Coup de Pousses ramène de la biodiversité dans les espaces urbains

Il a créé Coup de Pousses en juin 2021 à Margny-lès-Compiègne alors qu'il était encore étudiant. Presque trois ans après, Victor Guilbert, désormais ingénieur, est plus que jamais convaincu de l'importance de la biodiversité et de l'environnement dans lequel nous vivons. Avec la plantation collaborative de mini-forêts urbaines, notre prisme devient vert : Victor Guilbert façonne un paysage qui n'est pas ornemental, mais environnemental. 

Coup de Pousses plantera 7 000 arbres pour la saison 2023/2024, qui s'achève en mars 2024. (c)Coup de Pousses
Coup de Pousses plantera 7 000 arbres pour la saison 2023/2024, qui s'achève en mars 2024. (c)Coup de Pousses

Les hyménoptères, comme les abeilles ou les fourmis, voient leurs populations menacées de disparition de plus de 50%, plus de 30% des espèces d’insectes sont menacées d’extinction, et dans 100 ans, tous les insectes pourraient avoir disparu de la surface de notre planète, notamment à cause de la destruction de leur habitat naturel.* S'ajoute les menaces d’extinction qui pèsent sur les animaux. À l'heure du réchauffement climatique et de la prise de conscience collective sur ce sujet, l'environnement et la biodiversité demeurent des sujets cruciaux.

Si les espaces naturelles restent un refuge de biodiversité et un capteur de CO2, les arbres se font rares dans les villes. Pourtant, ils « apportent déjà un environnement agréable à vivre et ce sont aussi des sources de vie, de biodiversité, explique Victor Guilbert, à la tête de Coup de Pousses. Il faut par ailleurs bien les planter et planter les bonnes espèces. »

Méthode Miyawaki

Cet ingénieur s'adresse aux particuliers mais davantage aux entreprises et aux collectivités. Son objectif ? Replanter des arbres dans les espaces urbains en mal de verdure. Mais la technique utilisée n'est pas n'importe laquelle, c'est la célèbre méthode Miyawaki, du nom du botaniste japonais Akira Miyawaki qui l’a mise au point dans les années 1970. Cette dernière consiste à planter des arbres de façon très dense (trois arbres par m² sur une superficie allant de 150 à 2 000 m²), d'où la comparaison à une mini-forêt, afin qu'un écosystème se crée et vive seul, sans l'intervention de l'homme. Et les effets de cette méthode sont sans appel : « Cet espace est un capteur naturel de CO2, un refuge pour les espèces et une amélioration du cadre de vie, précise Victor Guilbert. La mini-forêt vit seule, c'est un lie de vie incroyable. »

Victor Guilbert, désormais diplômé, se consacre à Coup de Pousses. (c)Coup de Pousses

Une démarche qui séduit de plus en plus : après sa première plantation de 1 260 arbres (sur 420 m²) au cimetière de Margny-lès-Compiègne, Victor Guilbert plante sa conviction dans toute la région, du Pas-de-Calais à la Bretagne. Récemment, il a végétalisé la cour du collège de Corbie (80) en recréant une mini-forêt de 1 200 m² (dont 28 arbres fruitiers et 250 m² de prairie fleurie), grâce au budget participatif du Département de la Somme, obtenu par l'établissement. Si Coup de Pousses a planté 1 400 arbres la première saison, puis 4 500 la seconde, ce sont plus de 7 000 arbres qui seront plantés durant la saison 2023/2024, de novembre à mars... et a embauché son premier CDD.

Technique collaborative et sensibilisation

Victor Guilbert n'est pour autant pas un paysagiste, sa démarche est bien environnementale. « Il y a la dualité action et sensibilisation, précise-t-il. La sensibilisation est au cœur de la démarche. » Collaborative, la plantation d'une mini-forêt est effectuée par les collaborateurs de l'entreprise ou de la collectivité ou encore les enfants d'une école... après une heure d'atelier sur les enjeux de la reforestation ou encore de la transition écologique. « En plantant, on se rend compte et c'est assez simple et agréable, note Victor Guilbert. Combiné à l'atelier de sensibilisation, le message est qu'on rend service à l'environnement et je rencontre de nombreuses personnes convaincues, ce qui est très encourageant. »

Avec Coup de Pousses, on plante soi-même les arbres, de novembre à mars. (c)Coup de Pousses

Convaincu, et tout aussi résilient que les arbres qu'il plante, ce jeune ingénieur a choisi une technique de plantation raisonnée, en décompactant la terre une première fois tout en y ajoutant du compost et du bois broyé. Après deux ans de léger entretien, la mini-forêt devient autonome. « La plantation dense possède un réel impact sur l'environnement, précise-t-il. Sur certains espaces, planter de grands arbres espacés n'a souvent pas d'intérêt. Cette mini-forêt est aussi un bon moyen pour donner de la vie dans le sol. » Il mise surtout sur la résilience de la biodiversité. Les évolutions climatiques ne peuvent être prédites à très long terme, mais Victor Guilbert plante une large variété d'essences locales : des espèces disparaîtront, « d'autres résisteront ». S'il recrée naturellement de la vie, Victor Guibert s'ancre dans la transformation des espaces urbains, des villes mais aussi dans la façon de penser l'environnement, dans lequel nous ne vivons pas sur, mais avec... et grâce à lui.

*étude de Bayo et Wyckhuys. C'est une méta-analyse de 73 études différentes portant sur l’état de la faune entomologique, et parue dans la revue Biological Conservation.