Études économiques du Groupe bancaire BPCE,

Défaillances d’entreprises : la situation des PME reste préoccupante

Les défaillances d’entreprises ont continué d’augmenter au troisième trimestre 2024, mais sans accélération par rapport aux deux premiers trimestres de l’année. Les PME et ETI sont surreprésentées parmi les entreprises en difficulté.

© Adobe Stock.
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Le nombre d’entreprises en difficulté en France a atteint cette année son plus haut niveau depuis au moins quinze ans et, depuis fin 2023, le niveau de défaillances des PME et ETI reste très élevé par rapport aux grandes entreprises et aux plus petites entreprises (moins de trois salariés). Cette surreprésentation traduit « une fragilité particulière des PME et ETI », a souligné Alain Tourdjman, directeur des ²²²²²²² lors de la présentation à la presse de l’analyse économique du bilan du troisième trimestre 2024, le 11 octobre. « Tous les effets du ‘quoi qu’il en coûte’ pour les PME et ETI ont été effacés sur les deux dernières années.»

Selon les chiffres de BPCE l’Observatoire, près de 64 500 défaillances d’entreprises ont été enregistrées sur les 12 derniers mois, en hausse de 24 % par rapport à 2019, dont 13 035, sur ce seul troisième trimestre (+20 % par rapport au T3 2019).

Disparités territoriales et sectorielles

Cette situation a un fort impact sur l’emploi. « On continue de se situer autour de 250 000 emplois menacés par les défaillances sur les douze derniers mois », a poursuivi Alain Tourdjman, en précisant que le fait que ces emplois soient « menacés » ne signifie pas qu’ils vont disparaître. Autre constat : la vague de défaillances actuelle « n’est pas du tout alimentée par la vague de créations d’entreprise ». En effet, plus de la moitié des PME et ETI défaillantes sont des entreprises qui ont plus de dix ans d’existence.

En termes de répartition sur le territoire, le niveau de défaillances demeure très hétérogène. Les plus forts taux continuent d’être enregistrés en Aquitaine et Poitou-Charentes, suivis du Midi-Pyrénées et de l’Île-de-France.Les disparités sectorielles sont également importantes et atteignent leur plus haut niveau depuis 2009 dans l’agriculture, l’immobilier, l’informatique et les transports routiers de marchandises, en particulier.

Le bâtiment et l’immobilier fragilisés

Les défaillances enregistrées depuis un an dans le secteur de l’immobilier restent à un très haut niveau, du fait de la chute des transactions dans l’ancien, pour les agences immobilières, et de la hausse des coûts de la construction et de la faiblesse de la demande des ménages, pour la promotion immobilière. Le génie civil et les travaux d’installation (électricité, plomberie, isolation…) sont également impactés, mais dans une moindre mesure. Quant au bâtiment, « c’est un secteur qui a une inertie, il perçoit les chocs progressivement », a rappelé Alain Tourdjman. Et si le taux actuel de défaillances des entreprises du bâtiment n’est pas supérieur à la moyenne, « ce sont des entreprises fragiles ». Les travaux publics ont pour leur part « bénéficié de la demande des collectivités » en 2023 et 2024.

Vers une embellie pour le commerce et l’hébergement-restauration ?

Le secteur du commerce et de l’hébergement restauration est confronté à « un changement de comportement de consommation des ménages face à l’inflation et par rapport à la période avant Covid », a expliqué Julien Laugier, économiste au sein du Groupe BPCE. On observe aujourd’hui un très fort taux de défaillances dans les commerces alimentaires et les autres commerces de détail, ainsi que le commerce et la réparation de véhicules automobiles. La situation pourrait toutefois évoluer dans les mois à venir. « La consommation des ménages devrait reprendre en 2024 et on s’attend à une décrue des défaillances dans ce secteur l’année prochaine ».

L’économie française a assez bien résisté aux chocs

Ce bilan s’inscrit dans une conjoncture macroéconomique particulière. La croissance reste limitée, autour de 1,1 à 1,2% par an. Sur ce terrain, l’économie française « s’en sort pas mal », a relevé l’économiste, « elle a bien résisté aux chocs violents » induits par les pénuries d’énergies, la hausse de l’inflation, la hausse des taux d’intérêt, la guerre en Ukraine… À noter : la croissance des trois derniers mois a été portée par la demande extérieure (les exportations), « ce qui n’est pas favorable aux PME et ETI, qui dépendent surtout de la demande intérieure ». L’inflation est désormais revenue sous le seuil de 2% en France, mais « les taux d’intérêt restent élevés », malgré la baisse des taux directeurs de la Banque centrale européenne (BCE).

Poursuite de la consolidation financière de long terme

Le taux de marge se maintient à un bon niveau, autour de 31%, pour l’ensemble des entreprises. Mais il est plus faible dans les services (et en particulier dans la restauration et les services aux ménages), et dans les plus petites entreprises (autour de 24% pour les PME, selon la Banque de France). Mais si la conjoncture actuelle n’est pas favorable aux TPE et PME, « on constate une poursuite de la consolidation financière de long terme ». Les micro-entreprises et les PME ont ainsi déjà remboursé 55 à 57% de leur Prêt garanti par l’État (PGE).