Entreprises

Dans la spirale des défaillances d'entreprises

Les défaillances d’entreprises continuent d’augmenter. À l’échelle nationale, comme mosellane, on guette l’éclaircie. Des signes de décélération existent mais, pour l’heure, pas suffisants pour endiguer la vague.

En termes de défaillances des entreprises, le «rattrapage» de l'après Covid a laissé place à une situation préoccupante.
En termes de défaillances des entreprises, le «rattrapage» de l'après Covid a laissé place à une situation préoccupante.

Chaque début d’année, la Banque de France, publie les données des défaillances d’entreprises. En 2023, celles-ci s’élevaient à près de 55 500, soit + 34 % par rapport à 2022. Cette vague a continué durant cette année 2024. Pendant la crise sanitaire, les mesures de soutien mises en place par le Gouvernement avait permis de limiter les impacts sur les entreprises, et de réduire de manière notable, le nombre de défaillances. Depuis 2022, les liquidations et redressements ont fortement augmenté. Dans un contexte de demande et de croissance faible, défavorable aux entreprises, faisant face à une dégradation de leur trésorerie et à un allongement des délais de paiement, combiné aux remboursements des prêts garantis par l’État. Ainsi, la France retrouve des niveaux de défaillances observées, avant Covid, un total demeurant inférieur à la moyenne observée en 2010 et 2019. Les chiffres indiquent que cette hausse du nombre de défaillances touche tous les secteurs et toutes les tailles d’entreprises : le commerce, la construction, l’hébergement, la restauration, la promotion immobilière. Le social et le médical donnent aussi des signaux d’alerte.

En résistance économique

Cette sinistralité s’accroît concernant les PME. Le repère, ces dernières années, avant la pandémie, était le nombre de défaillances d’entreprises par an en France : 60 000 en moyenne. C’est le nom, d’ailleurs de l’association 60 000 rebonds qui accompagne les dirigeants face à ces faillites. À la fin du mois de septembre dernier, sur douze mois glissés, le nombre de défaillances d’entreprises s’élevait à 66 000, dont un peu plus de 64 000 cessations de paiements. Notre pays retrouve des niveaux remontant aux étés 2013 et 2015, avec pour le troisième trimestre 2024, 13 429 entreprises, soit une hausse de 20,1 % par rapport à la même période de 2023. Toutefois, dans ce climat morose, quelques éclaircies : le retour des activités tournées vers le consommateur - notamment pour le commerce de détail et les services à la personne -, et la résistance de la construction, pourtant impactée dans un contexte économique difficile.

Les TPE impactés, les ETI aussi

86 % des entreprises défaillantes comptent moins de cinq salariés : à l’image de la structure des entreprises en France, où les TPE pèsent plus de 90 % des sociétés. Près de 11 600 très petites structures sont ainsi entrées en défaillance. Quasiment les trois quarts d’entre elles ont fait l’objet d’une liquidation directe. Dans ce panorama hexagonal, la Moselle résiste. Sur les six derniers mois ont été enregistrées 1 604 liquidations judiciaires, 402 redressements judiciaires et 33 procédures de sauvegarde. Par rapport à mai dernier, c’est respectivement + 4,97 %, + 3,07 % et - 5,71 %. Cet effet domino observé à l’échelle nationale laisse poindre un risque d’accélération de cette courbe des défaillances au premier trimestre 2025, concentré essentiellement sur les entreprises qui ne seront pas parvenues à répercuter la hausse des coûts de production dans leur prix de vente. L’incertitude continue donc de régner. Jusqu’à quand ? Car cette inquiétude propagée s’en dessine une autre : 8 % des défaillances concernent les PME-ETI. Une proportion qui demeure au plus haut sur dix ans, très au-dessus de celle d’avant Covid (6,4 % en moyenne). Les difficultés de ces employeurs font peser une menace forte sur l’économie et l’emploi des territoires.