Com’ en coulisses
Examen, entretien d'embauche, conférence, présentation produit…Toute sa vie on passe des oraux. Et si n'est pas Hervé Gougeon qui veut, être un bon communicant ça se travaille. Le 23 août dernier à la Poudrière de Nancy, l’atelier «aisance à l’oral» du centre de formation Meshwork livrait toutes les ficelles pour transmettre son message le plus efficacement possible. Chunks, cycles d’attention et «poses de pouvoir»…Tous les trucs à savoir pour captiver son auditoire.
«Pour être performant à l’oral, trois choses sont indispensables : s’entraîner au préalable, répéter les idées importantes à votre auditoire et maîtriser le temps.» Stéphanie Bourgeois sait de quoi elle parle. Formatrice en renforcement d’équipe pour son organisme Team Enhancer Formation, adepte du théâtre, elle mêle dans ses formations sur l’aisance à l’oral les techniques d’improvisation scénique aux théories appliquées de la psychologie cognitive, comportementale et sociale. Après avoir rappelé les bases indispensables pour se sentir à l’aise (adapter son discours à ses interlocuteurs, connaître son sujet sur le bout des doigts, s’entraîner devant des proches…), place aux détails plus techniques.
Cycles d’attention
Première cible d’attaque : la mémoire à court terme (MCT), qui dure de 2 à 10 secondes. «Dans sa MCT, l’être humain a une capacité de mémorisation d’environ 7 «chunks». 9 dans le meilleur des cas», explique Stéphanie Bourgeois. Quèsaco ? «Le chunk est une unité d’information de n’importe quelle nature : une information donnée durant votre présentation, mais aussi la couleur de vos lunettes, ou même si la porte s’est ouverte pendant que vous parliez !» La conclusion est sans appel : «ça ne sert à rien d’en rajouter. Cinq informations bien énoncées valent mieux que dix à la volée.» Deuxième objectif : faire passer vos informations de la MCT de votre auditoire vers leur mémoire à long terme. Comment ? En répétant plusieurs fois les idées importantes, en structurant sa présentation, mais aussi… en contrôlant son débit de parole. «La vitesse d’élocution a un impact énorme sur la mémorisation : parlez lentement !» L’attention humaine est structurée en cycles d’attention de 7 minutes qui se succèdent. C.Q.F.D. : les messages envoyés doivent tenir en 7 minutes maximum par information importante. «Mais au bout de 20 minutes», avertit Stéphanie Bourgeois, «l’attention chute invariablement. Ne dépassez pas ce délai. Et dans l’ensemble, évitez de dépasser le temps qui vous est imparti. Vous perdez automatiquement des points dans la tête de ceux qui vous écoutent.»
Botte secrète…
Place ensuite à la préparation physique qui précède l’action. «Comme au théâtre, trouvez-vous un rituel pour vous échauffer avant d’entrer en scène», conseille la formatrice, «c’est très important. Comment se sentir à l’aise sinon, même avec une préparation béton ?» Se chauffer la voix, détendre sa mâchoire et les sinus, respirations abdominales… Mais la botte secrète inattendue vient ensuite. «Deux minutes avant votre présentation, adoptez l’une des «poses de pouvoir» de la psychologue américaine Amy Cuddy, de Harvard. Elle a découvert qu’adopter une position de dominant augmente le taux de testostérone de l’organisme.» Se tenir comme Wonder Woman donnerait un sentiment de puissance et de maîtrise des événements. «Cela envoie à votre corps le message que le dominant, c’est vous !» Des attitudes qu’il vaut mieux ranger au vestiaire une fois la présentation commencée. «Ancrez vos deux pieds dans le sol, sentez-vous légitime. Et surtout, ne cachez pas vos mains. Dans l’inconscient, les mains que l’on cache sont celles du menteur.» À bon entendeur…