Dans une église toulousaine, du yoga au son de l'orgue pour "être transporté"

Des amateurs de yoga en ont découvert ce mois-ci à Toulouse une variante originale, le "yorga", déclinaison de cet art indien de la relaxation au son d'un orgue...

 © Claire MORAND
© Claire MORAND

Des amateurs de yoga en ont découvert ce mois-ci à Toulouse une variante originale, le "yorga", déclinaison de cet art indien de la relaxation au son d'un orgue dans le décor d'une église néo-gothique.

"Déjà le yoga en lui-même, c'est quand même une pratique qui est assez spirituelle, ajoutée au lieu et à la musique, on est encore plus transporté", souligne Stéphanie Metche, pratiquante de 47 ans.

Sur les lattes usées d'un parquet plus que séculaire, les tapis multicolores répondent aux murs polychromes de l'église du Gesù, construite par les jésuites vers 1860 mais qui n'a aujourd'hui plus de pratique cultuelle.

Chien tête en bas, salut au soleil ou posture du lotus... pendant la séance, les positions s'enchaînent sous le regard de la Vierge Marie, installée au cœur d'une étonnante reproduction de la grotte de Lourdes, au fond de cet édifice religieux devenu propriété de la ville de Toulouse.

"Je suis partie dans mes pensées, je suis partie loin", raconte Romane Lavigne, 24 ans, qui s'essayait pour la première fois au "yorga".

"C'était très agréable et très original surtout, je me disais: +j'ai beaucoup de chance de faire ça dans une église avec un orgue et du yoga+, c'est insolite", dit-elle.

énergie" et "recueillement

Betty Basset, professeure de yoga de 52 ans, dirige ces séances au son de l'orgue depuis trois ans. "C'est un grand moment de partage, toujours une expérience unique", affirme-t-elle.

"Avec le yoga, il y a une intériorité, ce côté spiritualité en nous et dans un lieu comme ça, effectivement, on ressent (aussi) la spiritualité du lieu", souligne Mme Basset. 

Pour autant, précise-t-elle, "il n'y a rien de religieux", plus "une énergie et un recueillement internes".

La professeure donne aux organistes qui participent des indications sur le "rythme de la séance": "C'est-à-dire qu'on va commencer on va dire tranquillement et puis en milieu de séance, il va y avoir un côté beaucoup plus dynamique et puis on revient sur une baisse d'énergie et donc une descente musicale".

"Voilà, après ils ont carte blanche", dit-elle. 

Le "yorga" est une idée du festival "Toulouse-Les Orgues" qui se déroule chaque mois d'octobre depuis presque 30 ans dans la ville rose.

- Debussy et César Franck - 

"On a trente orgues dans le centre de Toulouse, presque 600 en région Occitanie, donc notre but, c'est vraiment de faire vivre ces orgues-là, et pas particulièrement dans un contexte religieux ou liturgique", explique le directeur de la manifestation, Yves Rechsteiner.

Cela passe par une "Battle" de toccatas (pièces pour clavier exaltant la virtuosité) à la basilique Saint-Sernin, la réalisation live d'une bande dessinée au son du gigantesque instrument à vent, ou donc par le "yorga" car, explique le festival dans sa présentation, "l'orgue, instrument aussi doux que puissant, nous masse de ses vibrations et nous emmène vers des états contemplatifs".

"Ne serait-il pas un compagnon d'expérience idéal pour une séance de yoga ?" s'interrogent les organisateurs.

Devant l'instrument de l'église du Gesù, créé en 1864 par le célèbre facteur d'orgue de l'époque, Aristide Cavaillé-Coll et monument historique depuis 1977, la jeune organiste coréenne, Eunhye Lee, semble assez d'accord.

"Ça marche bien ensemble", sourit-elle timidement. Pour sa première séance de "yorga", elle avait notamment choisi du Debussy et du César Franck. Des oeuvres à la fois "douces" et "expressives".

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