Denis Jorel : «Nourrir la réflexion des directeurs de CFA»

Les 6 et 7 décembre, l’Association régionale de directeurs de centres de formation d’apprentis de la région Haut-de-France (Ardir) accueille le congrès national de la Fnadir (Fédération nationale des associations régionales de directeurs de centres de formation d’apprentis). Plus de 160 directeurs de centres de formation des apprentis (CFA) sont attendus au cours de ces deux jours. A cette occasion, Denis Jorel, le directeur du CFA Hauts-de-France, également président de l’Ardir, revient sur cet événement et en dévoile les temps forts.

Denis Jorel : «Nourrir la réflexion des directeurs de CFA»

La Gazette : Dans quel contexte s’ouvre ce congrès national ?

Denis Jorel : Il s’ouvre dans un contexte de réforme. D’ailleurs, nous avons choisi un thème qui va dans ce sens : ‘‘Les directeurs de CFA au cœur des changements’’. Pendant deux jours, nous allons aborder différents sujets autour de ce thème. L’apprentissage a connu depuis ces dernières années de nombreux rapports, de nombreuses études et, dernièrement, une réforme territoriale avec la fusion des régions, ce qui a impacté nos organismes de formation : nouvelles conventions, nouveaux projets politiques et nouveaux territoires. Mais l’apprentissage a aussi connu de nouvelles approches pédagogiques avec l’arrivée du digital et du numérique, et nous avons également dû nous adapter à un public qui lui aussi a évolué. Nous sommes aujourd’hui face à des jeunes qui sont toujours plus connectés – c’est la génération Y – et demain ce sera la génération Z, Z comme “zapping”. Toutes ces transformations nécessitent de la part des CFA, au même titre que les entreprises, une capacité à s’adapter.

 

Comment ce congrès s’organise-t-il ?

L’idée est de débattre de ce thème pendant deux jours avec, en ouverture, une table ronde autour des acteurs de l’apprentissage qui viennent expliquer ce qu’ils attendent du changement. Nous aurons des apprentis, des maîtres d’apprentissage, mais aussi des représentants de la Région, de CFA, de branches professionnelles, ou encore un représentant de l’Etat. Cette première table ronde nous amènera, sur un deuxième temps, plus précisément vers les laboratoires d’idées.

 

C’est nouveau ces laboratoires d’idées…

Oui, c’est une première ! Nous serons répartis en groupes restreints. Il s’agit de réfléchir entre congressistes et de faire part de nos idées et de clés de lecture autour de ce thème. C’est une démarche participative. Nous avons voulu ça pour éviter le congrès classique très conventionnel. Ces laboratoires vont nous permettre de voir comment on se positionne en tant que directeur de CFA, à travers trois angles définis à l’avance : le management d’équipe, les innovations pédagogiques et les organisations en réseau. Ce sont les trois lignes qui seront abordées et qui déboucheront sur différentes propositions. Cela signifie qu’à l’issue du congrès, les directeurs de CFA repartiront avec des références qui nourriront leur réflexion.

 

Et puis il y aura également le témoignage de Pierre Giorgini…

Effectivement. Le lendemain, il y aura une conférence-débat avec intervention du président-recteur de l’université catholique de Lille, avec deux temps de prise de parole : d’abord une approche théorique, qu’il complétera ensuite avec son témoignage de chef d’entreprise. Il évoquera la conduite du changement basée sur ses propres expériences. Pour les congressistes, il sera très intéressant de se saisir de toute cette matière pour produire et arriver à mieux appréhender cette question.

 

Dans la région, il y a un renouveau de l’apprentissage avec Xavier Bertrand, le président du Conseil régional, qui a souhaité le mettre en avant…

Oui, c’est un axe très important de son projet politique. Quand il est arrivé à la tête de la Région, il a mis l’accent sur l’apprentissage avec une volonté très forte de développement. Il y a actuellement 33 000 apprentis dans les Hauts-de-France, il aimerait qu’il y en ait 50 000. Au-delà de ça, il a mis en place ce qu’on appelle un plan apprentissage très ambitieux. Il a revu les aides aux employeurs, il a mis en place tout un bouquet de services. Il encourage très fortement l’apprentissage.

 

Phrase en gras et en gros :

“Objectif : 50 000 apprentis dans les Hauts-de-France”

 

Encadré

Patrick Maigret, président de la Fnadir

«L’apprentissage s’est développé sur les niveaux supérieurs»

 

La Gazette : Quelle est l’image de l’apprentissage en France aujourd’hui ?

Patrick Maigret : C’est une image un peu complexe. Tout le monde reconnaît que l’apprentissage a plein de vertus, notamment sur les résultats enregistrés, la capacité d’insertion à l’issue de la formation, et les niveaux de rémunération plus élevés que ceux des jeunes ayant suivi des niveaux de formation plus scolaires. Par contre, sur un réel développement de l’apprentissage, la France ne fait pas partie des pays européens où le nombre d’apprentis est en rapport avec le chiffre de sa population. Nous sommes clairement en retard.

 

Quelles sont les raisons de cet écart ?

Dans l’Hexagone, il y a encore et toujours une certaine désaffection pour la voie professionnelle. C’est une des premières raisons. Cela veut dire que les jeunes à la sortie du collège, d’une manière générale, sont moins orientés dans cette direction. Inévitablement, cela veut dire moins de jeunes dans nos dispositifs de formation. En revanche, si auparavant l’apprentissage pouvait être considéré comme une voie de garage pour les élèves qui ne réussissaient pas, désormais ça évolue.

 

Il y a également la volonté des CFA de vouloir donner une image attractive de leurs formations…

Oui, cela fait très clairement partie de nos priorités. Pour cela, nous développons la qualité de la formation, la professionnalisation de l’ensemble des acteurs, et nous cherchons à avoir de l’attractivité au niveau du dispositif. L’apprentissage s’est développé sur les niveaux supérieurs et tout cela a redonné de l’intérêt. D’ailleurs, le gouvernement actuel montre une réelle volonté de travailler à la mise en place de passerelles et de synergies entre les acteurs pour enclencher la vitesse supérieure sur cette problématique de l’apprentissage.

 

 

Denis Jorel.

 

Patrick Maigret.