Des rencontres du bâtiment teintées d’inquiétude

La délégation de Côte-d’Or de la fédération française du bâtiment organisait ce 4 septembre ses rencontres du bâtiment au Domaine du lac de Plombières-les-Dijon. Ce rendez-vous a donné l’occasion à la filière d’exprimer ses inquiétudes dans un contexte de diminution des constructions.

Emmanuel Chevasson a dressé un portrait inquiétant de la situation pour la filière du bâtiment dans un contexte de construction en retrait. (©Aletheia Press / Nadège Hubert)
Emmanuel Chevasson a dressé un portrait inquiétant de la situation pour la filière du bâtiment dans un contexte de construction en retrait. (©Aletheia Press / Nadège Hubert)

En 125 ans, la fédération française du bâtiment de Côte-d’Or a traversé de nombreuses crises tandis qu’une nouvelle malmène le secteur. « Notre fédération veut relancer les marchés de la construction en identifiant ce qui bloque et en apportant des solutions » a introduit Emmanuel Chevasson, président de la délégation départementale en reprenant des mots prononcés 25 ans plus tôt par l’un de ses prédécesseurs. « Ils résonnent toujours aujourd’hui. »

Avec 100 000 logements en moins construits cette année, la FFB de Côte-d’Or s’inquiète de la situation tant pour les entreprises concernées que pour la société. « 10 % des étudiants renoncent à leur parcours car ils ne trouvent pas de solution de logement. Des personnes âgées n’ont pas de place en EHPAD » a insisté Emmanuel Chevasson. Un autre chiffre a été avancé : 24 % des couples retarderaient ou renonceraient à un enfant car ils ne vivent pas dans de bonnes conditions de logement.

Moins de soutien

Le président de la FFB Côte-d’Or a pointé du doigt la responsabilité de l’Etat. « Le bâtiment est au cœur des activités et de la vie des cités mais pas des décisions politiques. » Après avoir alerté les acteurs publics, Emmanuel Chevasson a énuméré plusieurs propositions susceptibles d’améliorer la situation comme un prêt à taux zéro universel ou le maintien d’un régime fiscal favorable aux investisseurs comme le dispositif Pinel. Il a également invité à la mise en place d’un plan quinquennal pour donner de la visibilité à la construction et la rénovation.

« Il faudrait remettre MaPrimeRénov’ dans son état originel alors qu’elle a été amputée de certains aspects. Et en cette période de transition gouvernementale, pourquoi pas créer un ministère de la construction. » Emmanuel Chevasson regrette l’impact de certaines décisions. « Nous vivons sous le diktat de Bercy. Pourtant, avec un TVA dans le bâtiment qui rapporte 90 milliards d’euros contre moins de 40 milliards pour l’ensemble des aides accordées par l’Etat au logement, le bilan apparait positif. »

Moins d’emplois

Cette situation pèse également sur les emplois du secteur que le président de la FFB de Côte-d’Or a traduit en chiffres : « On perd un emploi toutes les cinq minutes et avec lui, on perd toute l’expérience placée dans cette personne. Entre janvier et juin 2024, 7 669 chefs d’entreprises du bâtiment se sont inscrits à France Travail soit une hausse de 34,2 % par rapport à 2023. »

Pour expliquer une telle situation, Emmanuel Chevasson énumère la complexité grandissante de l’activité, les impayés et les délais de paiement susceptibles de condamner les entreprises. « Nous encourageons la mise en place d’un médiateur régional pour qu’elles aient un interlocuteur » a-t-il adressé au préfet de région, présent ce 4 septembre. En parallèle, il a regretté que de nombreuses PME et des artisans disparaissent discrètement dans les territoires ruraux alors qu’ils demeurent parfois la seule activité économique du territoire.

Pour Aletheia Press, Nadège Hubert