Choisir l’apprentissage et l’alternance pour se construire une carrière durable
Alors que les Hauts-de-France affichent un des taux de chômage les plus élevés et atteint des records pour les jeunes élevés – 32,3% pour les 15-24 ans1 –, l’AFPI lance un appel : 465 postes sont à pourvoir pour l’année à venir et, à fin décembre 2016, 36 entreprises étaient toujours à la recherche d’un candidat.
«Nous avons des offres à pourvoir mais aucun candidat», déplore Patrick Colin, directeur général AFPI formation et AFPI alternance. Un malheureux constat qui perdure malgré les efforts de communication de la Région et des structures de formation. «Tous les ans, des offres sont insatisfaites, des métiers sont en tension comme la chaudronnerie, la tuyauterie, l’usinage… Au 31 décembre 2016, 36 entreprises attendaient encore un candidat. Elles ne prennent plus de commandes parce qu’elles n’ont pas les ressources ! Naturellement, les jeunes vont dans l’électrotechnique ou la maintenance. On retient de l’industrie l’image d’entreprises qui ferment alors qu’elles créent des emplois et ont d’importants besoins en raison d’une pyramide des âges catastrophique», poursuit-il. Consciente du rôle qu’elle joue dans la professionnalisation des jeunes, l’AFPI s’est lancée dans un programme d’investissement d’envergure, porté par des fonds privés, des aides du Conseil régional et de l’Etat, de la Caisse des dépôts et consignations : baptisé «Usine du futur», ce plan pluriannuel veut casser les codes et prouver que l’industrie n’a plus l’image vieillissante et pénible qui lui colle à la peau. «Certes, il y a encore de l’usinage conventionnel, mais aujourd’hui les commandes sont numériques, les salariés doivent collaborer avec des éléments robotisés. Nous voulons que les jeunes soient acclimatés.» L’AFPI va dont investir dans la cobotique (la robotique collaborative, ndlr), la fabrication 3D, les dispositifs de réalité augmentée… Mais aussi dans la refonte de ses cinq centres de la région (Hénin-Beaumont, Valenciennes, Boulogne-sur-Mer, Lille et Dunkerque), avec un centre de formation modernisé à Boulogne-sur-Mer et à Marcq-en-Barœul, une ouverture l’été dernier à Hénin-Beaumont (6 M€ d’investissement), la reconstruction et la modernisation du centre de Valenciennes (3,5 M€). Tout en multipliant les journées portes ouvertes, avec un prochain rendez-vous le 15 mars dans les cinq centres des Hauts-de-France. «Nous ne pouvons plus former les jeunes dans d’anciens locaux. Aujourd’hui nous formons de façon conventionnelle, mais nous avons envie de moderniser les méthodes», précise Patrick Colin, en s’appuyant sur le «diplôme +» qui permettrait d’adapter le programme aux besoins des entreprises locales, ou bien en ajoutant une Seconde professionnelle de différenciation où, pendant une année, le jeune peut choisir son cursus en fonction de ses différents stages.
Communiquer et informer. «Comme l’AFPI est sous tutelle de l’Education nationale, nous devons suivre un référentiel, nous ne pouvons donc pas modifier les programmes pour l’instant. Il y a eu un déficit de communication pendant plusieurs années et il faut du temps pour combattre les préjugés même s’il y a d’importants progrès. Aujourd’hui, un jeune formé en alternance a une carrière devant lui. On ne fait pas de l’apprentissage par défaut mais par choix.» Si l’apprentissage a souvent été associé à des métiers de CAP, il forme aujourd’hui au bac professionnel, au BTS, à la licence, mais aussi aux écoles de commerce. En 2016, 850 jeunes ont été formés en région grâce à un partenariat avec 500 entreprises. Reste à séduire les jeunes filles – à peine une trentaine en 2016… –, qui, bien que peu nombreuses, semblent de «très bonnes ambassadrices de l’apprentissage» selon Patrick Colin, non sans rappeler qu’aujourd’hui les efforts physiques de certains métiers ont été réduits. «75% des jeunes en CAP poursuivent vers un bac puis un BTS et 25% d’entre eux, dans des études supérieures», détaille Patrick Colin. Des chiffres encourageants qui sont à la fois le fruit de la motivation des jeunes et de la confiance que leur accordent les entreprises.
1. Source : Insee, taux de chômage localisés, enquête emploi DOM.