Chez Equinox, on est inoxydable à tout âge
Bernard Devin, le patron d’Equinox à Willems, est un homme aux multiples facettes. Jusque dans ses choix de recrutement, puisqu’il préfère embaucher des salariés en reconversion plutôt que des jeunes diplômés…
«A un moment donné, j’ai eu un problème», raconte Bernard Devin, patron d’Equinox, une entreprise située à Willems et spécialisée dans la conception, la fabrication et l’installation d’équipements inoxydables pour l’industrie agroalimentaire, pharmaceutique, cosmétique et chimique. La PME travaille notamment pour L’Oréal, Roquette ou encore Lesaffre.
«En 2019, j’ai été confronté à plusieurs départs en retraite et en même temps à une suractivité.» Une situation préoccupante pour une structure de vingt salariés. «J’ai donc recruté cinq personnes», explique-t-il, soit tout de même un quart de son effectif. Il s’est d’abord orienté vers les écoles et les centres de formation. Mais il a fait chou blanc…
«Un bon soudeur, c’est très rare»
Quid des candidats plus âgés ? «Un chaudronnier de 40 ans, ça n’existe pas, déplore Bernard Devin. On a eu un déficit de formation dans l’Education nationale, il y a une vingtaine d’années. Heureusement, depuis le tir a été rectifié ! Un bon soudeur, c’est très rare. Et ils préfèrent se faire embaucher dans des grosses boîtes comme Dassault, Bombardier ou Alstom. C’est quoi Equinox pour eux ?» L’entreprise est pourtant reconnue internationalement pour son savoir-faire en matière de chaudronnerie fine, et affiche un chiffre d’affaires de 2 millions d’euros par an. «On ne fait pas de travail en série, confirme le patron. On est un peu le mouton à cinq pattes. On a un bureau d’études, on conçoit tous les plans et on va poser sur mesure chez nos clients.»
Bernard Devin a fini par trouver une autre solution : «Je me suis intéressé au dispositif de reconversion de Pôle emploi.» Il faut dire que changer de métier, ça lui parle au Tourquennois. Un Bac biologie en poche, le jeune Bernard a suivi une formation professionnelle chez Renault automation à Denain. Il a ensuite été électricien chez Thibault, dans la maintenance chez Damart, pour finir directeur opérationnel à l’Inserm. Sans oublier les postes de directeur adjoint de production dans les chaussettes et de responsable de la digitalisation de brevets européens, et tout cela en suivant huit ans de cours du soir pour décrocher un diplôme d’ingénieur en génie civil à l’Ecole centrale de Lille.
«Un métier, certes reconverti, mais choisi»
En 2019, Bernard Devin n’a donc pas hésité à recruter des salariés en pleine reconversion. Un maître-chien, un imprimeur, un secrétaire médical, un pâtissier et un tireur d’élite ont ainsi rejoint Equinox. «Ce que j’aimais bien, c’est que ce sont des gens de deuxième vie, explique-t-il. Ils avaient eu une expérience avant.» Leur avantage par rapport à des jeunes diplômés ? «Les reconvertis sont installés dans la vie. Leur motivation et leur mentalité ne sont pas identiques à celles de quelqu’un qui sort juste de l’école et qui est encore chez papa et maman. Pour eux, c’est un métier, certes reconverti, mais choisi.»
Un gros effort doit tout de même être fourni par l’entreprise. «Il faut les suivre», confirme Bernard Devin. «Leur donner le travail en fonction de leur progression, leur mettre une sorte de tuteur... C’est beaucoup d’énergie et de temps passé.» Mais le résultat est là, avec un seul échec. Et à l’arrivée, quatre nouveaux chemins, comme pour faire une soudure dans une vie parfois déchirée.