Comment mobiliser les jeunes ?
La période de crise sanitaire actuelle va invariablement impacter l’emploi, des jeunes notamment. Le BTP est bien entendu concerné au premier chef. Plus que jamais, la voie de l’apprentissage reste un passeport pour l’embauche. Les dernières mesures gouvernementales visent à booster l’alternance. Les entreprises et leurs fédérations redoublent d’initiatives pour augmenter leur attractivité. Le point en Grand Est, avec une ouverture sur l’Europe.
En février 2020, la France recensait près de 500 000 apprentis, soit une hausse de 16 % par rapport à l’année précédente. La crise sanitaire du coronavirus est venue bousculer tant de certitudes, rabattant les cartes, donnant des perspectives bien différentes de celles de l’avant Covid. À l’issue de la concertation du 4 juin dernier à l’Élysée avec les partenaires sociaux, la ministre du Travail annonçait des mesures d’urgence temporaires pour inciter le recrutement d’apprentis, via une aide élargie à l’embauche de 8 000 € pour les majeurs entre 18 et 30 ans et de 5 000 € pour les mineurs de moins de 18 ans. Cela suffira t-il à atténuer les prévisions des professionnels craignant une chute de 20 à 40 % des apprentis dans les CFA ? Les données à venir augureront du court, moyen et long terme. Aujourd’hui, le Grand Est forme 3 000 apprentis dans le BTP et ne parvient toujours pas à rattraper le retard de la crise financière. Ils étaient 4 600 voilà 10 ans. La construction régionale révèle toujours son lot d’offres d’apprentissage non pourvues : + de 500. Avec un différentiel significatif : + 15 % d’entrées en apprentissage pour les niveaux BTS, Bac + 3, Bac + 4 et moins 6 % pour les niveaux CAP et Bac pro, là où les besoins en premiers niveaux de qualification et de main-d’œuvre attenante sont importants.
L’apprentissage européen
En Grand Est, le contingent d’apprentis de la construction pèse 12,2 % du total des apprentis, derrière les pôles échanges et gestion (comptabilité, administration, commerce, transport…), transformations (agroalimentaire, transformations chimiques, métallurgie, plasturgie, énergie …), mécanique, électricité, électronique et services aux personnes (santé, social, services aux personnes, hôtellerie-restauration…). Point à observer : le niveau des études des apprentis augmente comme l’attrait pour l’apprentissage des étudiants. Maçonnerie, plomberie, couverture, électricité sont les demandes les plus courantes. Les Travaux publics connaissent un regain. Les apprentis ambitionnant un diplôme d’ingénieur se concentrent dans la filière énergétique. Les métiers dits d’encadrement restent relativement sous-représentés. Cette année si particulière aura permis d’ancrer un dispositif dont le dynamisme ne se dément pas : le projet BTP Mobilité +. Le CCCA-BTP a été une nouvelle fois sélectionné dans le cadre du programme Erasmus + de l’Union européenne. Le consortium piloté par le CCCA-BTP, qui associe 42 centres de formation aux métiers du BTP, permet de financer les stages professionnels à l’étranger de 720 bénéficiaires sur deux ans, grâce à une subvention de 800 000 €. BTP Mobilité + s’étend du 1er octobre 2020 au 30 juin 2022. Depuis 2014, 2 500 apprentis du BTP en ont déjà bénéficié. 85 % des bénéficiaires sont des apprentis préparant un brevet professionnel à composante européenne dans les métiers de maçon, électricien, couvreur, peintre décorateur, carreleur, installateur sanitaire, installeur thermique, serrurier-métallier et des apprentis en formation aux métiers des travaux publics. Les maîtres d’apprentissage et les personnels de CFA composent l’autre versant des bénéficiaires (15 %).
L’apprentissage, la voie d’un vrai choix
La mobilité européenne, en plus d’augmenter l’employabilité des apprentis, est favorisée par la loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel du 5 septembre 2018. Le projet BTP Mobilité + 2020-2022 sera organisé en Allemagne, en Belgique, à Chypre, au Danemark, en Espagne, en Estonie, en Finlande, en Italie, à Malte, au Portugal, en République Tchèque. Cette action de mobilité européenne intègre deux périodes de formation de deux semaines chacune au minimum dans un autre pays européen, sur une période de deux ans. L’entreprise formatrice est associée aux contenus de formation et au processus d’évaluation des acquis d’apprentissage. Cette ouverture, via la formation professionnelle, correspond à plein aux aspirations des nouvelles générations, biberonnées au concept d’un monde sans frontières et à l’immédiateté des échanges planétaires, via les technologies innovantes. En Lorraine ou à l’autre bout de l’Europe, il est un élément, s’avérant immuable. L’apprentissage ne saurait être une voie choisie par dépit par les jeunes. Encore bien trop souvent, la pensée courante et le process éducatif l’associent à une contrainte. La plupart des ruptures de contrats d’apprentissage sont le fait de jeunes mal orientés. Pourtant, l’alternance, entre la formation en entreprise et au CFA, apporte un taux de réussite aux examens de plus de 80 %, permet de trouver un emploi, avec un salaire bien souvent attractif. Avec en sus de belles opportunités de carrières et d’entrepreneuriat.
Le BTP recrute
Voici les 10 métiers les plus en demande d’embauches en France en 2019 dans le secteur de la construction, et leur part dans les recrutements global du BTP. Ouvriers non qualifiés du gros œuvre du bâtiment (15,9 %), maçons (15,7 %), ouvriers non qualifiés du second œuvre du bâtiment (13,0 %). On trouve ensuite plombiers, chauffagistes, ouvriers qualifiés des travaux publics, du béton et de l’extraction, électriciens du bâtiment, menuisiers et ouvriers de l’agencement et de l’isolation, couvreurs, ouvriers qualifiés de la peinture et de la finition du bâtiment, chefs de chantier, conducteurs de travaux (non cadres).