Implanté à Grande-Synthe
Dillinger France innove pour attirer la jeune génération
Le fabricant de tôles fortes Dillinger France, installé à Grande-Synthe près de Dunkerque, a embauché ces dernières années plus de 130 personnes, auxquelles s’ajoutent en permanence une quarantaine d’alternants. En 2024, portée par la bonne santé du marché de l’énergie, l’entreprise va encore recruter une cinquantaine de personnes. Avec l’objectif, à terme, de porter son effectif à 550 salariés.
Dillinger France est la seule entreprise de France à fabriquer des tôles fortes en acier d’une épaisseur comprise entre 6 et 180 millimètres. Depuis 1992, elle est une filiale du groupe allemand Dillinger, aciériste basé à la frontière avec le Luxembourg. L’entreprise fabrique chaque année environ 600 000 tonnes de tôles, avec l’acier produit par sa maison-mère, pour le marché de l’export à 90%. «Nous fabriquons trois types de produits répartis en 3 tiers», précise Philippe Nawracala, directeur général délégué.
«Des tôles à hautes caractéristiques mécaniques principalement destinées à la construction des fondations des éoliennes pour les parcs off-shore, des tôles qui serviront à la production de tubes en Europe et même dans le monde pour le marché du pétrole et du gaz et enfin des tôles aux caractéristiques moins techniques pour le marché de la construction métallique ou des travaux publics. Nous avons plusieurs beaux exemples dans ce domaine comme le Pont de Normandie, le Viaduc de Millau ou encore le paquebot Queen Mary 2 qui ont été fabriqués avec nos tôles fortes».
Montée en puissance de l'éolien off-shore
Si l’activité se répartit encore aujourd’hui en parts égales, un tournant est en train de s’amorcer avec l'augmentation constante du marché de l’éolien au détriment des énergies fossiles. «Nous accompagnons le développement de l’éolien off-shore depuis une dizaine d’années. Essentiellement pour les pays nordiques, l’Allemagne et les Pays-Bas qui ont été précurseurs en ce domaine en Europe. Mais la France commence à rattraper son retard. Nos tôles ont, par exemple servi à la fabrication des fondations du champ off-shore de Saint-Nazaire et prochainement elles seront utilisées pour celui de Courseul-sur-Mer. Evidemment, si le parc éolien off-shore de Dunkerque était confirmé, nous serions heureux de pouvoir être son fournisseur de tôles», commente le directeur général.
La bonne santé de ce marché en pleine expansion, alliée aux importants départs en retraite, ont conduit Dillinger France à embaucher massivement ces dernières années. «Environ 130 personnes en CDI ces dernières années auxquelles s’ajoute, en permanence, une quarantaine d’alternants», calcule Carole Lavallée, responsable RH. «Nous sommes actuellement 537 CDI. L’objectif pour fin 2024 sera d’atteindre 550 personnes, l’effectif idéal pour que l’usine puisse correctement tourner au vu de notre volume d’activité».
Pénurie de candidats
L’entreprise recrute en majorité des profils techniques à bac et bac + 2. Mais comme la très grande majorité des industriels sur le territoire, elle se heurte depuis deux à trois ans à un retournement du marché de l’emploi qui «nous met en position de faiblesse par rapport aux candidats», reconnaît Carole Lavallée. «Toute l’industrie recrute mais les candidats ne sont pas assez nombreux, hélas. Nous subissons toujours les conséquences d’une image dégradée de nos métiers. Clairement, nous ne formons pas assez, faute de candidats dans les filières industrielles. C’est donc à nous de démontrer aux candidats à quel point ils seront des salariés heureux chez nous, avec des salaires attractifs et de belles évolutions de carrière. Pour ce faire, nous misons aussi beaucoup sur la qualité de vie au travail sur laquelle nous avons fait porter nos efforts ces dernières années».
Face à cette situation, Dillinger France a décidé d’innover pour attirer les jeunes générations vers les métiers industriels. Depuis 2022, l’entreprise propose aux classes de troisième et de seconde du territoire de participer à un concours annuel. À la clé, un stage d’une semaine en immersion dans l’entreprise, avec prise en charge des frais de déplacement et du déjeuner. «Le concours consiste à nous faire une présentation, sous forme de film ou de PowerPoint, de l’entreprise grâce à des éléments que nous fournissons mais aussi à des recherches personnelles sur internet», détaille Caroline Schapman, directrice de la communication.
Quant au stage, il est piloté par des salariés sur les installations de l’usine afin que chaque jeune ait une vision réaliste des métiers. Et puisse, pourquoi pas, s’y projeter. «Les retours que nous en avons sont extrêmement positifs, avec certains jeunes qui s’imaginent travailler dans l’industrie alors même qu’ils n’y avaient jamais pensé auparavant», se réjouit Caroline Schapman, qui s’apprête à accueillir, en juin, une nouvelle promotion de jeunes lauréats du concours 2024.