Fabricant de têtes de batteries à Douvrin

Delviatek, un pari industriel pour la filière automobile régionale

L’histoire de Delviatek est celle d’une opportunité ouverte par l’avènement de la vallée de la batterie dans les Hauts-de-France : anticiper les besoins d’une filière industrielle en pleine mutation. Rencontre avec Bertrand Delzenne, président de Delviatek et PDG du Groupe Delzen.

Bertrand Delzenne, président de Delviatek, et Francky Decoster, directeur du site de Douvrin.
Bertrand Delzenne, président de Delviatek, et Francky Decoster, directeur du site de Douvrin.
Créée en avril 2022 pour intervenir sur la production de têtes de batteries, la société Delviatek réunit les expertises complémentaires de Delzen sur le découpage emboutissage et d’Elvia sur les circuits électroniques.

L’histoire démarre avec l’implantation d’Automotive Cells Company (ACC) à Douvrin, la première gigafactory opérationnelle sur la région et qui pourrait contribuer à la création d’environ 2 000 emplois directs à l’horizon 2030. «Dès 2021, nous nous sommes rapprochés de Saft, filiale de TotalEnergies et actionnaires d’ACC, pour identifier leurs besoins et leur proposer des solutions au regard de notre expertise. Lors de ces échanges, nous avons perçu une opportunité : nos compétences en découpage-emboutissage pouvaient parfaitement répondre aux exigences de la production de batteries, notamment pour les pièces métalliques».

Implantée sur un bâtiment de 2500 m2 dans le Parc des industries Artois-Flandres, l’entreprise démarrera la production industrielle de têtes de batteries en août 2025 avec une montée en puissance progressive.

Un défi économique, technologique, social et local

C’est ainsi que la société Delviatek voit le jour en avril 2022 pour intervenir sur la production de têtes de batteries, réunissant les expertises complémentaires de Delzen sur le découpage emboutissage et d’Elvia sur les circuits électroniques. Un premier contrat signé avec ACC à l’été de la même année vient conforter l’ambition de la nouvelle entreprise de devenir un acteur stratégique de la filière batterie française. Une ligne de production hautement automatisée est alors mise en place, pensée pour des volumes industriels massifs, sur un bâtiment de 2 500 m² dans le Parc des industries Artois-Flandres. «Notre projet industriel repose sur quatre grands enjeux : un enjeu économique, le marché des batteries est ultra-concurrentiel et impose une automatisation poussée pour réduire les coûts de production ; un enjeu technologique avec l’intégration de nouvelles technologies comme la soudure laser et des machines adossées à des logiciels d’intelligence artificielle pour améliorer la performance et la qualité des produits ; un enjeu social puisque la montée en puissance de Delviatek pourrait générer 25 emplois directs, auxquels s’ajoutent 15 postes chez Delzen et 35 chez Elvia ; et un enjeu local puisqu’en s’inscrivant dans une logique de relocalisation industrielle, Delviatek contribue au développement d’un écosystème français fort autour de la batterie».

En parallèle du partenariat avec ACC, la société Delviatek a entamé des discussions avec Verkor et AESC, et envisage également de se rapprocher de Prologium. «Les enjeux sont tellement importants que nous devons tous travailler ensemble pour constituer une supply chain de second rang. Mais nous devons mutualiser les moyens notamment pour ne pas rester de simples exécutants, mais de véritables concepteurs de solutions, cette valeur ajoutée qui nous assurera une place pérenne sur le marché… il faut mettre du muscle et de la matière grise !» Bertrand Delzenne milite ainsi pour une révolution dans la coopération industrielle. «Pour bâtir une filière batterie compétitive, il faut à mes yeux avancer collectivement, renforcer encore davantage les relations entre constructeurs et équipementiers, gagner en réactivité notamment dans la mise en oeuvre des projets et raccourcir les cycles d’innovation, entre prudence et audace».

Repenser la relation entre constructeurs et équipementiers

Si le démarrage du marché des batteries est plus lent que prévu, malgré l’enthousiasme suscité par l’implantation des gigafactories, Bertrand Delzenne affiche toutefois un optimisme assumé. «Le marché automobile vit une transformation sans précédent, mais pour que cette transition s’accélère et profite à l’industrie française, nous devons impérativement produire des véhicules électriques compétitifs localement. En s’appuyant sur nos atouts : une relation forte entre constructeurs et équipementiers et une stratégie d’innovation ambitieuse. Et bien que certains hésitent encore à se lancer dans cette industrie en raison des incertitudes, nous sommes convaincus que d’ici trois à quatre ans, nos investissements porteront leurs fruits !»

À ce jour, Delviatek compte 11 salariés, majoritairement des cadres et techniciens. Quant à la production industrielle de têtes de batteries, elle démarrera réellement en août 2025 avec une montée en puissance progressive. Avec en ligne de mire un objectif clair : se positionner comme un maillon essentiel de la filière batterie régionale et française pour faire des Hauts-de-France un territoire moteur de la transition énergétique et de la relocalisation industrielle.