Entreprise du patrimoine vivant
Collinet la success story familiale
Créée en 1887 à Baudignécourt (55), l’entreprise Collinet spécialisée dans la fabrication de sièges et la création de mobilier haut de gamme pour les professionnels poursuit sa croissance en misant sur la réactivité, la souplesse et le design.
Il est loin le temps où Collinet livrait à Paris des carcasses de sièges. Depuis près de cent quarante ans, le fabricant meusien a su tirer son épingle du jeu et préserver son savoir-faire, mais aussi ses emplois… alors que la filière des meubles en bois a connu plusieurs crises économiques au cours des deux dernières décennies.
En 2007, José Collinet quittait l’entreprise en la laissant entre de bonnes mains... celles de la cinquième génération. Ses trois filles : Virginie, Ophélie et Sylvie ainsi que son gendre, Stéphane Davoli, actuel directeur général se sont inscrits dans la continuité même si une bascule s’est ainsi opérée entre 2000 et 2010 avec un retournement du marché. Aujourd’hui 80 % des contrats sont signés avec les professionnels de l’hôtellerie, de la restauration ou encore les résidences seniors. La conséquence d’un choix stratégique. À l’heure où d’autres mettaient la clef sous la porte, Collinet avait anticipé en se positionnant sur l’hôtellerie. «On a diversifié notre offre pour répondre aux demandes de nos clients qui exigent des solutions globales.» Au-delà de la fabrication historique de sièges, l’entreprise meusienne fabrique et achète des composants pour créer des banquettes, des tables, des chaises, des têtes de lit, des bureaux… Revendiquant son statut d’industriel avec des investissements conséquents dans des machines à commande numérique, la société familiale a la particularité d’avoir sacralisé son savoir-faire manuel. L’usine de fabrication regroupe trois métiers : la fabrication bois, la finition vernis et un atelier de tapisserie. «Plus on avance dans le process et plus les interventions se font manuelles et précises», confie Stéphane Davoli.
Une gamme de 300 références
Entre 2024 et 2025, 1,6 million d’euros va être injecté dans une extension
de 350 m2 pour abriter les nouveaux bureaux de l’équipe administrative et marketing mais également dans la modernisation de l’outil de fabrication en lien avec l’industrie 4.0. La société mise aussi sur la prospection avec des décorateurs pour faire évoluer ses outils marketing. Le site internet est d’ailleurs la vitrine de la marque reconnue auprès des professionnels de l’hôtellerie qui ont la possibilité de télécharger les modèles. Une part non négligeable des investissements est tournée vers la création. Comme pour le prêt-à-porter, les meubles sont soumis à une mode avec des évolutions de forme, de design… «Nos métiers ont évolué : les meubles en merisier ont progressivement disparu pour laisser place aux assises et dossiers en tissus garni», analyse le spécialiste. Et face à la montée en puissance de la concurrence européenne, notamment portugaise, polonaise ou encore italienne, les Français doivent se démarquer en jouant les cartes de la souplesse et de l’adaptabilité. Avec un chiffre d’affaires de 15 millions d’euros en constante progression, Collinet est aujourd’hui limitée par son outil de production. En 2009, un deuxième site de production dédié à la tapisserie a été construit à Toul. À l’intérieur, 15 professionnels s’affairent pour garnir notamment deux produits best-sellers d’un même client. Le choix de Toul n’est pas anodin. «L’objectif était de nous rapprocher de Nancy pour faciliter les embauches.» Dans l’usine meusienne, la direction a fait le choix de «recruter en local en lien avec France Travail.» Une stratégie payante pour un turn-over limité. Avec une large gamme de 300 références et la défense du sur-mesure, la fierté de travailler dans cette entreprise du patrimoine vivant qui revendique une ambiance familiale semble peser.
A.M.