Crema Bueno, une success story made in pays de Bray

Depuis plusieurs semaines, c’est la folie médiatique autour de la pâte à tartiner Crema Bueno fabriquée par Léa Chauveau et Alexandre Cousin dans leur laboratoire AraCao de Gournay-en-Bray. Grâce à de nouvelles machines et des recrutements, ils vont passer de 4 000 à 40 000 pots par jour et la gamme va s’enrichir.

Alexandre Cousin et Léa Chauveau, 27 ans, sont les créateurs de la pâte à tartiner à succès Crema Bueno. (Photo I.Boidanghein)
Alexandre Cousin et Léa Chauveau, 27 ans, sont les créateurs de la pâte à tartiner à succès Crema Bueno. (Photo I.Boidanghein)

L’interdiction en Europe de vente de la pâte à tartiner algérienne El Mordjene a changé la vie économique de la marque Léa et Alexandre Artisans, créée à Gournay-en-Bray, par Léa Chauveau et Alexandre Cousin, 27 ans, tous les deux. Lors de notre venue, ils s’apprêtaient à recevoir deux nouvelles machines afin de passer rapidement de 4 000 pots de 200 g produits par jour à 20/25 000 puis à 40/45 000.

La production ne s’arrête jamais

La demande est telle qu’ils ont recruté 10 salariés depuis mi-octobre et 2 embauches supplémentaires étaient en cours. Ce qui devrait porter leur effectif à près de 20 personnes, dont 2 apprentis. Au total, ils ont reçu plusieurs centaines de CV. Car, devant le boom d’activité, la fabrication se fait 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24. « Lorsque nous sommes venus reprendre une boulangerie/pâtisserie à Beauvoir-en-Lyons il y a cinq ans, vous voulions juste faire du bruit localement, raconte Alexandre Cousin, qui a rencontré sa compagne lors de leurs quatre ans d’apprentissage à Rouen. Toute notre aventure avait été filmée durant trois ans par "Le feuilleton des français", émission diffusée sur France 2. L’équipe doit d’ailleurs revenir. Ils s’étaient intéressés à nous car nous avions fait appel à du financement participatif pour acheter du matériel. »

Par la suite, ils ont créé une affaire à Forges-les-Eaux, qui occupe 2 personnes, et ouvert juste en face une chocolaterie baptisée la Cacaotérie, qui emploie une salariée. Le grand public a pu suivre toutes leurs recherches pour trouver les fèves qui correspondaient le plus à leurs attentes grâce aux caméras de France 2 : « Cela fait trois ans que nous nous sommes lancés dans la fabrication de chocolat, raconte t-il, pendant que sa compagne est très occupée au laboratoire. C’est un des
produits les plus consommés par les Français et nous avons de grosses demandes. Beaucoup de professionnels utilisent des galets de chocolat venant principalement de Belgique.
»

Ils ont misé sur le haut de gamme

Or, le couple voulait revenir à la source. Cap donc sur l’Amérique du Sud : « Les plantations se trouvent au Vénézuela en majorité et au Nicaragua, poursuit Alexandre Cousin. Le prix est plus élevé car, grâce à des techniques d’assèchement plus longues, l’acidité et l’amertume du cacao sont détruites. Les fèves sont torréfiées puis transformées dans notre laboratoire AraCao de Gournay-en-Bray. 90 % devient des galets de chocolat pour les professionnels : glaciers, restaurateurs, boulangers/pâtissiers… partout en Europe. Le restant tablettes, oursons, napolitains, ganaches… est vendu au grand public notamment dans la boutique de Forges et aussi sur notre site internet. »

A Gournay-en-Bray, la boulangerie/pâtisserie de centre ville occupe 17 salariés. En début d’année, les locaux de Beauvoir-en-Lyons étant devenus trop petits, l’activité a donc été délocalisée dans un hangar de 600 m2 très discret et aménagé spécifiquement. Il est situé sur la zone industrielle de la Garenne à Gournay-en-Bray, où le couple est arrivé accompagné de trois salariés et de 2 apprentis. Leurs clients apprécient leur gamme de produits alimentaires "dits intermédiaires" vendus en seaux de 2 kilos, 5 kilos et 25 kilos : praliné, pâte de pistache, de noisette et à tartiner. 

Gout à la fois léger et addictif

« Nos produits plaisent car ils sont sans colorants et sans additifs, poursuit Alexandre Cousin, assailli de commandes au téléphone ou par mail. J’avais misé sur la multi-activité pour pérenniser les emplois. La belle histoire du Crema Bueno a débuté car des clients, glaciers et restaurateurs, nous demandaient une pâte à tartiner au même gout que l’intérieur du Kinder Bueno. Nous avons commencé à la produire en février 2023. Suite au battage médiatique autour de l’interdiction de vente d’El Mordjene, que nous espérons pouvoir gouter un jour, nous avons eu des demandes de grandes surfaces pour des pots. Elles en achetaient en seaux. C’est ainsi que depuis le 25 septembre, nous en commercialisons. Tout de suite ça été la folie. Nous avons enregistré plus 900 % de ventes sur octobre. »

Il faut avouer que la pâte à tartiner est onctueuse et le gout à la fois léger et addictif : « Le produit est gourmand et simple de conception tout en étant de très grande qualité, précise t-il. Nous choisissons des noisettes françaises et italiennes de premier choix. Quant à l’huile de palme, elle est certifiée issue de plantations qui sont sans impact sur la déforestation. Le tarif, lui, a été fixé à 2, 95 euros, un prix correct car nous avons beaucoup réduit les intermédiaires. »

Canada, Maroc, La Réunion, Suisse, Espagne… la demande est internationale : « L’entreprise évolue de jour en jour, commente Alexandre Cousin, qui avec sa compagne, ne compte pas ses heures de travail. C’est l’aventure au quotidien. Nous voulons avancer gentiment et rester une entreprise familiale artisanale. Par exemple, nous ne recrutons pas sur des compétences mais sur des valeurs. Nous formons les personnes sur le tas. Elles doivent être polyvalentes. »

Les pieds bien sur terre, Alexandre Cousin prévoit une baisse des ventes à venir : « Ca va continuer de monter et ça va redescendre progressivement », affirme t-il. Toujours en mouvement et créatif, le couple s’apprête à compléter la gamme de pâtes à tartiner avec Crema pistache, Crema fruits rouges et Crema cacahuètes… La success story made in pays de Bray ne fait que commencer…