Chili : Sebastian Piñera, un ancien président au second mandat mouvementé

L'ancien président du Chili Sebastian Piñera, décédé mardi à l'âge de 74 ans dans un accident d'hélicoptère, avait été contesté à la fin de son second mandat, marquée par des troubles sociaux, une crise économique...

Le président chilien Sebastian Pinera lors d'une conférence de presse le 4 octobre 2021 à Santiago © JAVIER TORRES
Le président chilien Sebastian Pinera lors d'une conférence de presse le 4 octobre 2021 à Santiago © JAVIER TORRES

L'ancien président du Chili Sebastian Piñera, décédé mardi à l'âge de 74 ans dans un accident d'hélicoptère, avait été contesté à la fin de son second mandat, marquée par des troubles sociaux, une crise économique et sanitaire et une procédure de destitution.

"C'est avec un profond regret que nous annonçons le décès de l'ancien président de la République du Chili, Sebastian Piñera Echeñique", a annoncé son bureau dans un communiqué. 

Trois autres personnes qui se trouvaient avec lui dans l'hélicoptère ont survécu à l'accident, selon la même source. 

L'ancien président, riche homme d'affaires qui se déplaçait souvent dans son propre hélicoptère, a été le premier dirigeant de droite à être élu après la dictature d'Augusto Pinochet (1973-1990).

"Il recevra tous les honneurs républicains et la reconnaissance qu'il mérite", a déclaré la ministre de l'Intérieur Carolina Tohá, du gouvernement du président de gauche Gabriel Boric, dès l'annonce de la nouvelle.

L'ancien chef de l'Etat avait exercé deux mandats non consécutifs, entre 2010 et 2014, puis entre 2018 et 2022. Son deuxième mandat avait été particulièrement mouvementé : contestation sociale sans précédent contre les inégalités sociales, gestion de la pandémie de Covid-19, puis procédure de destitution.

Déjà affaibli par sa gestion de la crise sociale fin 2019, il avait vu sa présidence entachée en 2021 par une procédure de destitution déclenchée après des révélations des "Pandora Papers", une enquête du Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ) où il était cité pour des soupçons de corruption.

L'enquête mettait en évidence un possible conflit d'intérêt dans la vente en 2010 d'une compagnie minière réalisée dans un paradis fiscal.

Le Sénat avait cependant voté contre sa destitution, mettant un terme à la procédure approuvée une semaine plus tôt par la Chambre des députés.

En 2010, cet économiste formé à Harvard et qui possédait l'une des plus grosses fortunes du Chili était parvenu à convaincre que son succès en affaires pouvait être un atout pour le Chili.

L'ancien propriétaire de la compagnie aérienne nationale Latam, d'une chaîne de télévision et d'un club de football avait toutefois mis du temps, une fois entamé son premier mandat, à renoncer à ses actions dans ces sociétés.

Mélange des genres

C'est ce mélange des genres entre politique et économie qui l'avait jeté dans la tourmente. 

En 2010, la compagnie minière Dominga, détenue par ses enfants, avait été vendue à l'homme d'affaires Carlos Alberto Délano, un de ses proches, pour 152 millions de dollars, une transaction opérée aux îles Vierges britanniques.

Or le paiement de la transaction contenait une clause qui subordonnait le dernier versement au non établissement d'une zone de protection environnementale dans le périmètre de la mine. Aucune zone n'a jamais été mise en place par les autorités et le paiement a été effectué.

Sebastian Piñera, qui avait réussi en 2010 à faire revenir au pouvoir une droite rénovée, débarrassée de l'héritage de la dictature d'Augusto Pinochet (1973-1990), avait pâti en outre pâti de sa gestion de la révolte sociale de 2019. 

Alors que le chef de l'Etat symbolisait la trinité à l'origine de la fracture entre population et dirigeants au Chili - pouvoir économique, politique et institutionnel - il avait multiplié les erreurs de communication, adoptant un ton martial et déployant les militaires dans la rue. 

Signe de la déconnexion des élites dénoncée par les manifestants, il avait qualifié le Chili peu avant la crise d'"oasis" en Amérique latine pour son économie robuste et sa stabilité politique.

Deux jours après le début de la fronde, au moment où Santiago était à feu et à sang, il savourait une pizza dans un restaurant huppé de la capitale. L'image, dévastatrice, avait fait le tour du pays. 

bur-jb/sf/mm  

34HR8ZT