Denis Heftre «Un projet de combats»
Président-fondateur d’ADH, société de conseil spécialisée en recrutement et en accompagnement des mutations des entreprises, Denis Heftre se porte candidat à la présidence du Medef 54. Un postulat qui ne doit rien au hasard quand on connait son parcours et son leitmotiv : faire un lien constant entre l’homme et l’entreprise.
A 56 ans, Denis Heftre reste un homme de passion. Il l’exprime luimême : «j’aime être direct et clair. Pas de langue de bois avec moi». Ce Vosgien d’origine aux profondes racines lorraines a créé en 1986 la société ADH, devenue vingt-six ans après une référence dans son domaine d’activité. ADH c’est 38 collaborateurs, un siège à Villers-lès-Nancy, des agences à Metz, Lyon, Paris, Aix-Marseille. Quand Denis Heftre évoque son itinéraire, la fibre humaniste qu’il revendique comme une identité personnelle s’anime. «Je suis né dans le métier du conseil au moment où le monde entrait en mutation. J’ai été amené à m’engager dans la restructuration de secteurs hautement symboliques en Lorraine tels le textile, la métallurgie, les mines, la sidérurgie. Puis, ADH a oeuvré avec les filières de l’assurance, des banques, de la santé et du médicosocial. Entre 1992 et 2006, la société a accompagné douze des quatorze plus importants projets industriels de la région.» Entrepreneur de conviction, il martèle ses arguments. «L’interface doit être permanente entre l’entreprise et ses collaborateurs. Avec un regard constant d’ouverture dans une logique de co-construction. A un moment, on dépend toujours des autres. Il faut sortir du fantasme du “moi-je”. Toute la stratégie d’ADH repose sur cette philosophie… qui est mienne et que j’entends faire partager au quotidien.» Denis Heftre, de par son cheminement, porte un regard lucide et sans concession sur le monde économique et la société en général.
La fin du mythe bipolaire
Parlez-lui marché du travail et compétitivité, l’homme est sans ambiguïté. «Il faudra bien comprendre un jour en France que nous ne vivons plus dans un monde fermé et bipolaire. Notre pays a pris des retards conséquents. Nous ne sommes pas actuellement dans une crise mais dans une fracture systémique et il est urgent de refonder notre pacte social. Sur le court terme, cela veut dire baisser le coût du travail, revenir rapidement aux 39 heures. Sur le long terme, il faut un cap, une vision à 20 ans, comme le firent nos aînés d’après-guerre. Et aussi, adaptons les formations de nos jeunes aux besoins réels des entreprises, réduisons les circuits, mettons fin au mythe du tout diplôme. Faisons preuve de pragmatisme, de bon sens mais aussi d’audace.» Quand on en vient sur le sens de sa candidature à la présidence du Medef 54, les mots sont sans équivoque. «J’ai toujours eu un engagement citoyen, je fais partie de ceux qui râlent et agissent pour que les choses bougent. Si je suis élu, je veux redonner aux entreprises et à ceux qui les animent toute leur place sur nos territoires. Ils méritent du respect. J’ai pour moi une expertise de trente ans au cours desquels j’ai pu développer d’importants réseaux auprès des PME, des grands groupes, des décideurs politiques, et des solutions innovantes pour les ressources humaines (Sherpas) et en direction du handicap. Je suis impliqué dans plusieurs instances, comme représentant du Medef. Aujourd’hui, l’entreprise est pilonnée de toute part, dans le discours ambiant notamment. Ce n’est pas tolérable. Je porterai cette voix forte comme président partout où il le faudra. Oui, j’ai une profonde estime pour François Pélissier. Le Medef et la CCI peuvent très bien fonctionner dans une complémentarité réelle. Pas besoin de cloisons entre les deux.» Denis Heftre, qui est aussi président de l’association APC et juge prud’homal, conclut : «nous devons dès maintenant bâtir le monde économique de demain sur une base humaniste, imaginer de nouveaux modèles. Pas pour nous, mais pour nos enfants et petits-enfants. On ne peut plus attendre».