DFDS de retour à Calais, Eurotunnel dans l'expectative

La situation au port de Calais a évolué dernièrement. Les membres de la coopérative Seafrance ont décidé de laisser passer les navires du Danois DFDS qui attend de prendre possession du Rodin et du Berlioz, occupés par les scopiens qui contestent le choix d'Eurotunnel de les vendre à un concurrent. Ce dernier a en effet prévu de reprendre 202 personnes sur un total de 646... Analyse.

Le jeu continue sur le détroit du Pas-de-Calais. Entre les salariés de la coopérative Seafrance, la direction d’Eurotunnel, DFDS, le Port de Calais et les élus, la partie se poursuit. La SCOP occupe toujours deux des trois navires d’Eurotunnel, à quai à Calais depuis trois semaines. Le petit fréteur Nord Pas-de-Calais est à Douvres. Propriétaire des navires, Eurotunnel a passé un contrat avec son concurrent DFDS pour une location -bail (la justice réclame que la compagnie franco-britannique les lui fasse connaître sous peine de 30 000 euros d’astreinte quotidienne). Les salariés de la SCOP, sous-traitante de MyFerryLink (filiale à 100% d’Eurotunnel ), veulent reprendre les navires et poursuivre l’exploitation de la ligne Calais-Douvres dont ils ont pris, en moins de trois ans, près de 15% du trafic… S’estimant trahis par Jacques Gounon avec qui ils avaient conclu un accord en janvier 2012 au moment où l’ancienne compagnie SeaFrance était en liquidation judiciaire, les scopiens tiennent les navires et interdisaient, jusque mi-juillet, aux navires de DFDS d’accoster à Calais. Ceux-ci opéraient de ce fait les traversées par Dunkerque où le géant danoisexploite une autre ligne vers le Royaume-Uni. Après de nombreuses réunions avec l’Etat, les élus, etc., les membres de la coopérative ont décidé de faire bouger les lignes : cédant aux autorités portuaires directement impactées par ce conflit, ils ont décidé de laisser passer les navires de DFDS. Ce dernier a fait les frais de la situation à deux niveaux : la main mise des scopiens sur leurs navires, immobilisés, et une concurrence bénéficiaire du conflit (Eurotunnel, mais aussi P&O Ferries, l’autre compagnie maritime).

Avis de mauvais temps pour août ? Une situation qui permettait à Eurotunnel de voir son taux de remplissage grimper en dehors de la seule journée d’action des scopiens fin juin. Avec des navires en moins sur le Détroit et une filiale qui se dirige directement vers la liquidation judiciaire (MyFerryLink est en redressement judiciaire depuis un mois), le gestionnaire ferroviaire du lien fixe engrange pour l’instant les recettes et a diminué considérablement ses charges avec la fin du contrat, au 1er juillet, le liant à sa filiale. Combien de temps ce jeu peut-il durer ? Les salariés de la scop ont dit que l’été serait chaud. Ils ont indiqué qu’ils assureraient les salaires jusque mi-août. Le 20 juillet dernier, les scopiens ont bloqué quelques heures l’autoroute A 16, brûlant quelques pneus, avant de lever le blocus des navires de DFDS, et réintroduisant de ce fait de la concurrence sur le Détroit… L’initiative des coopérateurs ne s’épuisera probablement pas malgré l’assèchement de leurs finances.