Présentes au récent Salon de l'agriculture

Des start-up expérimentent l'agriculture durable

Victime du réchauffement climatique, l'agriculture doit aussi réduire son propre impact sur l'environnement. Des start-up misent sur le numérique pour tenter de résoudre l'équation. Une démarche qui engendre aussi, potentiellement, des économies sur les intrants.

Au dernier Salon de l'agriculture, une soixantaine de start-up du secteur agricole et alimentaire étaient présentes.
Au dernier Salon de l'agriculture, une soixantaine de start-up du secteur agricole et alimentaire étaient présentes.

Depuis 2020, leur nombre a doublé... Et l'actualité, faite de tensions sur les prix, encore accrues par la guerre, et des prévisions sans cesse plus désastreuses du GIEC, fait apparaître leurs propositions toujours plus pertinentes. Au dernier Salon de l'agriculture, à Paris, c'est une soixantaine de start-up du secteur agricole et alimentaire qui s'exposaient. Certaines proposent des plateformes de financement participatif (MiiMOSA) ou des dispositifs qui contribuent à rapprocher consommateurs et producteurs (Poiscaille, Les Grappes... ).

Mais nombre de ces start-up ont développé des solutions, souvent encore émergentes, ciblées sur les processus de production. Dans de nombreux cas, leur objectif consiste à offrir aux exploitants agricoles une optimisation qui permet de réaliser des gains économiques -qui peuvent aussi être écologiques. Quelles que soient les technologies qu'elles emploient, toutes ces solutions mettent les data au cœur de leur fonctionnement. Certaines start-up proposent des dispositifs qui bouleversent les schémas classiques de l'agriculture. 

D'autres, d'optimiser ceux existants. C'est le cas de MyEasyFarm, qui promet une agriculture «de précision». Lancée en 2019, cette plateforme compte aujourd'hui quelque 500 clients. Elle permet de gérer le travail d'une exploitation agricole sur les différentes parcelles en planifiant les tâches et aussi le matériel et sa maintenance, en rassemblant l'ensemble des informations utiles. Ainsi, par exemple, «moduler les intrants permet de mettre la bonne dose de produit au bon endroit et au bon moment. En ce moment, nous constatons un intérêt et une demande grandissante des agriculteurs qui veulent se tourner vers une agriculture de précision. Il y a clairement un intérêt économique», témoigne Camille Frapier, business developper chez MyEasyFarm.

A quelques pas de là, le stand de Vegetalsignals présente une autre solution, ciblée sur les vignes. L'outil d'optimisation du processus de production permet des gains écologiques et économiques. Mais il comporte aussi une autre dimension. En effet, le dispositif se présente comme une réponse, une adaptation des cultures aux conséquences néfastes du réchauffement climatique qui, dans le même temps, économise les ressources naturelles (eau). 

Concrètement, Hydroscore permet un suivi en temps réel du statut hydrique des vignes, grâce à des capteurs qui enregistrent les signaux électriques de plantes. Ces outils, alimentés avec des panneaux solaires, sont autonomes en énergie. L'enjeu de la gestion hydrique est en effet crucial pour les vignes : le réchauffement climatique anticipe les vendanges et, aussi, modifie les caractéristiques du vin ! Mais les vignes sont loin d'être seules concernées par ce problème et l'entreprise travaille aujourd'hui à des solutions adaptées aux grandes cultures (céréales...) et à l'arboriculture.

Créer des fermes bio clé en main

Une rangée plus loin, sur le salon, on économise aussi de l'eau, mais l'innovation réside dans l'introduction d'un nouvel acteur dans l'écosystème agricole. Sur le stand d'Ombrea, Paul Laffite, chargé de développement de projets agricoles, explique le système innovant mis au point par la société. «Il s'agit d'un outil d'ombrage dynamique, de protection climatique», explique-t-il. Concrètement, le dispositif prévoit la participation d'un énergéticien. Celui-ci finance et installe sur le terrain agricole une infrastructure, une sorte de toit composé de panneaux solaires qui peuvent s'étendre ou se replier, et se rémunère en fonction de l'énergie produite. 

Selon les informations (température, pluviométrie, luminosité...) fournies en direct par une station météo présente dans le sol, l'orientation des panneaux solaires évolue. «L'ombrage limite le stress hydrique et permet de diminuer l'irrigation», décrit Paul Laffite. Par exemple, le dispositif permet d'économiser 30% d'eau sur une parcelle horticole l'été, l'ombre des panneaux solaires permettant d'abaisser la température au sol de 6 degrés. Rendement constaté sur des pivoines : +17%. Dans l'autre sens, les toits permettent de parer aux hivers trop doux, en préservant la fraîcheur. Le dispositif est aujourd'hui déployé chez des arboriculteurs et des viticulteurs, en démonstration.

Mais si Ombrea essaie d'inventer un modèle en introduisant un nouvel acteur dans le processus de production, Neo Farm propose carrément… une ferme clé en main ! Celle-ci répond aux enjeux de rentabilité économique et à ceux écologiques. «Nous développons des micro-fermes en agrobiologie», explique Margaux Grosjean, ingénieure agronome, chargée de recherche et développement chez Neo Farm. Dans ces fermes en maraîchage, les fruits et les légumes sont bio. Ils sont produits suivant les principes de l'agroécologie, en s'appuyant sur des écosystèmes naturels. Mais une brique technologique permet de gérer les tâches, et un robot monté sur rail, multi-usages, désherbe, aplanit les sols... allégeant le travail. 

L'entreprise, créé en 2018, dispose d'un site pilote dans les Yvelines, avec 2 000 m2 de terrain. «Des partenariats sont en cours. Deux fermes vont sortir de terre en 2022. L'une d'elle avec une collectivité locale, l'autre avec une famille d’agriculteurs. Ce sont nos deux cibles majeures. Les collectivités peuvent y avoir recours pour alimenter une cantine, par exemple. Et des familles qui ont déjà des terres peuvent ainsi se diversifier», précise Margaux Grosjean.