Cléodis surfe sur la croissance du marché pour diversifier son offre
Le spécialiste lillois de la location de biens d’équipement aux professionnels, profitant du succès du marché du leasing, restructure son offre, renforce sa présence auprès des particuliers et se diversifie dans l’occasion. Rencontre avec son cofondateur, Jérôme Loison.
Parcs informatiques, logiciels, équipements multimédia … Cléodis loue à 95% des biens d’équipements technologiques auprès des pro, mais pas que. L’entreprise intervient aussi sur des valises de diagnostic automobile chez Midas ou des meuleuses de verres optiques chez Optic 2000. Avec ses dix salariés, l’entreprise dégage 6 M€ de chiffre d’affaires en France et en Belgique grâce à ses quatre métiers : le commercial, le technologique pour faciliter la souscription des contrats, la gestion des abonnements (avec prise de commandes auprès des fournisseurs, hotline client, maintenance, revente des biens d’équipements) et le service recouvrement.
Une réponse aux besoins de trésorerie
Le succès de marché du leasing professionnel ne se dément pas. En progression depuis les années 1970, il est né d’abord avec la location de parcs informatiques, puis s’est développé avec la location de voitures. C’est le modèle de l’économie de la fonctionnalité qui s’appuie sur la vente de l’usage d’un bien ou d’un service et non du bien lui-même. «Cela concerne essentiellement des produits avec un cycle d’usage qui nécessite un renouvellement régulier en fonction de l’utilisation, avec beaucoup de services autour, comme l’installation, la maintenance, la hotline», précise Jérôme Loison. L’intérêt pour le client est d’avoir en permanence, en échange d’un loyer mensuel, une tablette, un téléphone, un appareil médical au top de la technologie toujours en état de marche car changé très régulièrement. Et en période de crise, c’est d’autant plus apprécié par les entreprises en manque de trésorerie. Les dépenses sont étalées sur plusieurs années. Elles peuvent alors réorienter leurs investissements stratégiques dans les ressources immatérielles (développement des compétences des salariés, management coopératif…), «et répondre aux impératifs du moment comme, actuellement, équiper leurs collaborateurs en ordinateurs portables pour le télétravail», souligne le cofondateur.
Test chez Decathlon
En 2020, Cléodis a refondu son offre pour mieux accompagner ses clients professionnels : «Nous la construisons en déterminant le service, la durée de location, le montant du loyer, et assurons la commande des biens d’équipement auprès des fournisseurs.» Cléodis est en mesure de la déployer auprès de tous les franchisés ou magasins d’un groupe, et gère ensuite l’offre de l’usage (financement, paiement, aléas des contrats). L’entreprise attaque également le marché des particuliers en leur proposant des contrats de location de systèmes d’alarme chez Leroy Merlin. Et la nouveauté, c’est la location de vélos d’enfant, en test actuellement chez Btwin Decathlon à Lille, avec la possibilité pour le client final de changer régulièrement de bicyclette durant le contrat pour s’adapter à la croissance de l’enfant. L’entreprise, à terme, souhaite être aussi présente sur le marché médical (électrocardiogramme …) et les biens d’équipements industriels.
Marché de l’occasion
Mais l’économie de la fonctionnalité peut aller plus loin. Jérôme Loison souhaite ainsi intégrer Rcube, la Fédération du réemploi et de la réparation, pour peser dans le débat du réemploie des biens : «Il s’agit de travailler sur les nouvelles normes de durabilité des équipements, en lien avec la ministre de l’Environnement Barbara Pompili, qui prépare une loi pour 2021.» L’objectif est d’augmenter leur longévité et de revoir la structure des contrats de location de ces biens qui ne rentrent pas dans les normes du crédit bancaire classique. «Nous prônons un accès et une sortie facile du crédit.» Et en interne, Cléodis mène une réflexion pour arrêter de revendre les biens d’équipement arrivés en fin de contrat de location. Il s’agirait de les garder pour les relouer et leur donner une deuxième vie. «Depuis quelques années, le changement de regard sur l’occasion aide au développement de ce marché. Cette démarche permettrait d’améliorer le cycle de vie des produits et leur empreinte écologique», conclut Jérôme Loison.