De nouvelles relations entre urbain et rural

Les maires et les présidents d’intercommunalité du Pas-de-Calais se sont retrouvés, début octobre à Artois Expo, pour participer à la journée d’échanges organisée par l’Association des maires du Pas-de-Calais (AMF62). Cette rencontre a permis aux élus d’assister à différentes interventions de personnalités du territoire, d’échanger sur le thème «Nouvelle communauté, nouvelles relations entre urbain et rural» au travers deux riches tables rondes, et de participer aux assemblées générales statutaires de l’AMF62.

La seconde séquence « Le PLUi, un outil pour dessiner son projet de territoire ».
La seconde séquence « Le PLUi, un outil pour dessiner son projet de territoire ».

 

Les participants, dont de nombreuses personnalités du territoire, ont écouté les communications de Philippe Rapeneau, président de la communauté urbaine d’Arras, André Laignel, 1er vice-président délégué de l’Association des maires de France, Fabien Sudry, préfet du Pas-de-Calais, Xavier Bertrand, président du conseil régional des Hauts-de-France, et André Flajolet, président de l’AMF62. Lors de son intervention de clôture, Michel Dagbert, président du Conseil départemental du Pas-de-Calais, a exprimé tout son attachement aux Départements et à l’équilibre ruralité/urbain.
Par ailleurs, Philippe Druon, président du CPIE (Centre permanent d’initiatives pour l’environnement) Ville de l’Artois et du Conseil français des urbanistes, a animé deux tables rondes séquences thématiques : «Contrat de ruralité et revitalisation des centres-bourgs» et «Le plan local d’urbanisme intercommunal (PLUi), un outil pour dessiner son projet de territoire». Comme il l’a exprimé, «la législation sur les documents d’urbanisme en France est très riche. Il s’agit de se saisir de cette obligation réglementaire pour animer nos territoires, pour passer du formel au relationnel en quelque sorte. Voilà, en quelques mots, l’esprit des réflexions autour des tables rondes.»

 

Contrat de ruralité et revitalisation des centres-bourgs

 

Cette séquence s’est déclinée à travers quatre interventions. Tout d’abord, Claude Bachelet, président d’un PETR (Pôle d’équilibre territorial et rural : les PETR sont des structures regroupant plusieurs EPCI) qui regroupe le Ternois et les 7 Vallées, a témoigné de son contrat de ruralité concernant 170 communes regroupées autour de 8 centres-bourgs, 70 000 habitants au total.
Ensuite, le Conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement (CAUE) du Pas-de-Calais, en la personne de Laurence Morice, directrice adjointe, urbaniste et architecte, a montré à quel point l’élu est un visionnaire qui doit avoir une conception large de sa commune, tout en sachant manier les échelles. «L’élu est comme un homme orchestre qui doit s’intéresser à toutes les échelles : à la proximité immédiate du terrain mais aussi, forcément, au territoire des voisins ; au court terme et au long terme ; à l’ensemble des sujets qui concernent une commune : l’habitat, l’espace public, le patrimoine, les commerces et les services et enfin la mobilité, etc.».
Toujours sur le thème de la revitalisation rurale, Michel Sergent, vice-président de la communauté de communes de Desvres-Samer, accompagné de Nadège Plancke, chef de projet, a présenté le passionnant travail de revitalisation du centre-ville de Desvres (avec 5 260 habitants, est-on un bourg ou une ville ?) effectué dans le cadre d’un appel à manifestation d’intérêt (AMI). Desvres est l’un des 54 territoires lauréats de la procédure AMI qui s’est intéressée à toutes les thématiques et facettes de la commune. Enfin, Marc Del Grande, secrétaire général de la préfecture du Pas-de-Calais, sous-préfet d’Arras, a conclu cette séquence en faisant part, preuves à l’appui, de l’attachement de l’État au service de cette revitalisation rurale.

 

Le PLUi, un outil pour dessiner son projet de territoire

 

Ce second thème avait pour objectif majeur de démontrer qu’un outil aussi réglementaire que le PLUi peut être un outil d’animation des territoires auprès des élus, des habitants et même des collégiens. Trois interventions illustraient cette réflexion sous différents angles. Matthieu Dewas, directeur départemental des territoires et de la mer (DDTM), a donné quelques indicateurs sur l’intérêt du PLUi et sur la manière de conduire son élaboration. En effet, il peut, au-delà du respect de la loi, insuffler dans son action réglementaire un développement harmonieux des territoires. La question de la mise en commun des moyens est posée : la complexité des procédures n’entraîne-t-elle pas de fait une obligation de mutualisation pour les collectivités ?
Christian Leroy, président de la communauté de communes du Pays de Lumbres, a montré comment on peut aller au-delà d’une simple vision réglementaire et normative de l’écriture du PLUi, pour impliquer les habitants, les collégiens et les enseignants. Pour lui qui a élaboré un PLUi qui couvre 36 communes et 24 000 habitants, il affirme sans hésiter : «Sans PLUi , pas de salut.» Il s’est ainsi tourné vers une procédure largement publique de concertation avec la population et parle de motivation des élus et des habitants, mais aussi du souhait d’impliquer les jeunes en donnant au PLUi un intérêt pédagogique.
Enfin, Yves Dupont, maire d’Annequin, ancien président du SCOT de l’Artois, a parlé «d’évaluation de l’ancien SCOT et du dialogue pédagogique avec une centaine d’élus» sur le sujet du rapport SCOT/PLUi dans le contexte de l’élaboration du nouveau schéma de planification SRADDET (Schéma régional d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires) qui fusionnera plusieurs schémas existants (obligation de la loi NOTRe pour les régions). Il en ressort une grande réserve sur le PLUi fondée sur une crainte du dessaisissement des compétences des maires et un attachement local aux «bassins de vie» dans lesquels se reconnaissent autant les élus que les citoyens.
Ces communications ont permis à Philippe Druon de conclure : «Un document d’urbanisme est une formidable occasion pour les maires de porter un regard à la fois détaché et prospectif sur leur territoire, mais c’est aussi l’occasion d’engager un débat avec tous : habitants, élus des communes alentour, jeunes des collèges et lycées.»

 

Phrase en gras et en gros :

L’élu est comme un homme orchestre qui doit s’intéresser à l’ensemble des sujets qui concernent sa commune”

 

Les intervenants (de gauche à droite) : Philippe Rapeneau, président de la Communauté urbaine d’Arras, André Laignel, 1er vice-président délégué de l’Association des maires de France, Fabien Sudry, préfet du Pas-de-Calais, Xavier Bertrand, président du Conseil régional Hauts-de-France, et André Flajolet, président de l’AMF62.

Philippe Druon, président du CPIE Ville de l’Artois et du Conseil français des urbanistes, a animé deux tables rondes thématiques. Ici la séquence «Contrat de ruralité et revitalisation des centres-bourgs».