Transition agricole

Des leviers pour tendre vers l'agroécologie

Le salon Terres Innovation 2024 qui a eu lieu à Chambry, a été l'occasion de présenter et d'évoquer les sujets de l'agriculture de demain. Une conférence a mis en évidence les leviers technologiques de la transition agroécologique. Des démonstrations de solutions nouvelles bientôt disponibles pour les agriculteurs ont aussi été présentées.


Le salon Terres Innovation, organisé par Cérésia et la chambre d'agriculture de l'Aisne, a accueilli des conférences.
Le salon Terres Innovation, organisé par Cérésia et la chambre d'agriculture de l'Aisne, a accueilli des conférences.

Tendre vers l'agroécologie, tel sera le défi des agriculteurs demain. Mais au fait, comment définir l'agroécologie ? À cette question posée par une visiteuse du salon Terres Innovation 2024 qui a eu lieu à Chambry, près de Laon, le 15 mai, Frédéric Adam, responsable Solutions agricoles chez Cérésia, principal organisateur, répond : « On parle d'une agriculture respectueuse de l'environnement, rentable pour les agriculteurs, qui préserve le bien commun, qui est décarbonée et qui s'adapte au changement climatique. » Concilier préservation des sols, de l'eau, de l'air tout en maintenant une production agricole de qualité et compétitive, font partie des enjeux majeurs de l'agroécologie.

Des innovations à démocratiser

Pour résoudre cette équation, les agriculteurs ne seront pas seuls, c'est un peu le sens du message envoyé lors de ce salon agricole qui a fait venir se rencontrer des professionnels du monde agricole des Hauts-de-France et de la Marne notamment. Un ensemble de solutions, de techniques, machines, d'outils d'aide à la décision et financements existe. « De nombreuses techniques existent pour limiter l'irrigation des pommes de terre par exemple en la localisant, ce qui entraîne moins d'humidité, moins de mildiou et au final moins de traitements de pesticides derrière, explique Thomas Blervaque, directeur général des semences Lemaire-Deffontaines. D'autres techniques permettent de cibler la plante uniquement grâce à l'intelligence artificielle pour limiter les traitements. »

Une autre façon de se passer des pesticides peut passer par le désherbage à la main ou avec une machine. Ces techniques restent chronophages et coûteuses mais la robotique pourrait passer par là demain. Ces robots pourront réaliser ces tâches et limiter l'utilisation d'intrants et la consommation de gazole s'ils sont électriques. Certains robots permettent même de réaliser davantage de tâches, du semi à l'entretien des cultures. « Pour la robotique, le prix est encore un frein et nous en sommes encore au stade de l'émergence, souligne Thomas Blervaque. Après, il y a des robots qui seront adaptés aux différentes tailles d'exploitation et avec l'industrialisation, le prix va baisser. Ce qui permet de passer le cap actuellement, c'est l'utilisation de matériels en commun, en grande culture. »

Les intervenants ont échangé sur l'agroécologie.

Pour Cérésia, coopérative agricole qui regroupe plus de 4 400 agriculteurs, on souligne que l'innovation est au cœur de leur vision. « La technologie ne sert que si elle rend service à l'agriculteur en simplifiant son travail par exemple, souligne Frédéric Adam, responsable Solutions agricoles. Il faut qu'elle soit au service de la rentabilité des exploitations et de l'efficience environnementale. Et il ne faut pas que cette technologie reste dans les mains de techniciens comme nous mais soit démocratisée auprès des agriculteurs. » Cérésia met en avant plusieurs leviers qu'elle teste et entend massifier : celui de la génétique en premier lieu qui consiste à modifier des plantes pour les rendre plus résilientes face au changement climatique. « Une variété de plante moins sensible, c'est moins de traitements contre les maladies, c'est une meilleure résistance aux virus et maladies et elle sera plus forte pour résister aux chocs climatiques », souligne Frédéric Adam.

Parmi les autres leviers développés par Cérésia, on retrouve la substitution des intrants actuels par des nouveaux intrants et des biocontrôles. « Il faut aller vers la production d'intrants décarbonés puisqu'aujourd'hui, pour fabriquer une tonne d'engrais, il faut 800 kg de gaz. Ce sont des processus très énergivores et cette fertilisation azotée, cela pèse pour 80 à 85% de nos émissions de gaz à effet de serre. » Il souligne que des sociétés s'investissent actuellement dans la production d'engrais fabriqués à partir d'énergies décarbonées, soit avec de l'hydrogène ou de l'énergie solaire.

Cérésia cite aussi l'utilisation d'outils d'aide à la décision qui permettent de mieux positionner les traitements en fonction des besoins. « L'autre levier va toucher aux systèmes de culture et est combinatoire et global, nous allons regarder la succession des cultures, l'intégration des couverts végétaux, regarder comment on gère la biodiversité avec un angle fort sur la fertilisation des sols, détaille Frédéric Adam. Il s'agit d'avoir une vision globale et cela touche à l'organisation de l'exploitation, cela ne produit pas de résultats instantanés et n'appelle pas aux mêmes solutions chez tous les agriculteurs. » Autant de transformations qui vont changer la face de l'agriculture dans les années à venir.

Le public composé de professionnels du monde agricole ou de représentants de collectivités a été à l'écoute.