Dentellerie : Sophie Hallette pousse à la relance

La dentelle de Calais-Caudry se bat pour survivre dans un contexte hautement baissier depuis cinq ans. A Calais, Darquer (structure de tête des calaisiens Noyon et Desseilles et du caudrésien Méry) passerait à peine la barre des 4 millions cette année pendant qu’à Caudry, Sophie Hallette se refinance. Coup d’œil sur une filière au bord du gouffre.

Chez Sophie Hallette, dans l’usine qui concentre tous leurs savoir-faire en dentelle. © Aletheia Press/Archives
Chez Sophie Hallette, dans l’usine qui concentre tous leurs savoir-faire en dentelle. © Aletheia Press/Archives

Ça devenait urgent. En proie, comme la totalité de ses confrères dentelliers, à une baisse drastique de sa production et aux conséquences de la pandémie, le groupe caudrésien Holesco (propriétaire de la marque Sophie Hallette) a annoncé l’arrivée d’un nouvel actionnaire minoritaire : le fond Regain 340. Géré par Turenne groupe (1,4 milliard d’euros pour 290 entreprises accompagnées), comprenant le Crédit agricole et la Caisse d’épargne, il «vise à renforcer les fonds propres des PME et ETI des territoires et à les accompagner dans leur développement et leur besoin de financement», indique la communication du groupe Holesco. 

Celui-ci accuse une baisse d’activité qui touche l’ensemble de la filière dentelle depuis 2018. La holding de la famille Lescroart a vu son chiffre d’affaires passer de 2,5 millions d’euros en 2018 à 1,7 million en 2020, avec une perte de près de 600 000 euros. Sophie Hallette a pourtant tenu bon malgré les chocs successifs qui se sont abattus sur tous les dentelliers des places de Calais et de Caudry.

Restructuration et déménagement

Le groupe restructure ses sites calaisiens en concentrant ses deux filiales Riechers & Marescot et Codentel sur un même site. A Caudry, Romain Lescroart, PDG du groupe, poursuit l’édification de la plus grande usine de métiers Leavers du monde : sur 15 000 m², plus d’une centaine de métiers à tisser Leavers, Go-Through, Bobin... Ce déménagement géant a commencé il y a six ans et cette levée de fonds lui permettra de le conclure.

Avec un chiffre d’affaires global de 12,7 millions d’euros et 152 salariés l’an dernier, le plus gros dentellier de France a perdu près de la moitié de son chiffre ces quatre dernières années et une centaine de postes. «La crise a été pénible, mais on a eu du soutien avec 770 000 euros du plan de relance. Il reste encore un peu de chômage partiel, mais c’est décroissant», explique le dirigeant.

Fonds propres et investissements

La levée de fonds sert aussi à acquérir de nouveaux métiers à tricotage (son parc actuel est d’une douzaine) : des Jacquardtronics, ultra-rapides avec une création de haut niveau. Contrer la concurrence asiatique est l'autre priorité. Il faut aussi achalander la teinturerie du groupe, La Caudrésienne, en volumes. La levée de fonds doit précisément servir à réduire les coûts de cette teinturerie : économies sur le gaz, l’eau, les produits chimiques : «Nous sommes une des rares entreprises à nous inscrire dans une démarche écoresponsable», affirme Romain Lescroart.

Sophie Hallette vise une croissance à deux chiffres. L’entreprise se dote de nouveaux outils avec une ambition cruciale : s'inscrire dans un marché mondial fortement accaparé par l’Asie.