Finance solidaire

Cigales Hauts-de-France : quand la finance se met au service du territoire et de ses habitants

Crée en 1989, l’association Cigales Hauts-de-France est une composante de la finance solidaire. La structure souhaite se développer sur l’ensemble de la région et notamment à Amiens. Des liens ont d’ailleurs été noués avec la Machinerie et le Pôle territorial de coopération économique (PTCE) d’Amiens Métropole afin de créer un écosystème dédié à la finance solidaire.

Antoine Roland, Yann Joseau et Françoise Raverdy. ©Aletheia Press/ D. La Phung
Antoine Roland, Yann Joseau et Françoise Raverdy. ©Aletheia Press/ D. La Phung

« Cigales est un mouvement de citoyens investisseurs qui vont accompagner financièrement des projets locaux », résume Antoine Roland, chargé de développement au sein de l’association régionale du Club d’investisseurs pour une gestion alternative et locale de l’épargne solidaire (Cigales) Hauts-de-France. Depuis un an, la structure a noué des liens avec l’écosystème amiénois, dont la Machinerie et le PTCE d’Amiens Métropole. « Aujourd’hui, il s’agit de présenter le mouvement Cigales, mais aussi nos deux partenaires que sont la NEF et Autonomie et Solidarité [ndlr, une banque et une société de capital risque, toutes deux engagées dans des projets à dimension sociale et sociétale] », précise-t-il.

L’association régionale, forte de 300 membres, compte actuellement 24 clubs d’investisseurs. En 2022, ces derniers ont financé 21 entreprises pour un montant global de 59 100 euros. « En 2022, nous avons aussi accompagné la création d’un club Cigales à Coucy-le-Château dans l’Aine et à Beauvais dans l’Oise. Cette année, nous travaillons sur une initiative à Amiens », explique Françoise Raverdy, co-présidente de l’association régionale Cigales et gérante d’un club Cigales dans la Métropole lilloise.

Depuis 30 ans, en Hauts-de-France, les 189 clubs Cigales ont investi plus de 2 millions d’euros dans 520 entreprises. ©Aletheia Press/ D. La Phung

Composé d’une vingtaine de membres, chaque regroupement se constitue une cagnotte grâce à l’épargne mensuelle de ses adhérents, une somme qui peut aller de 8 à 500 euros par mois. Le club peut ensuite partir en quête de projets à soutenir. « Nous nous inscrivons pleinement dans la finance solidaire, qui est le circuit court de l’argent, résume Antoine Roland avant de poursuivre : Nous entretenons des liens étroits avec des partenaires installés sur le territoire comme BGE, France Active qui peuvent faire le lien entre un porteur de projet et un club. Le premier critère pour nous, c’est le local. Le 2e, c’est la place de l’humain », dit-il.

Encadrée par une charte nationale, l’action des clubs Cigales a vocation à développer une pratique différente de l’utilisation d’un capital, gérer l’épargne des membres de manière transparente, collective et démocratique ou encore à donner la priorité à des entrepreneurs dont le projet porte des buts environnementaux, sociaux et sociétaux. « Chaque club est indépendant et peut avoir sa propre grille de critère, mais nous partageons tous les mêmes valeurs », pointe Antoine Roland. Le soutien d’un club Cigales peut aller de 1 000 à 15 000 euros.

Un accompagnement long

Une fois le porteur de projet identifié, celui-ci vient pitcher devant l’ensemble des membres d’un club, qui décident de le suivre ou non dans son aventure entrepreneuriale. « Nous entrons au capital de l’entreprise pour une durée de 5 ans. À l’issue de cette période, nous demandons au gérant de nous racheter nos parts. Nous venons vraiment en amorçage alors que la NEF et Autonomie et Solidarité peuvent apporter des financements plus importants » détaille Françoise Raverdy.

Outre le financement, un parrain ou une marraine, membre du club Cigales accompagne l’entrepreneur pour suivre l’évolution de son projet. « Nous avons des profils très variés, c’est un précieux pôle de compétence qui vient en appui de l’entrepreneur, c’est une expérience très riche pour tout le monde », conclut la co-présidente.