Des maires ruraux de l’Aisne inquiets pour l'avenir de leurs communes
L’association des maires ruraux de l’Aisne a tenu son assemblée générale annuelle samedi 14 septembre à Coucy-le-Château avec, au programme de cette matinée de travaux, deux problématiques fortes : l’objectif Zéro artificialisation nette (Zan) et les inondations et coulées de boue qui ont marqué le département de manière dramatique en cette année 2024 .
Le
président Fabien Coquelet l’a rappelé lors de l’assemblée
générale de l’association des maires ruraux de l’Aisne en
présence du président national, Michel Fournier : l’adhésion
à l’AMR02 est « un
engagement fort en faveur de la commune et de la ruralité ».
« La
bataille de la représentation se joue ici »,
a ajouté le maire de Mondrepuis, insistant sur l’accompagnement
apporté aux élus locaux durant leur mandat afin qu’ils ne restent
pas isolés dans leur fonction de maire. Outre les services rendus au
quotidien, l’association via son bureau et son président
souhaitent également proposer des réponses concrètes aux
problématiques qui leur sont remontées. Par conséquent, cette
année encore la volonté des organisateurs de ce temps d’échanges
et de convivialité, a été d’ouvrir la discussion sur deux
problématiques fortes : l’objectif Zéro artificialisation
nette (Zan) et les coulées de boue et inondations qui ont durement
frappé le sud de l’Aisne notamment.
Sobriété foncière
Toulouse
n’est pas Coucy-le-Château, de même que Coucy-le-Château n’est
pas Mondrepuis… Pour les maires ruraux axonais, comme pour les
sénateurs présents, Pascale Gruny et Pierre-Jean Verzelen, l’avenir
de la ruralité passe par l’abrogation pure et simple de la loi
Zéro artificialisation nette (ZAN), sinon ont-ils clamé en chœur,
le danger est bien réel de voir des communes disparaître. Cette
obligation imposée par la loi de préserver le foncier vient bloquer, ici, la construction d’un futur lotissement, là, l’extension
d’une entreprise centenaire de la commune… et sans l’arrivée
de nouveaux habitants ou le développement d’activités
économiques, les élus ruraux entrevoient le risque de fermeture des
écoles et prédisent "la mort de villages". Sans oublier
l’autre aspect de la question relevé parmi
l’assistance et qui est aussi « du
ressort du maire »,
faire face à l’incompréhension des administrés à qui il faut expliquer pourquoi la collectivité leur refuse un permis de construire...
Un constat semble bien se dessiner : la fin du pavillon
individuel avec un grand terrain.
Revitalisation des territoires ruraux
« Si les communes ne se développent pas un minimum, c’est l’asphyxie », soutient le président de l’association des maires ruraux du Nord, Jean-Gabriel Masson, venu en voisin participer aux échanges. Les maires présents dans la salle ont exposé les difficultés rencontrées dans leur commune, et notamment soulevé la complexité des réglementations qui, faute d’articulation entre elles, les laisse parfois sans solution.
« L’objectif ZAN entrave le développement de la ruralité »
Et si les élus ruraux ne remettent pas
en cause les objectifs de la loi « Climat
et résilience »,
ces derniers souhaiteraient que la législation soit modifiée afin
que l’obligation imposée se voit déclinée « territoire
par territoire » et
que les
maires
puissent
« reprendre la main » :
« décentralisation
et différenciation » pour les sénateurs convaincus qu’en l’état, cette
obligation ZAN est « insoutenable »
dans les territoires ruraux comme l’Aisne.
Problématique récurrente
Les
échanges autour de la question des coulées boue et des inondations
ont été riches, alimentés par les interventions des invités
à la table-ronde mais aussi par les retours des maires confrontés
aux difficultés. Hubert Compère, président de la Mission érosion
au sein de la Chambre d’agriculture de l’Aisne, a appelé les
différents acteurs impliqués dans cette problématique à
« travailler
ensemble »
pour faire en sorte que « l’eau
s’infiltre là où elle tombe »
tandis que Léonard Cluytens, ingénieur spécialisé dans les
milieux aquatiques au Syndicat du bassin versant de l’Aisne
navigable, a présenté les solutions existantes en matière d’« hydraulique
douce »,
l’idée étant de « freiner
l’eau »
afin de limiter les dégâts en cas d’intempéries ou de gros
orages.
Michel Fournier plaide pour un nouveau statut de
l’élu de proximité
À
quelques jours du Congrès national des maires ruraux placé pour
cette édition 2024 sous le signe de la proximité avec pour
thématique « Communes
et département, un duo d’avenir ! La force de la proximité »,
le
président
de l’association des maires ruraux de France, Michel Fournier,
avait fait le déplacement à Coucy-le-Château. Il a pu suivre les
travaux de la matinée et assurer le président axonais, Fabien
Coquelet, et son équipe, de son profond soutien dans leur
engagement. L’élu vosgien, représentant national des maires
ruraux de France depuis 1990, est revenu à l’issue des échanges
sur les deux problématiques évoquées au travers de la question
plus globale : quel
statut pour les élus de proximité que sont les maires ?
Michel Fournier n’a pas mâché ses mots pour mettre en avant les difficultés rencontrées par ses collègues maires dans la gestion de la vie de leur commune rurale au quotidien. « Il faudra que l’État intègre d’une façon forte, ce que nous représentons. Nous sommes pour 30 à 50 % de notre fonction des représentants de l’État, nous devons être rémunérés à juste titre non seulement en termes d’indemnités mais aussi de budgets », a-t-il asséné en préambule avant d’ajouter : « nous ne sommes pas des professionnels, nous sommes tous en CDD, nous ne pouvons être au fait de toutes les législations », évoquant par conséquent le volet « formation » indispensable pour mobiliser les candidats et assurer le renouvellement en 2026.
L’ancien commerçant de métier a également plaidé pour une meilleure prise en compte de la fonction dans le calcul des trimestres comptant pour la retraite. Si les communes rurales représentent 88 % du territoire et 33 % de la population, le président national a vivement encouragé les maires ruraux axonais présents dans la salle à valoriser ce que leurs territoires représentent en termes d’éléments fondamentaux pour la collectivité : l’eau, la forêt, la terre…