Des matériaux durables en Flandre

La zone d'activité Calane, nouvellement créée, accueille son premier investisseur. Peter Steen a quitté Neuville (province de Namur) pour Godewaersvelde en Flandre française. Rencontre avec des associés novateurs et sans frontières.

« Sous la charpente du bâtiment ».
« Sous la charpente du bâtiment ».
CAPresse 2014

Peter Steen et ses deux associés avec leur produit phare : le "Chanvribloc".

Ce n’est pas une histoire belge, mais celle d’un précurseur dans la vente de matériaux de construction «naturels». Grossiste en matériaux de construction issus du développement durable, Peter Steen a décidé d’investir en France quand tant d’autres font le chemin inverse. Ce qui l’a décidé à investir 500 000 euros à Godewaersvelde ? «Le prix du foncier et les bonnes connexions routières», indique-t-il. Et aussi l’arrivée d’un associé français − Xavier Lehaire, enseignant − qui était un de ses clients jusqu’en 2010, quand ils ont décidé avec un troisième compère (belge) de créer à trois. PS and Co est la suite logique d’un parcours d’une quinzaine d’années dans le matériau «bio». Sous la charpente boulonnée à l’ancienne du bâtiment en cours de construction, les trois associés ont livré leurs espoirs devant des élus heureux de voir leur nouvelle zone d’activité intercommunale investie. Ils ont pu apprécier la démarche particulière des investisseurs : «nous ne sommes pas là pour créer des emplois avec nos stocks. Nous voulons aider les autres à le faire», explique Peter Steen qui veut se placer dans un réseau d’artisans poseurs de ces matériaux. A titre d’exemple, une centaine de maisons en bloc de chanvre ont été construites en France l’an dernier.

Un bâtiment quasiment passif de 1 600 m2. Pour faire la promotion de ces nouvelles matières, Xavier Lehaire met naturellement l’accent sur la formation : «Nous ferons des ateliers gratuits pour toutes celles et ceux qui veulent travailler ces matières (blocs de chanvre/chaux, ouate de cellulose, fibres de bois, peinture à l’argile, huile dure, panneaux de bois, torchis…).» Le Chanvribloc est un exemple particulièrement parlant. «On fait des maisons qui respirent. C’est l’essentiel. Avec des matières naturelles qu’on utilise depuis des siècles, on revient au bon sens», soutient Peter Steen. Le bloc de chanvre pèse moins qu’un parpaing de 20, mais il est deux fois plus grand. Le maçonnage ne diffère pas beaucoup de celui d’un parpaing traditionnel ; les matières viennent de l’Aude et d’Ardèche. L’exécution semble plus rapide et la qualité de l’isolation est sans commune mesure. Le bâtiment de 1 600 m2 en témoignera fin décembre quand il sera livré : «on ne sera pas très loin d’être totalement passif au niveau énergétique», affirme le dirigeant Au niveau des normes, les blocs de chanvre sont homologués, ce qui n’est pas le cas de tous les matériaux dits durables : «C’est souvent le lobbying des gros groupes qui fait la réglementation des normes. En Belgique, c’est pareil.» A 300 mètres de la zone d’activité, les infrastructures de l’ancienne douane sont toujours là. Et le député Decol de réfléchir à «en faire quelque chose» pour continuer de mettre en exergue la transfrontalité.