Des chiffres en trompe l'oeil...

Le Brexit est sur les rails depuis le 31 janvier dernier. Le gouvernement anglais et l’Union européenne ont onze mois pour définir le cadre de la sortie de la Grande-Bretagne. Après les résultats mitigés du port de Calais-Boulogne*, Getlink, opérateur du tunnel sous la Manche, ne va pas mieux avec cette nouvelle page de l’histoire européenne.

Eurostar
Eurostar

Le pied sur le frein, les donneurs d’ordre britanniques l’ont depuis quelques semaines déjà. Attentistes avant et après l’élection de Boris Johnson au 10 Downing Street, les importateurs d’outre-Manche ont fait chuter le trafic transmanche ces deux derniers trimestres. Le contexte eurorégional donne quelques indications : la part du Royaume-Uni dans les importations et les exportations allemandes s’est considérablement réduite par rapport au début du Brexit : 7,4% des exportations allemandes étaient destinées à la Grande-Bretagne en 2015 (six mois avant le vote britannique). Ce chiffre n’est plus que de 6,2% en 2018 d’après Martin Braml, expert à l’institut IFO, centre de recherches économiques affilié à l’Université de Munich : «La situation est comparable pour les importations, leur proportion ayant chuté de 4,25 à 3,75%.»  Chez Getlink, société franco-britannique de droit européen, le Brexit occupe les esprits depuis bientôt quatre ans.

Dix ans consécutifs de croissance malgré le Brexit…

En 2019, l’entreprise affiche une légère hausse de son chiffre d’affaires, à 1,085 milliard d’euros (à taux de change constant). L’activité seule du tunnel se situe (en baisse) à 957 millions d’euros. Si les navettes sont en baisse de 2% (avec 629,9 millions d’euros facturés), l’Eurostar continue de progresser et dépasse désormais la barre des 11 millions de personnes transportées. Plus conséquente au fil des ans, l’activité d’Europorte, filiale du groupe dédiée aux infrastructures logistiques et à leur exploitation, affiche une hausse de 4% à 126,5 millions d’euros. Jacques Gounon, P-DG de Getlink, a expliqué que «les aléas liés au Brexit et les mouvements sociaux en France ont pénalisé le chiffre d’affaires d’environ 18 millions d’euros. Malgré cela, nous réalisons une vraie performance en enregistrant une dixième année consécutive de progression du chiffre d’affaires. Nous allons poursuivre le déploiement de notre stratégie dans cet environnement moins incertain, en travaillant à l’amélioration de nos performances opérationnelles au service de la transition climatique». Le Brexit rend frileux les voyageurs, mais «le commerce pourra lui aussi profiter de cette situation», selon Martin Braml : «Dernièrement, la livre a retrouvé de la vigueur, ce qui pourrait également renforcer la demande. L’économie britannique est par ailleurs en bonne santé et le taux de chômage, bas.» 

*Voir notre édition du 4 février 2020.