Dans le secteur du BTP, c’est l’inquiétude qui règne

"La priorité pour nous, c’est la sécurité de nos équipes", Nicolas Blangy, président de la FFB de la Somme.
"La priorité pour nous, c’est la sécurité de nos équipes", Nicolas Blangy, président de la FFB de la Somme.

Les deux principales organisations patronales (Capeb et FFB) recommandent aux entreprises du secteur de cesser toute activité tant que le guide des recommandations et bonnes applications des gestes barrières professionnels [ndlr, qui n’était pas encore sorti à l’heure où nous écrivons ces lignes] promis par le Gouvernement n’a pas paru. Aux chefs d’entreprises ensuite de juger s’ils peuvent redémarrer l’activité dans de bonnes conditions sanitaires. C’est là un des gros problèmes du BTP : pour les professionnels, il est très difficile de travailler dans de telles conditions, en appliquant les bons gestes barrières, avec des salariés – souvent nombreux sur un même site – partageant les réfectoires, les sanitaires, se croisant en permanence, devant porter de lourdes charges ensemble, etc. «  Ça paraît très compliqué, même avec de la bonne volonté, surtout au rythme imposé par nos clients. Les architectes rencontrent la même problématique, sans compter qu’il y a également la question des suivis de chantier. Je suis assez sceptique sur le fait que ce guide change la donne », souligne Nicolas Blangy, président de la FFB de la Somme.

« Ce ne sera pas
facile »

« Une grosse partie de nos entreprises sont fermées, dans l’attente ce guide, pour pouvoir ensuite rouvrir les chantiers, confirme Nicolas Blangy. Suite à ça, est-ce que nous allons pouvoir reprendre notre activité, et à quel niveau ? Très franchement, aujourd’hui, je suis incapable de le dire… La priorité pour nous, c’est la sécurité de nos équipes. » Pour ce mois de mars, les entreprises vont écouler au maximum les congés, RTT et heures supplémentaires des salariés, pour limiter le recours au chômage technique, qui sera certainement plus massif en avril. « Nous avons encouragé les salariés à  ouvrir des demandes de chômage partiel, même si certains chantiers continueront de fonctionner, il serait très surprenant qu’il y ait suffisamment de travail pour tous nos ouvriers. On pourra organiser des rotations par exemple, quoi qu’il en soit, ce ne sera pas facile », poursuit Nicolas Blangy, inquiet comme tout chef d’entreprise sur le volet trésorerie. « À ce niveau, nous sommes vraiment dans l’annonce : quand on appelle les banques, elles nous disent ne pas avoir d’infos, que les fonds BPifrance sont déjà tous consommés… Avancer les salaires d’avril sans aucune facturation, sans rentrées d’argent, ça va être extrêmement compliqué, surtout si parallèlement nous devons redémarrer l’activité sans cash », déplore-t-il.