Santé et maintien à domicile

Crise des métiers de l’accompagnement : la Somme cherche des solutions

Alors que la population vieillit et que les besoins d’accompagnement augmentent, les secteurs sanitaire, social et médico-social traversent une crise profonde. Le Département de la Somme a souhaité réunir tous les acteurs pour établir un constat commun et esquisser des premières réponses avant la tenue fin novembre à Amiens d’une réunion du Conseil national de la refondation (CNR) sur la santé.

Les participants aux tables rondes, autour de Stéphane Haussoulier, ont dressé un constat commun, et tenté d'esquisser quelques réponses. ©Aletheia Press/ D. La Phung
Les participants aux tables rondes, autour de Stéphane Haussoulier, ont dressé un constat commun, et tenté d'esquisser quelques réponses. ©Aletheia Press/ D. La Phung

« La crise sanitaire a exacerbé les difficultés rencontrées par des métiers pourtant essentiels. Au-delà de l’aspect financier, il nous faut définir ensemble cet "autre chose" qui fait que le secteur de l’accompagnement souffre, lance Stéphane Haussoulier, président du Département. Nous devons identifier les difficultés, s’en saisir et y remédier », assure-t-il, rappelant que la collectivité a toujours répondu présent sur le plan budgétaire. Dans la Somme, 10% de la population a plus de 75 ans. Un chiffre qui aura augmenté de dix points en 2050. 12 000 personnes sont prises en charge à domicile avec l’aide du Département et 8 000 (enfants, personnes âgées, personnes en situation de handicap) sont accueillies en établissements.

Un constat partagé par tous

« En 2015 selon l’Insee, on comptait dans la Somme 7 200 emplois liés à l’accompagnement. Au regard des besoins d’ici 2050, nous avons besoin de professionnels qualifiés et motivés », souligne Isabelle Delafont, directrice de l’Autonomie des personnes âgées et des personnes handicapées au Département de la Somme. 

D’après une étude menée par l’ARS au niveau régional, dans les établissements ou service social ou médico-social des Hauts-de-France, on manque principalement d’aides-soignant(e)s et d’infirmi(ers)ères. « Pour les structures du handicap, on manque d’ergothérapeutes, de kinés, de psychomotriciens mais aussi d’éducateurs », pointe Eloïse Larvor, représentante de l’ARS Hauts-de-France. Un contexte accentué par les manquements du Ségur de la Santé, qui, en privant 30% des salariés de l’augmentation de 183 euros accordée aux professionnels du secteur sanitaire a cultivé les tensions et le renoncement dans les équipes.

Ces besoins en main d'œuvre se heurtent qui plus est à une réelle difficulté de recrutements. Métiers complexes, mal connus, conditions de travail difficiles, faibles rémunérations… les raisons de ce désamour sont nombreuses. La formation de ces futurs professionnels est aussi une source d’inquiétude. Si 8 298 places, dont 975 dans la Somme, sont disponibles pour les formations paramédicales et 60 organismes, dont 17 dans la Somme, assurent l’apprentissage des métiers du social, les candidats sont moins nombreux, abandonnent ou peinent à obtenir leur diplôme.

Esquisser des réponses

Pour contrer ces difficultés, le Département mise par exemple sur son dispositif "Sortir du RSA" qui accompagne les bénéficiaires dans leur retour à l’emploi, notamment dans ces secteurs en tension. Pôle emploi, qui a vu les demandes de recrutement augmenter pour le service à la personne de 30% en un an, propose des formations sur-mesure ou des stages immersifs pour faire découvrir ces métiers.

Laetitia Creton, directrice de l’Emploi, du travail et des solidarités par interim évoque quant à elle l’engagement de l’État à hauteur de 9 milliards sur cinq ans pour accompagner le "bien vieillir" mais aussi les expérimentations menées sur le territoire – insertion, formation d’infirmières en apprentissage – comme levier pour l’avenir. La mise en place de plates-formes locales permettant de simplifier les prises de décisions a aussi été mentionnée ou encore l’amélioration des conditions de travail des salariés (durée de travail, amplitude horaire, déplacements, aide à la manutention) comme de possibles solutions.

La Défenseure des droits s’inquiète de la situation de l’ASE de la Somme et du Nord

Dans un communiqué publié le matin même des Assises des métiers de l’accompagnement, Claire Hédon, Défenseure des droits a annoncé « se saisir d’office » de la situation des services de l’Aide sociale à l’enfance de la Somme et du Nord qu’elle juge « alarmante ». Une annonce qui a provoqué l’ire de Stéphane Haussoulier qui, dans un autre communiqué, a rappelé que le budget alloué à l’aide à l’enfance avait augmenté de 20 millions d’euros en quatre ans et que 93 millions d’euros seraient mobilisés en 2023. Au-delà de l’aspect financier, le Département assure que tout est mis en place pour exécuter les décisions de justice et accompagner les 2 013 mineurs placés sous sa protection.