De bonnes prévisions pour 2021 selon la Banque de France
Dans un webinaire organisé fin septembre, la Banque de France a dévoilé les résultats de sa dernière enquête réalisée auprès des chefs d'entreprise de la région : 2020 n'a pas été si catastrophique que cela malgré la crise, et 2021 sera une bonne année, au-dessus des prévisions et espérances.
«C'est une bonne surprise», sourit Kathie Werquin-Wattebled, directrice régionale de la Banque de France. Malgré une crise sanitaire aussi inédite que brutale qui a impacté l'économie mondiale dès le début du printemps, 2020 n'a pas été si catastrophique. «Bien sûr, il y a eu une baisse assez significative du chiffre d'affaires des entreprises entre 2019 et 2020, notamment en raison de l'arrêt des exportations commerciales, mais ce phénomène n'a pas impacté tous les secteurs d'activité de la même manière et a parfois été vite balayé par la reprise», poursuit Kathie Werquin-Wattebled. Dans l'industrie et le BTP, le redémarrage a pris un peu plus de temps alors que dans le commerce, «notamment grâce au développement du digital», le phénomène n'a pas été trop marqué.
Hausse de l'endettement
Au niveau de la rentabilité, là aussi, la crise n'a pas fait trop de dégâts. «Les entreprises ont été plutôt résilientes, observe la directrice régionale de la Banque de France. Cela s'explique par les différentes mesures de compensation de l'État, comme l'activité partielle, ce qui prouve qu'elles étaient plutôt bien adaptées.» Dans le BTP, les rentabilités ont été un peu plus touchées que dans d'autres secteurs. «Quand les chantiers sont arrêtés et que ça redémarre, c'est un peu plus compliqué. Les nombreux achats de protection pour respecter les mesures barrière sont aussi responsables de la situation.»
L'année 2020 est aussi marquée par une forte progression de l'endettement, «essentiellement en raison des prêts garantis par l'État (PGE), qui ont été des mesures extrêmement efficaces», précise Kathie Werquin-Wattebled. À l'échelle nationale, ce sont ainsi 140 milliards de PGE qui ont été distribués, dont un peu plus de 8 milliards dans la région. Avec un impact sur le ratio de structure des entreprises et sur leur capacité de remboursement.
Sur les effectifs, «là aussi, on a plutôt de bonnes nouvelles», révèle la directrice régionale de la Banque de France. Après une belle dynamique d'emploi en 2019, la baisse enregistrée en 2020 n'a pas été trop marquée (-0,9%), surtout en comparaison avec la baisse globale du chiffre d'affaires. «On aurait vraiment pu s'attendre à pire», commente Kathie Werquin-Wattebled.
Des problèmes de recrutement
Les prévisions 2021, quant à elles, sont «extrêmement toniques dans tous les secteurs» : après un plongeon de la production au printemps 2020, la Banque de France observe un retour quasiment à la normale actuellement. Dans certains secteurs, le niveau a même dépassé celui d'avant-crise. Côté investissement, là non plus pas de ralentissement en vue. «Il y a un effet report après l'année 2020 et un effet booster provoqué par le plan de relance, bien sûr, mais il a aussi une vraie volonté des chefs d'entreprise de réinvestir.» Sur les effectifs, de bonnes prévisions également avec une augmentation de +4% espérée dans l'industrie.
Seule ombre au tableau, une problématique de recrutement constatée dans tous les secteurs. «On est passés d'une situation très ponctuelle, par secteur ou par zone géographique, à une situation complètement généralisée du manque de main-d'oeuvre, qualifiée ou non qualifiée. Aujourd'hui on ne voit pas un seul chef d'entreprise qui ne soit pas en recherche de compétences», regrette Thibault Delepoulle, dirigeant du Groupe Pouchain, spécialisé en maintenance et ingénierie de réseaux électriques. «Il faut s'interroger sur la formation initiale dans certains domaines. Se remettre en cause dans le recrutement des juniors et des seniors également. C'est le challenge de demain pour nos filières professionnelles», conclut le chef d'entreprise.