Création d’un pôle d’excellence ferroviaire régional

Sept ans après sa création, le pôle i-Trans reçoit une nouvelle mission de la Région et de l’Etat : relancer la filière ferroviaire au regard d’enjeux nouveaux qui débordent du Nord-Pas-de-Calais. Objectif efficacité via deux nouveaux comités de pilotage et un poste d’animateur...

Création d’I-Trans Fret !
Création d’I-Trans Fret !
D.R.

Quatre des responsables de projets labellisés i-Trans sont venus à Lille présenter le nouveau Pôle régional et les plus grands projets ferroviaires en cours.

Le 5 décembre, la 16e Conférence permanente du schéma régional de développement économique décidait de confier à trois associations constituant le pôle i-Trans − l’AIF (Association des industries ferroviaires) du Nord-Pas-de-Calais, Transvalley (Technopole du Valenciennois) et Transports terrestres promotion, porteuse d’i-Trans − le soin de réunir tous les acteurs du ferroviaire régional et de coordonner leurs actions. Avec l’appui de l’Etat, la Région a créé une nouvelle structure encadrant leur action sous la forme d’un pôle d’excellence ferroviaire régional.Relancer le ferroviaire dans la région et même en Europe, une mission parlementaire l’avait demandé en insistant sur la nécessité de créer une fois pour toutes une vraie filière d’entreprises. Aujourd’hui, la Région et l’Etat reprennent le dossier autour d’i-Trans. L’enjeu, c’est l’économie et l’emploi de la région, la 3e mondiale en chemin de fer, 10 000 emplois, soit 40% des salariés français de la filière et plus de 200 entreprises.

Les acteurs de la redynamisation. Ils1 ont fait le point à Lille fin décembre avant de recevoir à Valenciennes aujourd’hui, le 11 janvier, deux ministres, MM. Montebourg et Cuvillier, pour le grand rendez-vous avec le pôle ferroviaire européen dont le président d’Alstom, Gilles Kern, prendra la présidence, avec aussi la Commission européenne. Ils ont démontré que l’on ne peut plus penser uniquement rail, mais travailler sur le transport en général et à une échelle nord-européenne.

Diverses structures (et programmes) vont devoir plancher sur l’avenir du rail et des transports. L’association “Transports terrestres promotion Northern France” créée en 1991, membre d’i-Trans en 2005 ; le pôle i-Trans, catalyseur de l’innovation à vocation mondiale avec 165 projets labellisés dont 94 de pure innovation et 57 de recherche (budget de 367,1 M€), puis 13 projets structurants (budget de 630 M€) et 1 projet global de formation. Puis le nouveau pôle lui-même, la plate-forme i-Trans TLM (logistique et transports massifiés) qui devient i-Trans Fret; Cademce, plate-forme d’essais unique au monde de «caractérisation dynamique et environnementale de moyens de captage électrique». Implantée à Amiens, cette plate-forme, labellisée i-Trans en 2009 , permettra entre autres de simuler le déplacement d’un TGV à plus de 600 km/h et d’observer en direct les comportements des caténaires, bandes de captage et pantographes ; Railenium , Institut européen de recherche technologique pour l’infrastructure ferroviaire. Cet IRT, créé en octobre 2012, se veut leader mondial pour la R&D, l’innovation et l’ingénierie de formation en infrastructure ferroviaire et la promotion de la technologie française et européenne.

 

D.R.
Création d’I-Trans Fret !

Qu’est-il demandé par la Région aux acteurs de la filière ferroviaire ? Consolider la structuration des filières industrielles françaises avec la Picardie. Assurer le long terme du ferroviaire régional en s’appuyant sur la feuille de route des trois structures fondatrices du nouveau pôle d’excellence. Et aussi sur la nouvelle Stratégie de la recherche et de l’innovation (SRI) 2014-2020 de la Région. C’est-à-dire monter en puissance au plan économique et emploi via la R&D. Le Pôle doit coordonner les activités des différentes opérations et impulser des opérations communes et cohérentes pour que les entreprises accèdent aux marchés au-delà du Nord. Autour des trois organismes fondateurs du Pôle gravitent nombre de réseaux et de partenaires : l’Etat et la Région, les partenaires sociaux et les organismes de recherche et de formation, les structures d’innovation et de développement économique, et ce, dans tous les domaines du ferroviaire. Il y aura création d’un comité de suivi et de pilotage pour les orientations stratégiques, ainsi que d’un comité opérationnel qui suivra les actions. Un animateur sera recruté et chargé de rédiger la stratégie régionale de cette filière avec les acteurs consultés, puis de recenser les initiatives.

 

1. Yves Ravalard, président de Cademce, Paul Terrien, DG d’i-Trans, Jean-Marie Delbecq, président de Transport terrestre promotion, et Georges Guillaume, président du comité de suivi et de pilotage d’i-Trans.

 

 Naissance d’I-Trans Fret

 Tel est désormais le nom de la plate-forme i-Trans LTM. Six substantifs la portent : innovation, interopérabilité, intermodalité, intégration, intelligence, international. Depuis décembre 2010 à Dunkerque, elle promeut et développe la logistique du fret efficace et durable et du transport massifié dans le nord de la France. Elle a pour nouvelle mission d’accompagner les projets collaboratifs, innovants, de créer un Observatoire des transports massifiés mi-2013 et d’organiser la représentation des acteurs du nord de la France et leurs intérêts auprès des instances françaises et européennes. Il lui fallait monter trois projets collaboratifs par an, elle en est à 21 accompagnés… Le plus gros, “NOSCIFel”, permet à chaque acteur de la chaîne logistique d’échanger des informations et de se situer fonctionnellement, de bénéficier d’une réelle lisibilité sur l’acheminement des marchandises et d’accroître sa compétitivité. I-Trans Fretpeut aussi être partenaire, par exemple dans le projet Weastflows (Interreg), qui renforce le développement de la connectivité durable sur un axe est-ouest rassemblant 22 partenaires européens.

  

Cademce : à toute allure vers un TGV à 600 km/h !

 

Cette plate-forme doit éviter l’usure prématurée de la bande de captage et de réduire les coûts de maintenance. Primordial pour les programmes industriels de R&D appliqués aux sous-ensembles pantographe, bande de captage et caténaire. L’ensemble des essais peut se faire dans des ambiances climatiques réelles assez hostiles : taux d’hygiométrie de 5 à 95%, température ambiante de moins à plus 50° C.

A l’origine du projet, Mersen, fabricant de bandes de captage, demande à l’ESIEE d’Amiens (école d’ingénieurs) d’innover dans la bande de captage électrique au sein des véhicules ferroviaires. Ce qui débouche sur un projet de création d’un banc d’essais correspondant aux besoins du fabricant. Puis sur un autre projet plus généraliste : les bancs d’essais sur l’ensemble du système de captage à très grande vitesse. C’est le projet mondial Cademce qui va tester dès 2014 en réel ces bandes à plus de 400 km/h contre 210 aujourd’hui et en fictif à plus de 600 km/h, avec des intensités électriques très fortes de 2 500 ampères contre 1 200 maximum et des conditions atmosphériques extrêmes. Afin de rassembler tous les acteurs autour de ce projet, un budget d’investissement de 5 240 000 € a été monté autour d’Alstom, de la SNCF, d’ESI groupe, de l’ESIEE d’Amiens, d’i-Trans et de la Caisse des dépôts.

La candidature de Railenium a été déposée en janvier 2001 par le pôle recherche et enseignement supérieur de l’université de Lille Nord de France (avec cinq autres) et acceptée en mai. Avec 500 M€ au service de l’innovation technologique dans les infrastructures technologiques, le financement est public (appui financier des conseils régionaux du Nord-Pas-de-Calais et de Picardie, de quatre communautés d’agglomérationet de RFF), privé (industriels) avec apport de fonds propres. Soit donc 500 M€ sur dix ans (190 en investissement et 310 en fonctionnement sur la R&D et la formation). Et 28 partenaires sont autour de cet Institut de recherche technologique qui a créé une fondation de coopération scientifique et une SAS pour le centre d’essais ferroviaires de 5 km, piste d’essai tramway, manège de fatigue, banc d’essai dynamiques, pôle tertiaire et campus d’excellence.

 

 G. Guillaume : “C’est un vrai projet industriel que l’on a , pas une fantaisie de chercheurs”

 

 Pour i-Trans, les perspectives sur six ans dans le cadre du futur contrat (signé en 2013) portent sur une nouvelle feuille de route sur trois axes de progrès dont l’intégration environnementale, couvrant trois domaines d’activités stratégiques ; intégration des SHS, achèvement prévu en mars 2013. Sur une seconde feuille de route, Développement économique des entreprises à construire, le passage de “l’usine à projets” à “l’usine à produits d’avenir”, l’accompagnement des PME dans l’innovation (Pack transport, label EIP, etc.), collaboration avec les acteurs complémentaires d’autres territoires (grappes d’entreprises) et l’animation du réseau de clusters ferroviaires européens.

 Georges Guillaume fait remarquer qu’il faut dix ans pour la mise en œuvre d’un projet. Du matériel ferroviaire qui sera adapté à une vision futuriste, ça commence à se voir depuis les tout débuts d’i-Trans. Nous avons une vocation internationale mais aussi des attaches très fortes dans la région et le Valenciennois. Pour réussir, il faudra comprendre que les systèmes ferroviaires sont à une autre échelle aujourd’hui. C’est ici que les concepts doivent naître mais profiter ensuite à tous les autres territoires européens. Il y a les infrastructures pour tous les modes de transport, les véhicules et les indispensables nouveaux systèmes de communication. Nous sommes en première ligne pour tout cela à la fois ! Notre stratégie est à dix ans, à 2030 même parfois. Mais, entretemps, la langue française cèdera sa place, c’est vous dire… RFF en a pour 6 milliards d’euros d’infrastructures et de maintenance, notre ingénierie fera baisser les factures. Et c’est à l’échelle européenne qu’il faudra faire ça, nous avons un vrai projet industriel et non une soudaine fantaisie de chercheurs !”

 Contact : au 03 27 19 00 59.