sur 90 profils présentés. «Ils ont ensuite reçu une formation de deux semaines, avec une mise en confiance et un travail sur le réseau. Ce sont, le plus souvent, des héros qui s’ignorent !» détaille Anthony Babkine. Pour cette édition lilloise, Diversidays a pu aussi compter sur le soutien de Raouti Chehih, directeur général d’EuraTechnologies : «J’ai toujours abordé la question de la diversité avec prudence, car, ici, nous n’avons pas besoin d’en parler parce que c’est ancré au fond de nous. Notre travail, c’est de transformer l’énergie en talent et de garantir un droit à l’essai.» Et d’annoncer à quatre des sept lauréats qu’ils bénéficieront d’une incubation et d’un accompagnement par l’incubateur (voir encadré). Tout en les mettant en garde : «Ce n’est pas parce qu’on vient à EuraTechnologies que tout est possible. Il faut travailler, travailler et encore travailler.» Chaque année, 1 200 entrepreneurs tentent leur entrée à EuraTechnologies… pour seulement 100 retenus.
Des «diversimakers»
ancrés dans les territoires
D’une histoire personnelle naît la création d’un projet : pour bon nombre de «diversimakers», leur parcours de vie a forgé leur culture entrepreneuriale. Daniella Tchana, docteure en mécanique, matériaux et nanotechnologie, n’en est d’ailleurs pas à sa première création. Après Potago, lancée à Amiens – une application pour commander des produits locaux et sélectionner les recettes à cuisiner –, elle s’attaque à lutter contre les inégalités dans le milieu de l’enseignement supérieur, avec la plateforme BeSMART-edu : «Seuls 20% des jeunes issus de la diversité entrent dans de grandes écoles, notamment parce qu’ils n’ont pas été bien accompagnés. Et il est difficile de trouver de bons professeurs dans les provinces. Je veux donner des opportunités à ceux qui n’en ont pas.» La prépa scientifique en ligne BeSMART-edu va recréer l’ambiance d’une salle de classe classique par le biais d’un tableau blanc collaboratif et d’un cahier numérique. Mouhamad Dimassi, docteur en intelligence artificielle de l’Université de Lille, veut quant à lui rendre l’intelligence artificielle accessible à tous via roubaix.ai, un laboratoire du déploiement de l’intelligence artificielle au service du citoyen. Ou encore Loïc Ouattara, fondateur et directeur de Djoba Cash, qui facilite le transfert d’argent vers la bonne dépense et la bonne personne grâce à des tickets santé, alimentaire, scolaire ou assurance, par le biais d’une application mobile. Si, à la base, tous ces talents n’avaient pas en tête de devenir entrepreneurs, ils en ont aujourd’hui toute l’étoffe et espèrent bien pérenniser leur structure, avec, à terme, la création d’emplois.
Les sept talents mis à l’honneur :
- Daniella Tchana, fondatrice de BeSMART-edu : une prépa scientifique en ligne pour préparer les jeunes de banlieue et des quartiers à l’entrée dans des grandes écoles (sera incubée à EuraTechnologies)
- Gérard Labbe, Le Mouton à 5 pattes : accompagner les personnes Asperger et/ou autistes de haut niveau vers les entreprises du numérique
- Loïc Ouattara, fondateur et directeur de Djoba Cash : alternative aux transferts d’argent traditionnel, grâce à des tickets santé, alimentaire, scolaire ou assurance (sera incubé à EuraTechnologies)
- Delphine Barthe, fondatrice de Stirrup et Smart Alert : plateforme qui permet aux personnes sans abri d’avoir accès à un logement tremplin pour une période de six mois d’accompagnement grâce à un prêt gratuit de logement vacant
- Mouhamad Dimassi, Foqus et roubaix.ai : laboratoire de déploiement de l’intelligence artificielle au service du citoyen
- Alexia Charbonnier, fondatrice d’Actizzy : plateforme de réservation d’activités de loisirs dans la région, avec pour mission la restauration du patrimoine (sera incubée à EuraTechnologies)
- Djidawi Djohar, Up by Djidawi : service d’accompagnement individuel et collectif dans le développement personnel (sera incubé à EuraTechnologies)