Deux Nordistes en Chine pour promouvoir la révolution numérique
Du 5 au 10 septembre 2016, deux entrepreneurs nordistes ont fait le déplacement en Chine au G20 des Jeunes Entrepreneurs (G20 YEA). Une rencontre annuelle mondiale de chefs d’entreprise qui fait écho au G20 politique. Objectif : prospection et recommandations en matière de croissance, en s’appuyant sur le digital et les plates-formes numériques.
Claire Jolimont et Jean-Marc Barki ont représenté les Hauts-de-France pendant cinq jours à Shanghai puis Pékin. La première est la cofondatrice de PingFlow, située à EuraTechnologies et Valenciennes (une dizaine de collaborateurs et 1 M€ de CA en 2016). C’est un éditeur de logiciels qui optimise le management opérationnel (suivi de production et des performances en temps réel) grâce à une visualisation des données assez innovante. Lauréate de plusieurs réseaux et prix d’innovation, PingFlow affiche déjà de belles références dans de grands comptes (Renault, Airbus, Toyota …). Pour Claire Jolimont, c’était la première participation à ce G20 YEA.
Le second n’en est pas à sa première participation : c’est la troisième fois que Jean-Marc Barki se rend au G20 des Jeunes Entrepreneurs. Une première fois comme dirigeant-cofondateur de l’entreprise Sealock, située près de Lens et qui fabrique de la colle industrielle (25 salariés, 5 millions d’euros de CA). Puis deux fois comme “sherpa” de la délégation française qui a emmené, cette année, 32 entrepreneurs français en Chine, avec l’association française Citizen Entrepreneurs. Avec nos deux chefs d’entreprise, c’est l’industrie et le numérique nordistes qui étaient représentés au sein de la délégation française.
L’innovation disruptive. Pour cette 8e édition, le G20 YEA a réunit 400 chefs d’entreprise du monde entier, âgés de 18 à 45 ans. À l’instar de ce que font de leur côté les grandes entreprises et organisations patronales avec le B20, l’objectif de ces rencontres annuelles est de prospecter en découvrant le pays hôte, de développer son réseau et de travailler ensemble pour réaliser des recommandations en matière de croissance et d’emploi. Elles sont destinées ensuite aux chefs d’Etat du G20. On peut regretter que le G20 politique se soit tenu juste avant, les 4 et 5 septembre à Hangzhou. Des prépropositions ont néanmoins été transmises aux décideurs politiques fin août. Mais, en tout état de cause, les recommandations finales seront remises à tous les pays du G20.
Le thème de cette année du G20 YEA est «Disruptive Innovation, Smart Entrepreneurship». Il s’agit d’évoquer le rôle de ces innovations disruptives qui apportent un service nouveau, qui suscitent de nouveaux usages et transforment le marché en profondeur avec des modèles économiques radicalement différents. Ces innovations sont en train de bousculer notre modèle capitaliste et certaines positions dominantes. De nouvelles études des cabinets-conseils Accenture et EY (voir encadré) ont montré l’importance des plates-formes numériques dans le développement économique et la forte corrélation entre le taux de croissance d’un pays et et son niveau de numérisation.
Ne pas avoir peur de la Chine. Avant son départ, la délégation française a rencontré le 8 juillet l’ambassadeur de Chine en France, puis, le 30 août, le directeur de cabinet de Matthias Fekl au Quai d’Orsay. Le secrétaire d’Etat chargé du Commerce extérieur aurait dû être présent, mais la rupture des négociations autour du traité de libre-échange transatlantique le même jour a bousculé son emploi du temps. Jean-Marc Barki a néanmoins rappelé, lors de cette rencontre ministérielle, les positions que la délégation française allait défendre lors du G20 YEA : «la création d’un visa spécifique pour les entrepreneurs pour encourager la mobilité des entreprises et favoriser la création d’emplois au sein des principales puissances économiques, la simplification des embauches, l’accès au financement, la nécessité d’un cadre fiscal et réglementaire stable, l’innovation, le développement d’une culture entrepreneuriale, l’émergence d’une économie numérique et ses opportunités en termes de croissance et d’emploi».
Interviewé par téléphone le 7 septembre dernier lors de son séjour chinois, Jean-Marc Barki était enthousiaste quant aux rencontres réalisées : «En Chine, on se rend compte, par exemple, que le service à la personne va devenir un enjeu majeur. Sur ce marché, la France a quelques coups d’avance, on a des pépites françaises capables d’exporter, il ne faut pas avoir de complexe. Mais c’est important d’être prudent, d’être réservé sur les signatures trop hâtives. C’est important d’être entouré de conseils juridiques et comptables et de trouver de bons partenaires locaux. Il ne faut pas avoir peur de ce pays.»
G20 YEA 2017 à Berlin. À son retour, la délégation française présentera les recommandations du G20 YEA au ministre de l’Economie française, lors de la Conférence annuelle des entrepreneurs qui aura lieu le 14 novembre à Bercy. Le prochain G20 des Jeunes Entrepreneurs aura lieu en mai 2017 à Berlin. Les chefs d’entreprise qui souhaitent postuler peuvent déposer leur candidature sur le site de citizen-entrepreneurs.com
Encadré :
Ces plates-formes numériques qui changent le monde
Les cabinets conseils EY et Accenture, partenaires du G20 des Jeunes Entrepreneurs, viennent de publier de nouvelles études sur le rôle du numérique et des plates-formes dans la relance économique. Elles ont été dévoilées à la délégation française du G20 YEA le 30 août dernier, au Quai d’Orsay. La Gazette Nord-Pas de Calais a pu les consulter en avant-première avant leur publication.
Les cinq clés de succès des plates-formes numériques. Pour rappel, une plate-forme est un service occupant une fonction d’intermédiaire dans l’accès aux informations, contenus, services ou biens. Ex : Booking, Uber, Blablacar. (définition du Conseil national du numérique). Accenture vient de publier l’étude «Five ways to win with digital platforms». Laurence Morvan, du cabinet-conseil, nous en donne les points à retenir. «Deux tiers des PME génèrent au moins 10% de leurs revenus à partir de plates-formes numériques. Un des rôles essentiels de ces plates-formes auprès des entreprises est de faciliter l’accès aux marchés internationaux. La clé de succès de ces plates-formes repose sur cinq points : l’innovation dans les services, dans la fixation des prix avec une grande flexibilité, la personnalisation des services, la création d’un écosystème avec différents partenaires et la confiance du client dans la marque. L’Europe accuse un retard par rapport aux Etat-Unis ou la Chine. Il est important de renforcer les compétences digitales des entrepreneurs, les infrastructures digitales, la protection des données, d’harmoniser les normes internationales et favoriser le dialogue entre les gouvernements et le monde économique.»
Nouveau baromètre de l’entrepreneuriat digital 2016 EY/G20 «Disrupting the disruptors». Jean-François Royer, d’EY, a présenté ce nouveau baromètre qui analyse les différents écosystèmes entrepreneuriaux digitaux au sein des pays du G20. La France arrive en 5e position après le Canada (n°1), puis les USA, le Japon et l’Australie. Cinq critères ont été retenus : l’accès au financement, l’éducation à l’entrepreneuriat et au digital, la culture entrepreneuriale du pays, l’environnement juridique et fiscal et le niveau de coopération entre clusters, universités, entreprises et laboratoire de R&D. Selon Jean-François Royer, «nous constatons que tout démarre de l’enseignement supérieur pour développer une culture entrepreneuriale. Il faut favoriser des cursus spécifiques. Par ailleurs, il faut renforcer des règles claires en termes de sécurité à l’échelle internationale. Enfin, il faut soutenir l’entrepreneuriat féminin».