Filière industrielle automobile régionale
Développer des synergies autour de l’électromobilité
Rendez-vous était donné aux acteurs de la filière industrielle automobile régionale pour une nouvelle édition des ateliers du FEAL, dans les locaux de la société Mov’ntec à Ruitz. L’occasion pour l’ARIA Hauts-de-France et le pôle MEDEE d’officialiser leur partenariat avec la signature d’une convention.
Quel est l’impact de l’électromobilité sur les filières automobile et le génie électrique ? À travers cette journée d’échange et de réflexion, l’ARIA Hauts-de-France et le pôle MEDEE (NDLR : pôle de recherche technologique régional des Hauts-de-France dans les domaines du génie électrique et de l’énergie) proposaient aux convives de mieux identifier les opportunités liées à l’électrification de la filière automobile. Et officialisaient un partenariat voué à maximiser l’accompagnement du secteur automobile vers l’électromobilité dans la Région.
«Une guerre industrielle contre l’Asie»
Une table ronde s’est ainsi déroulée en présence de représentants d’acteurs de la filière des Hauts-de-France. À commencer par Frédéric Przybylski, Industrial Project Vice-Président d’ACC, qui a apporté son éclairage sur les conditions de réussite de la transition. «Nous cherchons, comme tout le monde, le graal de la batterie… nous avons besoin d’un éco-système permettant de nous battre contre nos concurrents asiatiques qui ont 10 à 15 ans d’avance sur la chimie et d’autres aspects. Nous menons une guerre industrielle contre l’Asie pour retrouver une souveraineté nationale et européenne… la batterie, c’est 40% du prix de la voiture ! La formation n’est pas un problème, mais nous avons besoin de comprendre que la transition est obligatoire et que nous devons rattraper le retard avec l’Asie».
Et Jérôme Bodelle, CEO du CRITT M2A, de poursuivre : «Dès 2015, nous avons investi sur l’électrique pour créer un pôle de performance et diversifier notre activité. La transition s’est accélérée en 2020, le challenge étant dès lors de se retourner dans les 2 à 3 ans. Nous avons investi 15 millions € sur 3 ans avec l’objectif de retrouver 150 clients dans une période difficile pour l’industrie automobile. Le contrat signé avec ACC sur 7 ans (NDLR : pour la réalisation des essais de qualité de production de batteries de la future gigafactory de Douvrin) illustre le retournement de la société et l’éco-système nécessaire autour des gigafactories». C’était ensuite au tour de Bertrand Delzenne, président de la société Delzen, de partager son sentiment sur la thématique : «Quand trois gigafactories s’implantent sur la Région, ce n’est que du bonheur ! C’est super, mais que fais-je pour me positionner et sur quoi ?»
«Se rapprocher entre acteurs de la filière»
Bertrand Delzenne poursuit : «Les gigafactories ont besoin de produits complexes qui associent plusieurs métiers. La réponse est donc de se rapprocher entre acteurs de la filière, ce que nous avons fait avec la création de la société Delviatek, dont je suis le président, qui a mis en oeuvre une activité d’assemblage de têtes de batteries. Elle est le fruit du rapprochement de Delzen avec un plasturgiste et un fabricant de PVC, et une réponse industrielle aux besoins des gigafactories. Aujourd’hui toutes les planètes sont alignées pour devenir une référence des donneurs d’ordres».
Etablir des synergies entre acteurs économiques, telle est l’une des principales clés de la réussite évoquée unanimement par les différents intervenants et notamment Pierre-Benoit Hamon, Manager Performance et Ecosystème de Renault Electricity. «Il faut porter les efforts ensemble ! L’objectif est de produire 500 000 véhicules face à la concurrence de la Chine, dans une industrie décarbonée. Comment ? Renault a investi 500 millions € dans son usine de Douai pour répondre aux enjeux liés à la batterie et à l’ensemble de la chaine de valeurs à optimiser, notamment sur les opportunités de localisation de synergies entre les acteurs de la filière régionale». En s’appuyant sur l’exemple de l’usine Renault de Ruitz, qui s’est imposée comme un concurrent de choix à l’international sur la production de bacs de batteries, Pierre-Benoit Hamon l’assure : «Nous savons le faire, mais il est nécessaire de travailler autour de partenariats».
Dirigeant associé de Mov’ntec, Francis Kopp a quant à lui insisté sur la nécessaire innovation comme préalable incontournable à la performance et, en ce sens, sur l’importance de déployer des passerelles entre le monde universitaire et le monde économique à l’instar du partenariat noué entre son entreprise et le pôle MEDEE de l’Université d’Artois. «Ce rapprochement entre les entreprises et les universités est une solution pour rattraper le retard que nous avons avec l’Allemagne, par exemple» a assuré Jean-Philippe Lecointe, Professeur au LSEE (Laboratoire Systèmes Electriques et Environnement) de l’Université d’Artois. «Tous les ingrédients sont aujourd’hui réunis pour innover et transférer l’innovation grâce à une dynamique exceptionnelle en Région». De bon augure…
À propos du FEAL
Créé en 2013 par le Pôle Automobile et l’ARIA, le FEAL, Forum on European Automotive Industry in Lille, rassemble les acteurs majeurs de la filière automobile au niveau international pendant deux jours au travers de tables rondes, conférences, networking et ateliers autour du thème de l’industrie automobile de demain et de ses enjeux.