De gros investissements depuis deux ans

L’entreprise, spécialisée dans le carrelage, a investi environ 14 millions d'euros (presse, four, séchoir, imprimantes numériques…). Elle veut aussi doubler l’export et faire mieux connaître son «Origine France garantie».

De gros investissements depuis deux ans
Pascal Bouckaert, le président de Desvres céramique.

Pascal Bouckaert, le président de Desvres céramique.

Cette vaste usine, à Louvroil, en bordure de la Sambre, est implantée sur d’anciens terrains Vallourec, loin des regards, dans un environnement très industriel. Ce site de fabrication de carrelages en céramique aux couleurs de Desvres a été le théâtre de gros investissements depuis 2013/2014.

Selon Pascal Bouckaert, président de Desvres céramique, si Desvres n’est pas le seul fabricant français de carreaux en céramique, il considère que son entreprise est aujourd’hui le seul producteur «à faire de tels volumes». Il précise : «Nous avons des gammes spécifiques et nous occupons une position géographique stratégique dans le nord de l’Europe. On se modernise parce que nous sommes dans la compétitivité.»

Dans ses documents commerciaux, l’entreprise ne cache pas son intention de devenir l’une des plus modernes usines d’Europe. Pascal Bouckaert aime bien citer un chiffre : «En surface, nous produisons et nous expédions l’équivalent de 77 terrains de tennis par jour.» Cela représente environ 15 000 à 16 000 m2 de production quotidienne et à peu près 5 millions de mètres carrés par an.

Un artisanat… de taille industrielle. L’usine de Louvroil fonctionne 24 heures sur 24, selon le principe des trois-huit. Le processus industriel est relativement simple à décrire. D’un côté, arrivent, par camions, les matières premières. Elles sont stockées dans des box. L’argile, le fedspath, le sable viennent de fournisseurs allemands, turcs ou français. Et de l’autre, sortent des carreaux, de 30 par 30 cm à 60 par 60 cm en général. Entre ce qui arrive et ce qui sort, l’activité, assurée par de gigantesques installations, se divise en deux grandes parties. D’abord, la préparation des poudres : dosage, broyage/mélange/délayage, tamisage, atomisation. Les «recettes» ont été mises au point par la R&D. Ensuite, la production des carreaux, leur façonnage, avec les étapes de pressage, séchage, émaillage (décoration), cuisson dans des fours (jusqu’à 1 200 degrés), triage, conditionnement, expédition…

Marc Deprez, responsable HSE (hygiène, sécurité, environnement), explique qu’il s’agit «d’un artisanat de taille industrielle» exigeant des opérations de contrôle et de rectification en permanence pour éviter les pertes et rester dans les normes de fabrication et de qualité. «La céramique est une matière vivante», résume-t-il, expliquant que c’est après la cuisson qu’apparaît la vraie teinte. Il parle du taux d’humidité à maintenir à 5%, des phénomènes de rétraction de la matière, de l’importance de l’espace des «nuanceurs», la dernière étape avant le conditionnement.

Gros investissements. Depuis deux ans, la direction de Desvres a investi pour moderniser les lignes de production. Pascal Bouckaert cite le chiffre de 14 millions. Ils ont porté, par exemple, sur une presse de 170 tonnes (de 200 bars de puissance, avec amélioration des cadences et des volumes) ; un séchoir de dernière génération ; un émaillage digital avec des imprimantes numériques placées dans des espaces climatisés ; un four à gaz, à deux niveaux de cuisson, moins vorace en énergie avec refroidissement forcé, d’une longueur de 115 m.

Stratégie nouvelle. Ces efforts visent, explique-t-il, à développer l’exportation. Celle-ci représente actuellement 15% (vers la Belgique, l’Allemagne, la Grande-Bretagne, le nord de l’Europe). L’objectif est d’atteindre les 30% dans les deux ans. Précisons que les clients de Desvres céramique sont des architectes, promoteurs, constructeurs, grands comptes du tertiaire, carreleurs et particuliers servis à travers un réseau de négoces généralistes et spécialistes. On y retrouve les grandes surfaces du bricolage ainsi que des spécialistes détaillants du bâtiment et du carrelage. L’entreprise évalue à 800 le nombre de ses points de distribution en France.

L’exportation n’est cependant pas le seul objectif. L’entreprise veut aussi développer son image auprès du grand public à l’international. Même si l’interlocuteur direct de Desvres est professionnel, 50% de la clientèle finale se compose de particuliers. Et Pascal Bouckaert note au passage que le «marché institutionnel» est à la baisse.

Cette orientation touchant à la communication et au marketing est récente. Elle s’est traduite par l’organisation d’une visite pour les élus locaux, le développement des liens avec le monde universitaire, l’adoption d’un logo «French style, world tiles» (tiles voulant dire “carreaux”), la mise en avant de l’ “Origine France garantie” (obtenue en décembre 2014) à l’image de constructeurs automobiles. «Le client final est maintenant sensibilisé. C’est pour cela que l’on insiste sur notre identité française afin de nous démarquer de nos concurrents italiens et espagnols.»

Organigramme

La SA Desvres carrelage, vaste site industriel de Louvroil en bordure de la Sambre, est une filiale de Cofrac, entité administrative organisée sur deux établissements : un à Boussois (entre Maubeuge et Jeumont) et un à Desvres (le site historique du Pas-de-Calais). Rappelons que l’histoire de Desvres a commencé en 1863 avec la création d’une première usine de faïence dans la commune qui a donné son nom à l’entreprise en 1983.

Cofrac regroupe en fait deux filiales complémentaires : Desvres carrelage (qui dispose d’un magasin d’usine à Longfossé, dans le Pas-de-Calais) et aussi Cermix, où l’on fabrique colles et joints (ce que l’on appelle les produits de mise en œuvre) et qui est répartie sur trois établissements (un à Desvres, un à Feignies, près de Maubeuge, et un à Sorgues, dans le Var). Le site de Louvroil emploie environ 200 personnes, le groupe totalisant environ 400 salariés. Il y a aussi des implantations en Italie (Cofrac Italia qui gère le négoce du carrelage) et en Suisse (Cermix Suisse). Depuis 1995, Cofrac a été reprise par le groupe belge Koramic industries.