Disparition de Delphine Jubillar: vers un procès aux assises du mari
La disparition de Delphine Jubillar, infirmière et mère de deux enfants, dans le Tarn fin 2020 avait suscité un grand émoi et le parquet de Toulouse vient de requérir le renvoi de son mari Cédric...
La disparition de Delphine Jubillar, infirmière et mère de deux enfants, dans le Tarn fin 2020 avait suscité un grand émoi et le parquet de Toulouse vient de requérir le renvoi de son mari Cédric devant une cour d'assises, pour qu'il soit jugé.
Dans le réquisitoire définitif, dont l'AFP s'est procuré une copie, le parquet de Toulouse relève des "charges suffisantes à l'encontre de Cédric Jubillar d'avoir commis le meurtre de son épouse. En conséquence, il sera requis la mise en accusation de Cédric Jubillar devant la cours d'assises du Tarn".
Dans cette affaire sans corps, ni aveux, ni témoin, ni scène de crime, le peintre en bâtiment, aujourd'hui âgé de 36 ans, nie toute responsabilité.
Le couple était en instance de séparation, le mari "espionnait de façon poussée" le téléphone de Delphine Jubillar et "il est établi qu'il n'a pas accepté la décision de divorce prise par son épouse", peut-on lire dans le réquisitoire.
Il venait également de découvrir qu'elle avait un amant, avec lequel cette infirmière d'une clinique d'Albi, alors âgée de 33 ans, envisageait de refaire sa vie.
Démonstration de culpabilité
Avocat de la partie civile, Philippe Pressecq salue "un réquisitoire d'une grande qualité et une démonstration sans aspérité aucune de la culpabilité de Cédric Jubillar".
"Je pense que l'ordonnance de mise en accusation devrait être rendue dans le mois", ajoute-t-il.
A l'inverse, Jean-Baptiste Alary, l'un des trois avocats de Cédric Jubillar, y voit une accusation infondée. "Dans ce dossier, on n'a rien de sérieux, ou de compromettant pour Cédric Jubillar", dénonce-t-il.
Le réquisitoire définitif, "ce n'est une surprise pour personne, le dossier a été mené à charge depuis le premier jour. La justice s'entête", déplore encore l'avocat.
Pour les gendarmes de la section de recherche de Toulouse, Cédric Jubillar a un "comportement suspect" aussitôt après la disparition. Ils découvrent des incohérences dans ses déclarations, en contradiction avec des éléments de l'enquête.
Les enquêteurs s'étonnent que Cédric Jubillar ait signalé la disparition de sa femme 17 minutes seulement après l'heure de réveil qu'il déclare, sans vraiment la chercher, selon le faible nombre de pas enregistré par le podomètre de son téléphone.
Recherches vaines
Le fils aîné du couple, alors âgé de 6 ans, décrit une dispute et une altercation de ses parents, "entre le canapé et le sapin de Noël", le soir de la disparition. Des "cris de femme apeurée" sont également entendus par des voisines.
Un détenu de la maison d'arrêt de Seysses, où Cédric Jubillar est détenu depuis sa mise en examen le 18 juin 2021, dit l'avoir entendu dire: "J'ai commis le meurtre parfait, ça fait huit mois que je les balade".
Avant la disparition, il avait dit devant des membres de sa famille: "je vais la tuer, je vais l'enterrer et personne ne la retrouvera... Si Delphine me quitte un jour (...)", toujours selon le réquisitoire définitif, daté du 3 novembre.
Pour retrouver le corps de la disparue, des moyens inédits ont été déployés, en vain, dans un large périmètre autour de Cagnac-les-Mines, ancien village minier. Des plongeurs ont sondé lacs et rivières, des cavités rocheuses ont été explorées, des unités spécialisées de l'armée ont même été mobilisées.
Prochaine étape dans la procédure, une ordonnance de mise en accusation (OMA) devrait être signée par des juges, probablement avant la fin de l'année.
Selon une source judiciaire, le procès pourrait alors se dérouler à Albi fin 2024.
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