Darmanin honore les soldats musulmans de 14-18 et appelle l'Islam de France à s'organiser

Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a enjoint les représentants de la communauté musulmane à mieux s'organiser pour se "faire entendre", après avoir honoré la mémoire des soldats musulmans morts pour la France pendant la Première guerre mondiale...

Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin accueilli par des imams à la Grande mosquée de Paris, le 11 novembre 2023 © Thomas SAMSON
Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin accueilli par des imams à la Grande mosquée de Paris, le 11 novembre 2023 © Thomas SAMSON

Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a enjoint les représentants de la communauté musulmane à mieux s'organiser pour se "faire entendre", après avoir honoré la mémoire des soldats musulmans morts pour la France pendant la Première guerre mondiale, samedi à la Grande mosquée de Paris. 

"Si vous voulez faire entendre votre voix, il faut vous organiser", a-t-il affirmé en rencontrant une soixantaine de représentants de la communauté musulmane.

"Si vous n'avez pas d'organisation, c'est un peu votre faute. Vous continuez à vous définir comme Marocains, Algériens, vous ne parlez pas entre vous", a estimé le ministre, alors que la structuration du culte musulman reste un sujet épineux, le "Forum de l'islam de France" (Forif) lancé fin 2021 peinant à s'imposer.

Gérald Darmanin, chargé des cultes, était interrogé sur le "deux poids, deux mesures" qu'éprouvent des représentants musulmans à la veille de la "grande marche civique" contre l'antisémitisme de dimanche. "J'aurais préféré qu’on soit dans l’unité de la République et du peuple français", a lancé l'un des interlocuteurs du ministre.

La visite avait commencé par un dépôt de gerbe en mémoire des 70.000 à 100.000 soldats musulmans morts durant la "Grande guerre", en présence du recteur de la Grande mosquée de Paris Chems-Eddine Hafiz, du préfet de police de Paris Laurent Nuñez, de la présidente de la région Ile-de-France Valérie Pécresse et de la maire du 5e arrondissement Florence Berthout.

Le ministre a ensuite répondu pendant une heure aux questions de représentants musulmans, inquiets en cette période de conflit entre Israël et le Hamas. 

"Pourquoi les mosquées ne bénéficient-elles pas de la mêmes sécurité (que les édifices juifs, ndlr)?" ou "pourquoi les manifestations en soutien des Palestiniens ont été interdites?", lui ont-ils notamment demandé. 

A la première question, Gérald Darmanin a répondu que "500.000 euros ont été octroyés pour la sécurité du culte musulman" depuis le début de l'année. "Il reste de l’argent, l’Etat est à votre disposition. Tous les dossiers déposés par des organismes musulmans ont reçu une réponse positive", a-t-il souligné.

A la seconde, il a expliqué les règles de sécurité et de déclaration des manifestations. "La France ne fait pas de distinction entre ses enfants", a-t-il assuré, martelant que "nous n’avons aucun problème avec la communauté musulmane".

"Sur 2.600 lieux de culte musulmans on a eu, en un mois, trois problèmes", a-t-il ajouté, alors que des représentants musulmans dénoncent une montée du racisme les visant, notamment lors d'interventions dans les médias, depuis l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre contre Israël.

Dans une tribune publiée samedi par Le Monde, Chems-Eddine Hafiz a appelé à "stopper les amalgames" et "arrêter d’accuser les musulmans des maux de notre société, et en particulier de l'antisémitisme". 

"Il y a des discriminations. Mais est-ce que c’est la religion ou la couleur de peau" qui joue, s'est interrogé Gérald Darmanin lors de la rencontre, avant d'évoquer l'"éléphant dans la pièce : un islam radical extrêmement minoritaire mais extrêmement vocal" et qui "tue plus de musulmans que de chrétiens dans le monde". 

"On gagnerait à se dire que l’islam est une religion française et qu’elle doit s’organiser indépendamment de l’influence des pays", a-t-il martelé.

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