Climat des affaires : des patrons inquiets, gros coup blues dans l’industrie
Le climat des affaires s’est replié en octobre. Les industriels, en particulier, se montrent nettement pessimistes quant aux perspectives d’activité du secteur : leur moral enregistre sa plus forte chute depuis 2008.
Les chefs d’entreprises s’inquiètent. L’incertitude sur la situation économique et sur l’aboutissement du débat budgétaire mine leur moral. L’indice du climat des affaires qui le synthétise s’est dégradé en octobre : il recule d’un point pour s’établir à 97, en deçà de sa moyenne de longue période (100), selon les dernières données de l’Insee. Ce repli est principalement du à la nette perte de confiance des industriels, qui n’a pu être « tout à fait » compensée par la légère amélioration observée dans le secteur des services .
L’industrie traverse une passe difficile
Dans l’industrie, en particulier, l’indicateur du climat des affaires dévisse fortement : il enregistre une chute de sept points et se situe à 92 en octobre, soit la plus forte diminution mensuelle, hors période Covid, depuis « novembre 2008 », pointe l’Insee. « Tous les soldes d’opinion définissant le climat contribuent à sa baisse ». Les dirigeants du secteur sont de moins en moins sereins quant à leur activité. Leurs attentes en matière de production s’affaiblissent, les carnets de commandes se dégarnissent nettement, au plus bas depuis début 2021, et les stocks augmentent.
La plupart des secteurs industriels sont concernés : la fabrication de matériels de transport se démarque par une dégradation du climat des affaires sans précédent depuis fin 2021, plombé notamment par la chute des commandes et des perspectives personnelles de production en berne, en particulier dans l’automobile. En septembre, sur un an, la production automobile a reculé de 12,8%, par rapport au mois précédent, selon les derniers chiffres de l’Institut de statistique.
Les autres filières industrielles affichent un paysage contrasté : l’agroalimentaire stagne tandis que la fabrication de biens d’équipements se contracte. Des inquiétudes sont également tangibles dans le « textile-habillement-cuir » et le « bois-papier-imprimerie ».
Les industriels jugent positivement l’évolution passée de la demande mais les perspectives à court terme s’annoncent plus sombres. « Ils anticipent une forte baisse de la demande, globale comme étrangère, au cours des trois prochains mois », précise l’Insee. Et la situation de leur trésorerie continue de se détériorer.
Moins fréquents, les problèmes de recrutement persistent aussi. En octobre, près de la moitié (45%) des chefs d’entreprise éprouvent des difficultés à trouver les profils recherchés, un chiffre nettement supérieur à la moyenne historique.
Conséquence de leur désarroi, en matière investissements, les industriels font preuve d’une grande prudence. Ils revoient à la baisse leurs prévisions pour 2024 et tablent sur un nouveau fléchissement en 2025, particulièrement marqué dans la fabrication des matériels de transport.
Un regain de confiance dans les services
A rebours de l’industrie, pour le troisième mois consécutif, le moral des dirigeants des entreprises de services s’améliore. L’indicateur du climat des affaires dans ce secteur gagne deux points en octobre (101), retrouvant ainsi son niveau de juin dernier. Les patrons des services sont plus confiants quant à leurs perspectives d’activité, revues à la hausse pour les trois prochains mois, tout en restant attentifs à l’évolution de l’environnement économique.
Sans surprise, le secteur immobilier reste morose, avec un fléchissement prévu des effectifs et des perspectives générales mal orientées, malgré une activité passée soutenue. Les perspectives s’assombrissent aussi dans le transport routier de marchandises. En revanche, l’hôtellerie-restauration, après les JOP 2024, et les services scientifiques et techniques retrouvent des couleurs avec des anticipations plus favorables.
Le climat de l’emploi se dégrade
Autre signal faible, globalement les entreprises se montrent aussi moins assurées quant à l’évolution de leurs effectifs. Le climat de l’emploi se détériore avec un indicateur dédié en baisse de deux points, à 97, principalement en raison de la prudence des services en matière d’embauche.
« La politique budgétaire plus restrictive en 2025 va peser nettement sur l’activité, et la situation du secteur industriel devient très difficile et l’effondrement du climat des affaires en octobre doit être considéré comme un signal d’alarme, alerte Charlotte de Montpellier, économiste chez ING, dans une note publiée le 24 octobre.
AÏcha BAGHDAD et B.L